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concerter avec eux sur ses opérations ultérieures. Il arriva en effet le 25, et le 26 les représentans Niou, Goupilleau et le général Dayat, écrivirent à Boulard la lettre suivante :

<< Il paraît que le dessein de Beysser est de s'emparer de Noirmoutier, ce qui l'oblige d'y porter toutes ses forces, et de dégarnir par conséquent les postes de Challans et de la Garnache qu'il occupait : voilà pourquoi vous ne pouvez plus compter dans ce moment sur les secours que vous attendiez de lui pour l'attaque de Palluau. Baudry, d'après votre ordre, se portera à Challans, garnira les postes évacués par Beysser, et gardera en même temps le poste de Vairé. Nous croyons qu'avec des troupes aussi bien tenues, et qui ont autant de valeur que celles que vous commandez, vous pouvez tenter seul une expédition sur Palluau. Goupilleau se rendra auprès de vous demain tout nous fait présager un heureux succès. Au surplus, ce n'est point là un ordre que nous vous donnons, nous en sommes bien éloignés; ce sont seulement nos idées que nous vous communiquons et que nous soumettons à votre sagesse, dans laquelle nous avons la plus grande confiance. »

Cette lettre laissait Boulard dans un singulier embarras. Ce n'était point un ordre, et cependant le général Dayat, son supérieur, qui se trouvait obligé de repartir sur-le-champ pour Fontenay, l'avait signée avec les représentans réunis aux Sa

bles. Boulard ayant disposé de la troupe de Baudry pour seconder les opérations de Beysser sur la ligne de Challans, se trouvait réduit à sa faible division le moindre revers pouvait lui être imputé. Il était loin de juger la situation du pays avec la même légèreté que Beysser et ses officiers, qui, n'ayant encore éprouvé aucune difficulté sérieuse dans leur marche, prétendaient qu'avec des postes de cent cinquante hommes on pouvait contenir les rebelles.

Le 26, Beysser lui faisait connaître sa position à Machecoul, et les différens postes qu'il avait établis. Cent hommes étaient au Port-Saint-Père, cent à Bourgneuf, et huit cents, avec cinquante hommes à cheval, occupaient Saint-Philbert: il l'invitait ensuite à se porter de la Mothe-Achard sur Beaulieu, Aizenay, la Chapelle, Palluau et Legé. « Votre colonne marchant ainsi, ajoutait-il, vous pourrez laisser un détachement dans chacun de ces postes, envoyer trois cents hommes à SaintÉtienne-de-Corcoué, et vous replier sur moi avec au moins douze cents hommes. Cette réunion faite, et nos postes garnis, nous pourrons entreprendre la grande expédition de Noirmoutier. »

Si Boulard, qui déjà avait jugé qu'il fallait trente mille hommes pour soumettre la basse Vendée, fut étonné à la lecture de cette lettre, il fut bien plus surpris encore en recevant le lendemain celle que lui écrivit, de Challans, l'adjudant général Boisguyon.

Beysser, disait cet officier, apprendra avec douleur la lenteur qu'éprouve le départ des différens détachemens sur les points qu'il indiquait comme nécessaires à garnir. Il n'est point question d'attaque, de résistance, ni d'obstacle d'aucun genre; il ne s'agit que d'aller en avant, et d'enfoncer des portes ouvertes. Beysser n'a en tout que deux mille hommes, et depuis huit jours nous faisons la besogne de vingt mille : tout est soumis autour de nous. Pour peu que nous soyons secondés, nous en ferons encore plus; et nous remplirons notre mission complètement quand même nous ne le serions pas. Mais avec des troupes comme les vôtres, avec des bataillons de Bordelais, on entreprendrait la conquête du monde et nous comptons sur eux. Au nom de la république, plus de délai, plus de lenteur. Beysser m'a envoyé ici pour reconnaître Beauvoir, Bouin et la Barre-de-Mont. Je pars demain matin pour cette opération, avec quatre cavaliers qui m'ont amené ici. »

Tant de présomption présageait quelque revers. Cependant Boulard faisait éclairer la route de Beaulieu. Le 26, une patrouille de dix cavaliers rencontra, près le village des Moulières, un poste de quatre-vingts Vendéens qui prirent la fuite à leur approche; mais, le lendemain, une patrouille de gendarmerie y fut surprise: un gendarme y périt, un autre fut fait prisonnier.

L'arrivée du représentant Goupilleau à la

TOME 1.

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Mothe-Achard détermina Boulard à se mettre en marche. Aussitôt qu'on en fut instruit aux Sables, l'inquiétude recommença. Le commissaire Gaudin, qui remplaçait Niou parti pour Rochefort, écrivit le 28 à Boulard: «Vous avez raison de croire que je vous ferai des observations sur la faiblesse de ma garnison. Il ne faut plus compter sur les volontaires du district de Challans, des cantons de Beaulieu, la Mothe-Achard, Palluau, etc., qui veulent à toute force partir pour défendre leurs foyers, ce qui est juste; mais il ne me restera pas cinq cents hommes de garnison. Vous me dites que je suis couvert par votre armée et celle de Luçon ; cependant il existe des attroupemens nombreux aux Clouzeaux, la Roche-surYon, Aubigny, etc., etc. : la ville des Sables peut être escaladée la nuit et emportée d'emblée. Songez que si la ville des Sables était prise, l'ennemi y trouverait des munitions immenses de toute espèce, et qu'enfin notre armée et le département seraient perdus.

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De son côté, Beysser mandait à Boulard qu'il lui était impossible de rien changer à sa marche. « La chose publique, ajoutait-il, exige que l'île de Noirmoutier rentre dans l'ordre; nous délogerons ensuite les rebelles des postes qu'ils occupent. Je dois vous prévenir qu'il y a un rassemblement à Legé. Hier au soir, quatre cents hommes du poste de Saint-Philbert ont été envoyés pour reconnaître le terrain; comme c'était de nuit, ils

ont reçu quelques coups de fusil. Le détachement s'est replié avec ordre, et est rentré ce matin ; ils ne tiendront pas, car ils n'ont pas de canon, et le rassemblement n'est pas fort. Mes troupes s'embarqueront dans la nuit et dans la journée du 30 pour Noirmoutier. >>

Dès le 27 avril, deux cents hommes de l'escadre de Joyeuse, qui devait seconder l'attaque de Noirmoutier, avaient fait à minuit une descente dans l'île, et s'étaient rendus maîtres des forts. Beysser n'eut que la peine de se rendre, le 29, à Bourgneuf pour y recevoir la soumission des habitans. « Vous apprendrez avec plaisir, écrivait-il à Boulard, que j'ai reçu la soumission de toutes les parties de l'île de Noirmoutier déjà deux cents hommes de l'escadre sont débarqués, et je m'y rends moi-même avec quatre cents hommes pour y faire respecter la république. Vous voyez, général, que, quoique vos opérations n'aient pas pu s'accorder à point nommé avec les miennes, la réduction de Noirmoutier s'est effectuée fort heureusement. Cet événement va nous donner de la marge pour nos opérations ultérieures.

» J'envoie, demain 30, attaquer Legé avec quatre cents hommes et deux pièces de canon. Cette expédition vous ouvrira la route au delà de Palluau, et, par la reddition de Noirmoutier, votre gauche est parfaitement assurée. Je vais balayer complétement tout ce qui se trouve encore de rebelles à la gauche de Machecoul à Nantes, et nous

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