Imatges de pàgina
PDF
EPUB

«<plus forte occupation depuis mon arrivée1.» Puis viennent des vers qui contiennent des jugements sur Ronsard, Racan et Malherbe, qu'il se proposoit d'insérer dans une lettre au prince de Conti:

Ronsard est dur, sans goût, sans choix,
Arrangeant mal ses mots, gåtant par son françois
Des Grecs et des Latins les graces infinies.
Nos aïeux, bonnes gens, lui laissoient tout passer,
Et d'érudition ne se pouvoient lasser.

Cet auteur a, dit-on, besoin d'un commentaire:
On voit bien qu'il a lu, mais ce n'est pas l'affaire;
Qu'il cache son savoir, et montre son esprit.

Malherbe de ces traits usoit plus fréquemment:
Sous lui, la cour n'osoit ouvertement
Sacrifier à l'ignorance.

Heureusement pour la gloire du grand siècle, que la mode de sacrifier à l'ignorance étoit bornée à la cour, et n'avoit pas gagné les auteurs. La Fontaine termine en disant : «Ne montrez « ces vers à personne, car madame de La Sa

[ocr errors]

blière ne les a pas encore vus. » On aime ces touchants égards de La Fontaine pour sa bienfaitrice; et il paroît, d'après ce passage, que madame de La Sablière, quoique livrée alors

La Fontaine, Lettres à divers, 17, t. VI, p. 528.

tout entière à de pieux devoirs, conservoit cependant encore le goût des vers.

La Fontaine dans cette lettre ne fait aucune mention de sa femme; cependant elle se trouvoit alors à Château-Thierry. Après la vente faite en 1676 de la maison que son mari possédoit en cette ville, rue des Cordeliers', elle s'étoit retirée dans le château où le duc de Bouillon avoit accordé un logement à notre poëte, et elle paroît y avoir séjourné jusqu'à sa mort, qui eut lieu le 9 novembre 17092. Ce ne fut que long-temps après que le fils de La Fontaine acheta à ChâteauThierry une autre maison, qui n'a cessé, jusqu'à ces derniers temps, d'appartenir à ses descendants3. Quant à notre poëte, le voyage qu'il fit à Château-Thierry, en 1686, fut probablement le dernier. Depuis il ne paroît pas avoir quitté Paris et ses environs. Il étoit sur-tout fort assidu aux séances de l'Académie françoise, et il s'étoit fait tellement aimer de ses confrères académiciens, qu'un jour ils voulurent se départir en sa faveur d'une régle académique qu'on n'enfreint jamais. Il est d'usage, dans ces corps littéraires, de signer des listes de présence, et, lorsqu'on

Voyez ci-dessus, p. 56.

2 Voyez les Pièces justificatives à la fin de ce volume.

3 Lettre de madame J. Tanevot, datée de Chateau-Thierry, le 19 novembre 1820, adressée à M. Du Temple, ex-maire de Chateau-Thierry, en réponse aux éclaircissements demandés par l'auteur.

[graphic][graphic]
[ocr errors][ocr errors]
[graphic][subsumed][merged small]

MAISON DE JEAN DE LA FONTAINE À CHATEAU THIERRY.

« AnteriorContinua »