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PRÉFACE.

J'ai lu tous les écrits qui ont paru sur la Vendée et la chouannerie; je les ai analysés, comparés entre eux, dans l'espoir d'y trouver la vẻrité des faits. J'avais, pour en juger, le triste avantage d'avoir été moi-même témoin et victime des déplorables événemens qui ont si long-temps désolé les départemens de l'ouest. J'ai été trompé dans mon attente; le résultat de mes recherches m'a présenté, au lieu de la vérité, des faits altérés ou dénaturés, répétés par les écrivains qui se sont succédés, des jugemens dictés par une aveugle prévention; enfin, une foule d'erreurs qui n'échapperont pas à l'impartialité de l'histoire.

Je garderai le silence sur l'esprit d'imitation ou de parti qui règne dans la plupart de ces écrits, et qui a passé tout entier dans les histoires de la Vendée. Toute discussion à ce sujet entraînerait trop de détails et serait superflue. Je me bornerai, pour le moment, à dire un mot sur l'histoire de M. de Beau

TOME 1.

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champ et sur celle de M. Berthre de Bourni

seaux.

La première est parvenue rapidement à sa quatrième édition, après avoir subi une critique amère de la part de deux écrivains, MM. de Puisaye et Lebouvier Desmortiers.

La seconde attend une nouvelle édition qui, au jugement de l'auteur (1), aura le mérite d'être l'histoire la plus complète de toutes celles qui ont paru jusqu'à ce jour.

M. de Beauchamp, étranger au pays comme aux événemens qui s'y sont passés, a cherché les élémens de son histoire dans les mémoires publiés alors, ainsi que dans le Moniteur, et croyant sans doute tenir la vérité toute entière, il s'est écrié, comme le Tasse, voilà mon poëme!... (2)

L'historien, il est vrai, venait d'annoncer qu'il avait fouillé dans tous les dépôts, et qu'il était devenu possesseur de matériaux immenses. Cependant je ne retrouve dans son histoire d'autres matériaux, pour la Vendée, que ceux de madame de la Rochejaquelein, de

(1) Préface, page XIV.

(2) Préface, page xi, quatrième édition, la seule dont il sera fait mention.

MM. Benaben, Vial, Desmortiers, Westermann, Turreau; et pour la chouannerie, du comte de Puisaye et du général Hoche. Avec ces élémens, avec le Moniteur et l'esprit de l'auteur, on pourra toujours recomposer son histoire. Pour juger de son esprit, il suffit de lire la première page de sa préface.

guerre

L'autre historien, M. de Bourniseaux, également étranger aux opérations de la de la Vendée, n'a voulu prendre pour guides que Madame de la Rochejaquelein, M. Lequinio, le Moniteur, des traditions du pays et les rêves de son imagination. Pour se faire une idée du système de l'auteur, on peut lire sa dissertation sur les bigots et les gátineaux (1), ses réflexions sur les sciences exactes et la philosophie du dix-huitième siècle (2), etc., etc.

Quoi qu'il en soit, je n'aperçois dans ces histoires aucune trace de l'action directe du gouvernement, de la correspondance et des ordres particuliers du comité de salut public, des rapports des représentans en mission, de ceux des généraux, de leurs journaux et mémoires particuliers; enfin, de la correspon

(1) Tome I, pages 167 et 168. (2) Id., pages 233 et 234.

dance des autorités constituées et des agens du gouvernement. Voilà les matériaux que j'emploie dans l'ouvrage que j'annonce; je les considère comme les premiers élémens de l'histoire, surtout lorsqu'il s'agit d'une guerre civile où tous les liens de société, de famille, d'amitié, sont brisés. Monstrueuse guerre, dit Montaigne, les autres agissent en dehors, cette-ci encore contre soi, se ronge et se défait par son propre venin. Elle est de nature si maligne et si ruineuse, qu'elle se ruine quant et quant le reste, et se déchire et se despeche de rage.

On trouvera facilement dans cet ouvrage les règlemens, bulletins, proclamations, etc., du conseil supérieur et des chefs des Vendéens et des chouans.

Ce n'est pas toujours dans les rapports faits à la tribune de la Convention nationale et publiés dans les journaux du temps, qu'il faut chercher la vérité. M. de Beauchamp l'a senti lui-même, lorsqu'il a dit : (1) Plus un rapport était officiel, moins il fallaity croire.

Voici ce que le général Kléber dit à ce sujet, au commencement de ses mémoires inédits :

(1) Préface, page 1x.

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