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CE

E Rapport, écrit peu de temps après l'événement dont il rend compte, était enseveli dans un porte-feuille avec la note suivante :

« Ce Rapport ne doit être mis au jour que si » des Mémoires ou d'autres Relations qui n'y >> seraient pas conformes en rendaient la pu» blication intéressante. >>

Cette malheureuse affaire vient de renouveler de douloureux souvenirs dans un écrit inséré par M. le duc de Choiseul, dans la Collection des Mémoires relatifs à la révolution MM. Berville et Barrière.

française, par

Je lis, page 87, cette phrase de M. le duc de Choiseul : « Je laisse au comte Charles de » Damas à rapporter ce qui s'est passé à Cler» mont. » C'est à cette interpellation que je réponds en me décidant à faire connaître cette Relation telle que je l'ai écrite dans le temps, et telle que le roi, alors MONSIEUR, frère du roi, m'a permis de la lui lire lorsque j'étais près de lui en Allemagne.

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RAPPORT

DE

M. LE COMTE CHARLES DE DAMAS.

JE

E ne reprendrai cette funeste époque que du moment où j'ai été instruit du projet que le roi formait de quitter Paris, et de se retirer dans une province frontière, sous la garde de M. de Bouillé et des troupes fidèles qu'il pourrait réunir. Je ne dirai que ce qui m'a regardé personnellement, les ordres et les instructions que j'ai reçus, ce qui s'est passé sous mes yeux.

Tous les régimens de l'armée avaient plus ou moins reçu l'influence de la révolution. L'ordre de permettre aux soldats de fréquenter les assemblées populaires, avait déjoué les soins que prenaient leurs chefs pour les maintenir dans les règles de la discipline et les préserver de la contagion. Les troupes à cheval, mieux composées, avaient résisté plus long-temps; mais il était impossible de ne pas distinguer un nouvel esprit, un autre ton, une plus grande exigence de la part des hommes, et on

pouvait prévoir que dans peu tout suivrait le torrent, et s'abandonnerait à la révolte.

Mon régiment (les dragons de Monsieur) avait eu une bonne conduite jusqu'alors : il avait défendu Lyon et le Dauphiné en 1789; il s'était montré, l'année d'après, brave et fidèle à l'affaire de Nancy; les officiers donnaient de bons exemples et maintenaient la plus exacte subordination; les dragons avaient été les derniers à quitter les couleurs royalistes, ce qui leur attirait des querelles avec ceux des autres régimens; j'avais obtenu un excellent quartier où je les surveillais de près, et où rien de ce qui rend le soldat heureux ne leur manquait. Je m'y rendis au mois de mars 1791, pour ranimer la patience des officiers et encourager les dragons dans leur bonne conduite.

J'avais passé quelques jours à Saint-Mihiel dans une entière satisfaction du bon esprit du régiment et de sa discipline, quoique inquiet des menées du club des jacobins qui s'était formé depuis peu de temps dans cette ville, lorsque j'allai à Metz rendre mes devoirs à M. le marquis de Bouillé, commandant de la province. Je lui fis part de mes inquiétudes sur l'avenir, de l'apparence trop fondée que toutes les troupes finiraient par se perdre dans ces sociétés patriotiques auxquelles nous avions reçu l'ordre de laisser assister les soldats, et de mon extrême découragement. M. de Bouillé, sentant comme moi la position difficile dans laquelle nous nous trouvions, en souffrait lui-même, et ce n'é

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