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DE LA CONDUITE

DE M. LE CTE CHARLES DE RAIGECOURT

A L'AFFAIRE DE VARENNES.

J'ÉTAIS à Stenay, le 20 juin 1791, avec M. le marquis de Bouillé ; je fus averti le même jour au soir, par M. le chevalier de Bouillé son fils, de monter à cheval le lendemain 21, à six heures du matin; de prendre des pistolets, et de me rendre sur la route de Stenay à Dun; qu'il avait une commission à me donner de la part de son père. Le 21 à six heures du matin, nous nous joignîmes sur cette route tous deux en uniforme de nos régimens. Chemin faisant, il me dit : « Le roi est parti la nuit passée de Paris, il sera cette nuit à Varennes, et nous allons à sa rencontre jusque-là. Le duc de Choiseul lui donne de ses chevaux en relais dans cette ville. Nous trouverons le relais qu'a établi M. de Goguelat, nous le ferons tenir tout prêt dans l'écurie, et du moment où la voiture du roi sera attelée, vous partirez pour aller rendre compte à mon père de l'arrivée de Sa Majesté. L'heure est calculée, le roi doit être arrivé à onze heures du soir, au plus tard, et M de Goguelat, qui a plusieurs chevaux à lui, en relais, doit le précéder au

moins d'une heure : c'est lui qui est notre boussole, et tant que je ne le verrai pas arriver je croirai notre affaire manq ce. L'essentiel est qu'on ne puisse pas soupçonner à Varennes la mission dont nous sommes chargés, et pour cela nous ne communiquerons en rien avec l'officier des hussards qui commande le détachement cantonné dans cette ville. Ils croient tous que c'est un trésor qu'ils auront à escorter, et c'est M. de Goguelat lui seul qui doi dire aux différens commandans des détachemens que le roi va arriver: il faut même bien nous garder de rien laisser entrevoir aux postillons du duc de Choiseul qui doivent conduire le roi, et comme j'ai le blanc-seing de leur maître, ils se conformeront à ce que je leur ordonnerai. » Moi, qui n'avais reçu de M. le marquis de Bouillé aucune instruction quelconque, respectant les ordres du général dans la bouche de son fils, je crus devoir me laisser conduire aveuglément par ce qu'il me disait.

Nous arrivâmes à Varennes vers midi; nous descendîmes à une auberge qu'on nous dit être la plus considérable de l'endroit : nous y trouvâmes établis les gens et les chevaux du duc de Choiseui avec des fourgons à lui, conduisant les ustensiles de première nécessité pour l'arrivée du roi à Montmédy. Nous trouvâmes aussi un hussard du régiment d'Esterhazy, qui y soignait le cheval de relais que devait prendre le soir même M. de Goguelat qui, comme je l'ai dit plus haut, devait précéder

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