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>> entrer des citoyens dans la Bastille pour les masacrer en» suite, ce qui serait la dernière des abominations, et ce que » je ne puis croire. Quant à l'ordre positif de se maintenir » dans son poste, je le lui ai donné comme étant son devoir, » et il a dû le faire, comme je te ferais aujourd'hui, si l'Hôtel» de-Ville était cominis à ma garde, et que j'eusse à le dé>> fendre jusqu'à la dernière extrémité (1).

>>

Maintenant, croirait-on que, de toutes ces suppositions accumulées, l'auteur en déduit cette conséquence terrible, qu'il ose imprimer? « A plus forte raison ne peut-on pas » manquer de condamner comme coupables de lèse-nation » ceux qui, sortant du cercle de leurs fonctions ordinaires, » tels que le baron de Besenval, etc., ont été eux-mêmes au>> devant des ordres injustes à l'abri desquels ils voudraient » se mettre (2). »

La plume tombe des mains, à l'aspect d'une cruauté aussi meurtrière.

Quoi! la justice instruit encore le procès du baron de Besenval, et ses dénonciateurs impriment qu'il faut le condamner, comme un coupable déjà convaincu!

Ils ne respectent pas la situation d'un accusé dans les fers! Ils n'attendent pas le jugement de la loi! ils prononcent avant elle.

Ils veulent en quelque sorte forcer son opinion par la

leur.

Ils livrent ce malheureux accusé, autant qu'il est en eux, aux fureurs de la multitude.

Eh! que peut donc penser ce peuple sensible, généreux, facile à égarer par sa bonté même, lorsqu'il voit ceux qu'il a placés à sa tête et qui le dirigent, lui désigner le baron de

(1) Interrogatoire du 12 décembre. (2) Page 60.

Besenval comme un de ces oppresseurs qu'on dit avoir conjuré sa ruine, et à qui il n'a manqué que le temps ou les moyens de la consommer?

Cependant, il faut l'avouer, tel a été l'ascendant de la vérité et de l'innocence, que ce rapport n'a pas eu l'influence qu'il devait naturellement avoir.

Les préventions populaires, au contraire, se sont apaisées. Le baron de Besenval n'est plus accusé par l'opinion. Tous les citoyens aujourd'hui s'honorent de prendre sa défense.

Les libelles mêmes semblent gémir de n'avoir plus de mal à lui faire.

Mais à quoi faut-il attribuer ce retour presque subit de l'opinion à la vérité?

Ne nous le dissimulons pas, à la publicité de la procédure. Le public a entendu la déposition de tous les témoins. Toutes les pièces lui ont été lues.

Tous les interrogatoires du baron de Besenval ont été subis devant lui.

Il connaît maintenant ce procès comme la justice.

Il est bien impossible qu'il croie le baron de Besenval coupable, lorsqu'il est témoin lui-même qu'il est innocent.

Ah! rendons bien grâce à l'Assemblée nationale de ce beau présent qu'elle a fait à la législation française!

Que de reconnaissance lui est dûe pour ce seul bienfait! Que d'innocens elle a sauvés d'avance par ce magnifique décret!

Si la procédure du baron de Besenval eût été secrète, n'en doutons pas, ce malheureux accusé serait encore sous le joug des inculpations les plus atroces, malgré son innocence même démontrée, et les magistrats auraient besoin de courage pour être justes envers lui.

Mais heureusement le courage n'est plus nécessaire.

La loi nouvelle a rendu le ministère des magistrats bien facile.

400 ÉCLAIRCISSEM. HISTOR. ET PIÈCES OFFIC.

Elle le leur a rendu même bien glorieux.

L'opinion vient de toutes parts à leur aide. Ils n'ont presque qu'à proclamer le jugement qu'elle a déjà proclamé elle

même.

Et, dans ce moment où il n'est encore question que de prononcer sur l'information qu'on a recueillie, sans doute les magistrats ne jugeront pas cette accusation, toute éclatante qu'elle est, d'après d'autres règles que celles qui gouvernent les accusations ordinaires.

Dans les accusations ordinaires, lorsque la procédure ne renferme pas de charges, les magistrats renvoient à l'audience.

C'est donc à l'audience aussi que le baron de Besenval doit être renvoyé.

La nature du crime qui est dénoncé ne fait rien à la justice. Ce sont les charges qui lui importent.

Là où il n'y a point de charges, il ne peut pas y avoir de forme de procédure qui en suppose.

Un décret supposerait des charges.

Un décret semblerait devoir conduire à une peine quel

conque.

Un décret serait en contradiction avec la procédure.
Le baron de Besenval ne peut donc pas être décrété.

C'est à l'audience seule qu'il doit se défendre; et nous osons espérer que sa défense excitera dans toutes les ames l'intérêt qu'une aussi grande infortune doit naturellement inspirer.

Me DESÈZE, avocat.

DE BRUGES, procureur.

FIN DES ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES ET DES PIÈCES OFFICIELLES.

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Lettre du baron de Besenval au maréchal de Ségur, mi-

nistre de la guerre, en date du 6 novembre 1786.

Lettre du baron de Besenval au comte de Ségur, mi-
nistre plénipotentiaire du roi auprès de l'impératrice
de Russie, en date du 6 mars 1787. Assemblée des
notables. Comment M. de Lamoignon est parvenu à
être garde-des-sceaux, et M. de Brienne, archevê-
que de Toulouse, à la tête des finances. (Écrit en
1787.)

Lettre du baron de Besenval à M. de Lamoignon, garde-

des-sceaux, en date du 29 juillet 1787.

Suite des événemens. L'archevêque de Toulouse nommé

ministre principal. Démission des maréchaux de Cas-

tries et de Ségur. (1787.)

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