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Gaule.

autrefois puissants, et que les dissensions civiles avaient affaiblis au temps du grand Arminius, se trouvèrent réduits à demander un roi à l'empereur Claude : l'Italie leur en fournit un, ce fut le petit-fils d'Arminius; mais il avait reçu une éducation romaine. Aussi ne purent-ils le supporter longtemps, et il eut beaucoup de peine à les dompter, avec l'appui des Romains, en fomentant leurs rivalités fraternelles. Un soulèvement des Chauces avait été réprimé par Corbulon, qui, arrêté par Claude au milieu de ses victoires, s'écria: Heureux les anciens généraux de Rome! L. Pomponius repoussa une incursion des Cattes; puis les divers commandants romains s'appliquèrent à maintenir la tranquilité et à renforcer les postes militaires. Paulinus Pompée termina la digue commencée par Drusus soixante-trois ans auparavant, pour contenir le Rhin. L. Véter conçut le projet de réunir la Moselle et la Saône, afin de mettre la Méditerranée en communication avec l'Océan; mais il y renonça, pour ne pas exciter la jalousie de Néron. Les Frisons, de l'autre côté du Rhin, qui s'étaient révoltés sous Tibère (a. 28), par suite de l'avarice de ses agents, et avaient défait les Romains, osèrent se rapprocher du fleuve, mais ils furent repoussés. Il en fut de même des Ansibariens, bien qu'ils fussent appuyés par les Bructères, les Tenctères et d'autres peuples.

Pour reprendre les événements de la Gaule au point où nous les avons laissés, il faut remonter au règne d'Auguste. Il l'avait trouvée résignée, mais non pas tranquille. Après y avoir étouffé les révoltes, il la façonna à la romaine; il ordonna le recensement du peuple, qu'il désarma, et celui des propriétés. Des écoles s'ouvrirent par ses ordres dans Augustodunum (Autun), pour enseigner la langue, les lois et les sciences des Romains. Marseille devint un centre de lumières, ainsi que Toulouse, Arles, Vienne, où les lettres grecques et latines avaient fait pénétrer la civilisation romaine.

Mais les druides s'opposaient à la fusion des vainqueurs et des vaincus; car bien qu'ils eussent perdu l'autorité politique, ils conservaient beaucoup d'influence sur les mœurs et sur les doctrines. Auguste, n'osant les attaquer de front, se contenta d'interdire leur culte aux Gaulois citoyens romains, comme contraire aux croyances latines. Il voulut qu'au lieu de consommer les sacrifices humains, on se bornât à faire des blessures aux sectateurs fanatiques de ces prêtres. Il donna ensuite pour rival à leur culte le polythéisme gaulois, amalgamé avec celui de Rome, dédia un temple

à Kirk, personnification du vent qui souffle par rafales dans la Narbonnaise, et en régla le cérémonial; puis il se laissa ériger des autels comme génie, et bientôt après comme dieu. La haute classe accepta la religion officielle, qui promettait la faveur du maître sans violenter les consciences: on éleva donc des temples mixtes à Mars-Camulus, à Diane-Ardwina, à Bellen-Apollon, à Mercure-Teutatès, à Belisana-Minerve, et les simulacres de ces dieux mixtes offrirent des aspects monstrueux. Mais d'un autre côté le vulgaire s'attachait plus étroitement au druidisme, qui entretenait l'esprit de nationalité et la haine pour l'étranger; et le fanatisme rendit de la vigueur à cette religion expirante.

La Gaule eut beaucoup à souffrir sous Tibère. Julius Florus, du pays des Trévires, et l'Éduen Julius Sacrovir, la firent soulever; mais le premier, ayant échoué au nord (a. 21), se tua. Au centre, Sacrovir (1) distribua des armes aux jeunes gens, qu'il enrôla comme soldats et comme otages, et soutint la lutte avec succès; mais ses troupes indisciplinées ayant fini par être taillées en pièces, il se brûla avec le reste de ses compagnons.

Claude, se croyant assez fort pour porter le dernier coup au druidisme, proscrivit les prêtres de ce culte, qui se réfugièrent dans la Bretagne, et prononça la peine de mort contre quiconque porterait leurs symboles ou leurs amulettes. En retour, il rendit ces provinces égales à l'Italie en permettant aux Gaulois d'entrer au sénat et de parvenir aux charges, au grand scandale de l'ancienne aristocratie.

