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le siége de Nantes et qu'ils retournent dans leur pays, rassemblés de manière qu'il faudrait commencer par les battre, avant de pouvoir faire une jonction avec vous.

» Notre marche sur Saumur pourra seconder le mouvement que vous projetez sur Parthenay, et sur Fontenay.

>> Nous pensons unanimement que si les rebelles ont négligé de garder le pont de Gé, nous devons le plus tôt possible nous en emparer, ou en rompre partie, pour rendre leur retraite plus difficile; au reste nous attendrons vos ordres. >>>

§ V. Influence du fédéralisme en Bretagne et en Normandie. ́Décret du 26 prononçant la destitution du général Wimpffen.

Influence du fédéralisme (1).

er

Les séances de la Convention de 31 mai, 1o. et 2 juin, avaient jeté les plus vives inquiétudes dans la Bretagne et la Normandie. Les représentans Merlin et Gillet en informèrent le comité de salut public, le 3 juin.

« On croit, disaient-ils, que la Convention est dominée par un parti tout-puissant qui ne lui laisse pluș la liberté de délibérer; que la sûreté des députés est compromise, et qu'elle est menacée d'une dissolution prochaine. A Vannes, nous avons

(1) On est convenu de donner ce nom à un vaste plan dont les chefs avaient peut-être seuls le secret.

vu les patriotes consternés et presque découragés à la lecture des journaux et de plusieurs lettres de députés. Les esprits inquiets et abattus semblaient attendre de nous des éclaircissemens et des consolations; nous avons fait nos efforts pour les rassurer et leur inspirer de la confiance; mais n'ayant reçu nous-mêmes aucune lettre ni aacun renseignement sur les derniers événemens, nous n'avons pu répondre aux faits alarmans consignés dans les journaux, qu'en attestant ce que nous savons par expérience, qui est que les faits sont presque toujours exagérés ou travestis par des journalistes perfides et contre-révolutionnaires.

» Arrivés à Lorient où l'esprit public est excellent, où le patriotisme règne dans toute sa pureté, on nous a témoigné les mêmes inquiétudes. Comment se peut-il, dit-on, qu'au lieu de s'occuper de la constitution, qu'au lieu d'éteindre le feu de la guerre civile et de prendre des moyens de repousser l'ennemi extérieur qui envahit nos frontières, la Convention nationale, foulant aux pieds tous ses devoirs, consume le temps qu'elle doit à la patrie en de vaines querelles qui font perpétuellement de ses séances une arène de gladiateurs? Et si les représentans du peuple ne sont pas respectés, s'ils sont au contraire insultés jusque dans le temple des lois, comment les magistrats parviendront-ils à se faire respecter eux-mêmes, lorsqu'ils parlent au nom de la loi ?

>> Telles sont, citoyens nos collègues, les plain

tes et les alarmes qui chaque jour frappent nos oreilles. Nous sommes persuadés que les faits qui y donnent lieu sont exagérés ; mais il importe de nous mettre à même de les contredire. Nous avons été jusqu'ici dans un dénûment absolu de nouvelles.

» Dans le département du Finistère, les alarmes paraissent encore plus vives. Nous avons appris que ce département a nommé des commissaires pour engager les autres départemens à en nommer de leur part. Ces commissaires devaient s'assembler dans un lieu central pour aviser aux moyens de sauver la patrie. Il est question de lever des troupes et de marcher avec une armée sur Paris. Vous sentez quelles peuvent être les conséquences d'une semblable mesure. Veuillez nous instruire promptement sur les derniers événe

mens. >>

Cependant l'administration du Morbihan avait pris, les 2 et 3 juin, des arrêtés conformes à la demande de l'administration du Finistère; elle les adressa aux représentans Merlin et Gillet qui lui en accusèrent réception le 8, en déclarant qu'ils déploraient, comme les administrateurs, les désordres des derniers jours de mai; mais, ajoutaient-ils, tout semble calmé, et Vergniaud lui-même a demandé que les sections de Paris fussent déclarées avoir bien mérité de la patrie dans cette circonstance. « Nous pensons qu'il est prudent d'attendre les renseignemens demandés au

comité de salut public, avant de songer à prendre des mesures extraordinaires. >>

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Le 12, les mêmes députés écrivirent au comité de salut public « Nous vous avons déjà donné connaissance de la sensation qu'ont produite dans ce pays les derniers événemens qui se sont passés à Paris. L'arrestation de trente-deux députés, parmi lesquels il s'en trouve quatre de la ci-devant Bretagne, a mis le comble au mécontentement qui aujourd'hui est général. On regarde ce décret comme l'effet de la violence, et nous sommes instruits qu'on ne le reconnaît pas comme un acte législatif ; qu'on discute même la question de savoir si on reconnaîtra aucun décret, jusqu'à ce que la liberté ait été rendue aux députés. Une assemblée est en ce moment formée à Rennes pour délibérer sur ces événemens et pour aviser aux moyens de sauver la patrie. Une force s'organise dans chaque département pour se rendre à Paris, à l'effet de protéger la liberté des suffrages dans le sein de la Convention nationale, et veiller à la sûreté des représentans. Nous ignorons quel sera le résultat de cette assemblée; cependant les esprits paraissent fortement prononcés en faveur de la liberté et de l'égalité; mais on abhorre Marat, et, par une méprise bien funeste, on confond avec lui tous les membres qui siégent à la Montagne, sous prétexte qu'ils sont ses partisans. Il nous semblerait donc facile de prévenir les suites que peut avoir cette mesure extraordinaire, si la

Convention s'occupait sans retard de la constitution (1). Il importe infiniment qu'elle tienne l'engagement qu'elle a pris de la terminer dans un délai très-court. Mais ce qui paraît plus certain encore, c'est que les départemens vont déclarer qu'ils ne reconnaissent plus l'autorité des représentans envoyés près des armées, voulant qu'ils retournent à leurs postes. Plusieurs départemens ont déjà émis leur opinion à cet égard. Cela ne nous a pas empêchés de recevoir beaucoup de témoignages de confiance de la part des corps administratifs et des citoyens, notamment dans le département du Morbihan; mais si l'assemblée séante à Rennes exprime cette opinion, notre mission devient impossible à remplir, puisque le succès dépend de la confiance. Nous vous le répétons, il nous paraît instant que la Convention nationale fixe son attention sur les mouvemens qui se préparent dans les départemens.

Ne recevant aucune réponse du comité de salut public, ils se déterminèrent à prendre l'arrêté suivant, le 14 juin :

« Considérant que nous serions les mandataires les plus infidèles et les plus criminels, si nous laissions ignorer à la Convention nationale les maux dont la France est menacée par l'effet désastreux qu'ont produits, dans les départemens de la

(1) La constitution fut décrétée le 24 juin, le ministre en annonça l'envoi aux armées le 7 juillet suivant.

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