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de rien, et c'est avec la franchise d'un zélé républicain que je vous dis cette vérité. »

Le général écrivait le même jour au ministre des affaires étrangères : « La guerre que nous faisons ici est extrêmement vive, et nos ennemis joignent à l'audace le sentiment le plus extraordinaire et le plus exalté. Mourir est pour eux, disent-ils, le commencement du bonheur. Vous savez, citoyen ministre, jusqu'à quel point de folie les têtes exaltées par l'esprit religieux peuvent se porter; ces misérables abandonnent femmes enfans, propriétés, tout ce qu'ils ont de plus cher au monde, pour suivre quelques prêtres scélérats qui, le crucifix à la main, leur donnent la bénédiction et leur promettent le ciel. Je suis forcé de dire que mes volontaires sont bien éloignés d'avoir la même énergie: presque tous sont partis sans aucune organisation et pour quinze jours seulement, d'après les arrêtés de leurs départemens, de sorte qu'après cette époque révolue, tous exigent l'exécution de ces arrêtés, et partent sans congé quand on les refuse. Le jour où je crois avoir une quantité donnée de soldats, je n'en ai pas quelquefois la moitié. Vous avouerez que c'est une manière fâcheuse de faire la guerre, et je vous prédis que l'on ne parviendra pas à terminer celle qui s'est allumée dans ces contrées, si l'on ne m'envoie ou des troupes de ligne, ou des bataillons anciennement formés, qui aient vu le feu. Pour agir avec quelques succès, il me faudrait

quinze à vingt mille hommes de bonnes troupes. Il faut surtout qu'on ne croie pas à Paris que cette guerre est de peu d'importance : les rebelles ont plus de vingt-cinq mille hommes sous les armes, leurs chefs sont expérimentés et audacieux. Je vous prie, citoyen ministre, d'être bien persuadé de toutes ces vérités, et quiconque dira le contraire desservira la chose publique. »

Le 30, les Vendéens entrèrent à Vihiers, où il ne se trouvait aucune troupe. Leîgonyer, craignant leur approche, donna l'ordre d'évacuer les magasins de subsistances de Doué sur Saumur. Les habitans de Doué, et surtout les femmes, s'y opposèrent en s'emparant des portes. Le général, ne voulant pas employer la force contre des citoyens, suspendit l'exécution de son ordre.

Le plan du général Berruyer avait complètement échoué dans la haute Vendée. Ses colonnes avaient été forcées de reprendre leurs premières positions autour du pays insurgé, après avoir éprouvé des pertes considérables, en hommes, en armes et en

munitions.

Le général avait indiqué aux ministres, avec beaucoup de franchise, de force et d'énergie, les causes des revers de son armée; il sentait l'impossibilité de faire, avec quelque espoir de succès, aucune tentative sur la Vendée, sans avoir à sa disposition des troupes nombreuses et aguerries: toutes ses lettres restaient sans réponse. L'inquiétude et le soupçon augmentaient autour de lui; il

devait s'attendre à être dénoncé ; il le fut en effet, et dans la séance de la Convention du 27 avril, il fut accusé de lenteur et de refus de communiquer avec les administrations. Il fut rappelé le 30 par le comité de salut public, mais plus heureux que Marcé, il fut défendu par les représentans Goupilleau et Choudieu.

Telle était la situation de la haute Vendée à cette époque.

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§ III. Marche de l'adjudant général Beysser dans la basse Vendée. Attaque et prise du Port-Saint-Père. Occupation de Machecoul. Reconnaissance sur Legé repoussée. Soumission de Noirmoutier..

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Marche de Boulard sur Palluau.-
Évacuation de Beaulieu

Succès sur la route de Beaulieu.

par les Vendéens.

Marche dans la basse Vendée.

On a vu qu'au moment où le général Boulard quittait Challans pour se rapprocher des Sables, une vive canonnade se faisait entendre au PortSaint-Père c'était une attaque de l'adjudant général Beysser sur ce point.

Arrivé à Nantes le 17 avril, Beysser en était parti le 20 à la tête de deux mille hommes d'infanterie, deux cents chevaux et huit pièces de canon, se dirigeant sur le Port-Saint-Père occupé par les Vendéens. Labory, officier au quatrième régiment de ligne, commandait l'avant-garde, forte de cinq cents hommes. L'ennemi fut délogé de plusieurs tranchées pratiquées sur la route. A

onze heures, l'avant-garde arriva devant le PortSaint-Père défendu par une pièce de vingt-quatre, une de huit et plusieurs pierriers. Après une vive canonnade, le poste fut évacué par les Vendéens; la troupe passa la rivière sur des bacs, et l'on fit venir de Nantes des bateaux pour établir un pont.

Le 22, l'avant-garde se mit en marche de très-. grand matin pour se porter sur Machecoul où la prise du Port-Saint-Père avait répandu l'alarme. Le commandant avait ordre de faire tirer un coup de canon en arrivant dans la plaine, d'observer la contenance de l'ennemi et d'attendre le corps d'armée. L'ennemi le prévint, et tira le premier hors de portée : la canonnade s'engage sans produire aucun effet. Le corps d'armée arrive : deux pièces de douze sont mises en position; la cavalerie gagne la plaine et s'y met en bataille, l'infanterie marche sur quatre colonnes et se déploie. Tout à coup le feu de la place cesse; la troupe vendéenne, que l'on voyait sur une ligne assez étendue, se débande et prend la fuite. Un habitant de Machecoul sort de la ville, et vient annoncer la retraite de l'ennemi. La troupe y entre sans résistance: quelques patriotes prisonniers, restes infortunés de tant de victimes immolées aux furies des guerres civiles, embrassent leurs libé

rateurs.

Le lendemain, Beysser envoya des détachemens à Bourgneuf et à Sainte-Pazane, et le 24 il rendit

compte de son expédition au général Labourdon

naye.

Bientôt la marche et les succès de Beysser furent connus à Saint-Gilles et aux Sables. L'adjudant général Boisguyon transmit le 23, de Challans où il s'était porté, une lettre de Beysser aux administrateurs de ce district, par laquelle il était enjoint aux habitans de mettre bas les armes et de livrer leurs chefs. L'administration était en même temps invitée à revenir à son poste, tant il comptait sur la soumission du pays.

De son côté, Wielland, commandant un bataillon de grenadiers de la garde nationale nantaise, adressa à l'administration de Saint-Gilles tous les détails relatifs à la prise du Port-Saint-Père et de Machecoul il regardait la paix comme très-prochaine. Il informa en même temps le général Boulard qu'il avait l'ordre de Beysser de se replier de Challans sur Machecoul, aussitôt qu'il se disposerait à faire filer des forces sur Challans. « Il est urgent, ajoutait-il, que vous fassiez occuper par vos troupes les postes de votre département; le nôtre sollicite vivement notre retour. » Le lendemain, il lui annonça que Beysser venait de lui donner l'ordre positif de rentrer à Machecoul avec les détachemens qu'il avait établis à Sallertaine et à la Garnache.

Le commissaire Niou informa Boulard que le général Dayat était en route pour les Sables avec le représentant Goupilleau, et qu'il pourrait se

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