La Gaule fournit d'ailleurs à Rome des hommes ilustres, comme P. Térentius Varron, de Narbonne, qui du temps de César composa un poëme épique sur la lutte des Séquanes avec les Éduens, et sur la guerre d'Arioviste; Cornélius Gallus, Trogue Pompée et Pétrone. Les Gaulois se rendaient à Rome pour y dépenser leur argent, et ils s'y livraient à la brigue pour s'élever dans l'armée ou dans les emplois. Dans le nombre, Vosiénus de Narbonne et Domitius Afer de Némausus (Nîmes) méritent à des titres différents une mention de l'histoire. Le premier, unissant le courage civil à un esprit étendu, osa désapprouver Tibère, et périt relégué dans les îles Baléares; l'autre se distingua à la tête de ces orateurs vendus qui dispensaient les tyrans de la honte en excusant leurs crimes; dé

(1) Nous pensons que sacer vir n'est que la traduction de druide, et que ce ful par ce titre latinisé qu'on désigna le chef gaulois.

Parthes.

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lateur sous Tibère, Caligula et Néron, il finit tranquillement ses jours.

L'empire des Parthes, né de la conquête, conserva dans tous les temps l'empreinte de son origine. Délivré de la crainte de Germanicus, Artaban, leur roi, avait opprimé ses sujets, et, insultant à la vieillesse de Tibère, envahi l'Arménie, sur laquelle il prétendait, comme successeur de Cyrus et d'Alexandre, avoir des droits qu'il soutint par des victoires. Les Parthes envoyèrent demander à Tibère un Arsacide pour l'opposer au tyran. Tibère appuya donc Phraate, puis, lorsqu'il fut mort, Tiridate, qui put recevoir dans Ctésiphon le diadème royal des mains du suréna: mais, au lieu de parcourir ses provinces et de s'y faire des partisans, il perdit un temps précieux, et quelques-uns des grands qu'il s'aliéna relevèrent le monarque fugitif. Artaban ayant donc recouvré soudain le trône, défia de nouveau Tibère; puis les heureux commencements du règne de Caligula le déterminèrent à traiter : il repassa l'Euphrate, et donna son propre fils en otage.

A sa mort, il aurait dû avoir pour successeur un autre Artaban; mais Gotarse, son frère, l'égorgea ainsi que sa femme et ses fils. Devenu odieux à ses sujets, le meurtrier fut lui-même détrôné par Vardane, qui, étendant ses conquêtes, occupa Séleucie, menaça l'Arménie, et poussa victorieux jusqu'au Sind, qui séparait les Daïens des Ériens. Mais enorgueilli par ses succès, il opprima ses sujets et fut tué dans une partie de chasse. De graves désordres suivirent, fomentés probablement par les Romains, et à leur faveur Gotarse recouvra la couronne: mais ses débauches et ses cruautés décidèrent les Parthes à envoyer des députés à l'empereur Claude pour obtenir qu'il leur rendit un prince du sang de Phraate, alors en otage à Rome.

Claude, comme on le pense bien, fut fier d'avoir à donner un roi à un peuple qu'Auguste n'avait pu dompter. Il rendit aux Parthes Méherdate, auquel il donna même des troupes; et celui-ci, appuyé par l'abgar ou roi d'Édesse, pénétra par des chemins extrêmement difficiles dans l'Arménie, en prenant plusieurs villes sur son passage, entre autres Ninive et Arbelles. Mais, une fois en présence de l'ennemi, l'abgar abandonna Méherdate, qui, ayant engagé la bataille, fut vaincu et fait prisonnier; on lui coupa les oreilles, et, pour narguer l'empire romain, on lui laissa la vie. Gotarse étant mort peu de temps après, le trône fut occupé par Vononès, gouverneur de la

Médie, qui le transmit, après un règne court et sans gloire, à son fils
Vologèse.

Ces changements rapides encouragèrent Mithridate à recouvrer l'Arménie, que lui avait enlevée Caïus; ce qu'il fit avec quelques troupes fournies par Claude et à l'aide des Ibères. Le roi Cotys, près duquel s'étaient réunis plusieurs illustres exilés, aurait pu résister dans la petite Arménie; mais, cédant à une lettre de Claude, il se jeta aux pieds de Mithridate, qui le traita avec une rigueur inopportune.

