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volte. Il faisait sentir aux chefs, aux prêtres, etc., auxquels il ne restait aucun espoir, quelle que fùt leur position, la nécessité de s'unir plus fortement entre eux, et d'attacher à leur sort la masse de la population.

Pouvait-on d'ailleurs présumer que des cultivateurs eussent abandonné leurs foyers, leurs familles, leurs bœufs, leurs prêtres, toutes leurs habitudes enfin, pour profiter de l'amnistie incertaine qu'on leur offrait?

Ce décret ne fut point connu dans l'intérieur de la Vendée, dès ce moment impénétrable au reste de la France.

Le général Labourdonnaye, commandant l'armée des côtes de Brest, reçut l'ordre de faire marcher deux colonnes de trois mille hommes chacune, et de se concerter avec les généraux Verteuil et Canclaux. Le ministre de la guerre lui annonçait en même temps qu'il avait fixé le nombre des officiers généraux qui devaient être employés dans l'armée, et qu'il venait de donner des ordres pour faire mettre en mouvement vingt bataillons de l'armée du Rhin.

Le conseil exécutif sentit bientôt que ces mesures n'étaient pas suffisantes. Le général Verteuil, à La Rochelle, ne pouvait pas concerter des opérations militaires avec le général Labourdonnaye à Rennes. Toute communication à travers la Vendée était impossible. On ne pouvait correspondre que par mer ou par la route de Saumur. En consé

quence, le conseil prit le parti de donner au général Berruyer le commandement de la rive gauche de la Loire. Ce général devait, conformément à une instruction du 24 mars, se rendre de Paris à Tours, y prendre les troupes qu'il y trouverait, les conduire à Saumur, laisser cette colonne au général Beaufranchet Dayat, chargé de poursuivre les révoltés dans le département de Maine-etLoire; partir de Saumur avec son état-major, se porter sur Niort, prendre le commandement des troupes qui étaient aux ordres du général Marcé; se porter de Niort contre les rebelles, en bordant la mer, et se dirigeant sur Challans, Machecoul, de manière à gagner la rive gauche de la Loire ; poursuivre partout les rebelles et les pousser du côté de la mer, pour leur couper toute retraite.

Il devait en outre concerter ses mouvemens avec ceux de Labourdonnaye, et correspondre fréquemment avec le ministre.

On ajoutait que les ordres étaient donnés pour l'organisation de l'armée, en officiers-généraux, adjudans-généraux, commissaires des guerres, etc.

Ce plan de campagne aurait peut-être réussi, à cette époque où les insurgés avaient peu de ressources en armes et en munitions, en faisant agir deux colonnes de dix à douze mille hommes chacune de troupes aguerries et disciplinées, sous la conduite d'officiers-généraux actifs, fermes et prudens; mais il n'en était pas ainsi.

Le général Labourdonnaye n'ayant aucune

troupe disponible, et ne voyant arriver aucun secours, s'en plaignit à la Convention, ainsi qu'au ministre. Celui-ci lui répondit, le 28 mars, pour lui faire connaître sa position. Il finissait par lui dire : « Soyez de bonne foi, et jugez si je mérite >>le reproche de négligence que vous me faites si >> ouvertement, sans aucun avantage pour la chose » publique.

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Le ministre ajoutait qu'il ne pouvait pas faire mettre en marche les vingt bataillons de l'armée du Rhin, sans avoir concerté cette disposition avec le général Custine, et qu'il eût été coupable d'en retirer de l'armée de la Belgique, vu la position critique où les armées se trouvaient dans ce pays.

Le ministre écrivait pareillement, le 29, au commissaire de la Convention à Tours, qu'il faisait ce qu'il pouvait pour seconder les dispositions du général Berruyer; mais, ajoutait-il, << vous >> connaissez la position de nos armées, leurs be>> soins; vous sentez combien de reproches à se » faire de dégarnir des frontières menacées. » Il n'avait à sa disposition en cavalerie que le seizième de dragons; il annonçait au surplus le départ des vainqueurs de la Bastille (trente-cinquième division de gendarmerie, forte de cinq cents hommes) et d'un train d'artillerie.

De son côté, le général Canclaux informait le ministre que le onzième bataillon de Seine-et-Oise venait de partir de Nantes sans qu'on eût pu l'ar

rêter, et que deux autres bataillons, dont le terme expirait le mois suivant, annonçaient les mêmes dispositions. Il demandait des troupes pour défendre les passages et protéger la navigation de la Loire dans un espace de vingt-cinq lieues. Il espérait parvenir à organiser un petit corps d'armée; mais il lui fallait des armes, des canons, des officiers généraux, etc.

Enfin, le 30 mars, le ministre Beurnonville fit annoncer aux généraux son départ pour l'armée du Nord, avec des commissaires de la Convention. Peu de temps après, on apprit qu'ils étaient victimes de la trahison de Dumouriez.

Telle était la position du gouvernement à cette époque critique, où l'on allait entreprendre une guerre civile qui devait coûter à la France tant de sang et tant de désastres.

CHAPITRE II.

Avril 1793.

Marche et

Mort de

§ Ier. Plan d'opérations du général Berruyer. succès du général Boulard dans la basse Vendée. Gaston, l'un des chefs vendéens. Retraite de Boulard sur la Mothe-Achard.

Plan de campagne du général Berruyer.

ARRIVÉ à Angers vers la fin du mois de mars, avec les généraux Duhoux et Menou et des commissaires de la Convention, le général Berruyer concerta, avec le général Labourdonnaye, un plan d'attaque. Il fut convenu que Labourdonnaye resterait chargé du commandement de la rive droite de la Loire, depuis Ingrande exclusivement jusqu'à l'embouchure de ce fleuve Nantes et Paimboeuf faisaient partie de ce commandement. Berruyer était chargé de la défense de la rive droite de la Loire jusqu'à Ingrande inclusivement, et de toute la rive gauche de ce fleuve jusqu'à la mer.

Les mouvemens des généraux devaient se faire de concert. Une colonne de l'armée des côtes de Brest, partant de Nantes lorsque celles de l'armée de La Rochelle seraient en mesure, devait balayer la côte et s'emparer de Noirmoutier.

Le général Canclaux, alors à Nantes, avait sous

TOME I.

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