Peu d'années après, Pharasmane, roi d'Ibérie, frère de Mithridate, craignant l'ambition de Rhadamisthe, son fils, lui suggéra de conquérir l'Arménie. Ce dernier, attaqué à l'improviste, et abandonné par la principale noblesse, se renferma dans Garnéa, place bien fortifiée ; mais la garnison, qui était romaine, se laissa corrompre et le livra. Rhadamisthe accueillit avec respect son prisonnier, qu'il embrassa; puis, s'étant rendus ensemble dans un bois sacré les deux princes se tenant la main s'apprêtaient, en signe d'alliance, à faire couler en même temps leur sang d'une incision au pouce, lorsque tout à coup un des seigneurs de la suite de Rhadamisthe, feignant de se laisser tomber, renverse Mithridate, qui est saisi, enchaîné et exposé à toute sorte d'outrages. Rhadamisthe finit par l'étouffer, et tua ses fils après lui.

Rome voyait avec joie ces princes s'égorger entre eux aussi se bornait-elle à quelques froides protestations, à quelques mouvements de troupes, afin de ne pas irriter le vainqueur devenu puissant. Rhadamisthe fit peser sur l'Arménie, qu'il rançonnait, un joug si insupportable qu'elle se souleva; et il eut la plus grande peine à se sauver à cheval, emportant en croupe Zénobie, sa femme. Elle était enceinte, et la fatigue d'une marche pareille lui devint bientôt intolérable. Elle pria alors Rhadamisthe de la tuer, pour l'arracher à la honte : il la perça de son épée, la jeta dans l'Araxe, et se retira près de Pharasmane son père.

Zénobie n'était pas morte; elle fut sauvée par des bergers et conduite à Artaxate, où elle fut traitée en reine par Tiridate, qui, après une longue lutte contre Rhadamisthe, occupa le trône d'Arménie sous la protection romaine. Vologèse, roi des Parthes et frère de Tiridate, trouvant cette protection dure et honteuse, envahit le royaume; mais Néron ou plutôt ses ministres ayant ordonné aux légions d'Orient de se rapprocher de l'Arménie et aux rois alliés de

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Tiridate à

Rome.

porter leurs armées sur les frontières des Parthes, Vologèse fut forcé d'évacuer le pays.

Dans la prévoyance que le feu, qui n'était qu'assoupi, ne tarderait pas à se ranimer, Corbulon fut désigné pour commander dans ces contrées. Doué de courage, d'expérience, et de ces avantages extérieurs si utiles à un général, il commença par rendre Vologèse moins menaçant; puis, ayant rétabli dans l'armée l'ancienne discipline, il entreprit la guerre, s'empara d'Artaxate, capitale de l'Arménie, et l'incendia, faute de pouvoir la défendre. Il marcha ensuite sur Tigranocerte; et comme les habitants des environs s'étaient réfugiés dans des grottes avec ce qu'ils avaient de plus précieux, Corbulon les y fit enfumer.

Maître de toute l'Arménie, il la rendit à Tigrane, descendant des anciens rois-prêtres de la Cappadoce; mais quand la discorde eut éclaté entre Corbulon et Césennius Pétus, envoyé pour commander la moitié de l'armée, Vologèse reprit l'avantage, défit Poetus et continua de triompher jusqu'au moment où Corbulon eut recouvré son ancienne autorité. Alors le général romain le mit en déroute, et dicta les conditions de la paix, en enjoignant à Tiridate de se rendre à Rome pour y recevoir le diadème des mains de Néron. Ce prince arriva à Naples avec sa famille, trois mille cavaliers et un certain nombre de mages, et de là il s'achemina vers Rome avec Néron. L'empereur lui fit un accueil plein de magnificence, et lui posa la couronne sur la tête, vêtu en triomphateur. Il l'indemnisa des dépenses du voyage, dissipa pour lui huit cent mille sesterces par jour (147,047 f.), et lui fournit des ouvriers et des architectes pour reconstruire Artaxate.

Si ces victoires, auxquelles Néron n'avait contribué en rien, éblouissaient un moment le peuple, elles ne diminuaient pas la haine Conjuration. que le tyran inspirait. Une conjuration fut ourdie par Pison pour le tuer dans le Palais d'or; mais elle fut découverte, et les premiers arrêtés dénoncèrent les autres. Ce fut alors un massacre dans Rome. Les Germains que l'empereur soudoyait pour la garde de sa personne se répandirent dans les campagnes, à la recherche des personnes accusées de complicité, ou de celles qui avaient encouru la haine de Tigellin et de Poppée. Parmi les premières était le poëte Lucain, qui s'était aliéné Néron, d'abord son ami, un jour où il s'endormit à la lecture de ses vers; il se fit ouvrir les veines, et

GI.

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