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monastère, dans lequel, suivant la tradition, avait vécu Jésus en-
fant; mille, un autre de la Thébaïde où n'entraient que ceux qui
étaient décidés à n'en plus sortir; deux mille environ, près
d'Antinoopolis. A Oxirinca, les moines étaient plus nombreux
que les citoyens, et ils occupaient les temples purifiés, les por-
tes, les tours de la ville; vingt mille vierges et dix mille moines
y faisaient retentir jour et nuit les louanges du Seigneur, exerçant
l'hospitalité et voués à des œuvres de miséricorde. Sans compter
une foule de monastères moins importants, mille quatre cents moi-
nes faisaient partie de celui de Tabenna dans la Thébaïde supérieure ;
et lorsqu'à Pâques il en arrivait chez eux de toutes parts, leur
nombre s'élevait à cinquante mille. Le reste du temps, chaque mo-
nastère était divisé en plusieurs maisons, où résidaient de vingt à
quarante moines occupés au même métier; ils étaient tresseurs de
nattes, tisserands, tailleurs, foulons. Chaque maison était désignée
par une lettre de l'alphabet que tous les moines qui l'habitaient
portaient sur leur tunique. C'est ainsi que ces hommes pieux, dé-
tachés du monde, non-seulement d'esprit et de cœur,
mais encore
de leur personne, semblaient n'avoir plus besoin ni d'idées pour
la vie intellectuelle, ni de nourriture pour la vie corporelle; sem-
blables à certaines fougères qui déploient leur fraîche verdure sur
les roches les plus arides, ou bien encore à cet arbuste qui, sans
enfoncer de racines dans la terre, prospère de l'unique aliment
qui lui vient d'en haut.

De l'Égypte, la vie monastique se propagea dans la Palestine, dans la Syrie et dans toute la chrétienté; puis saint Basile et saint Augustin lui donnèrent des règles particulières, sans pourtant l'astreindre à des vœux. enfin saint Benoît la soumit à une discipline plus rigide. Les moines n'étaient pas considérés comme faisant partie du clergé; mais bientôt ils se livrèrent à la prédication et recurent les ordres sacrés. Cette innovation déplut d'abord au clergé séculier. Mais le concile de Nicée, en donnant aux abbés des monastères le droit de conférer les ordres inférieurs, assura aux moines la dignité ecclésiastique.

Les apôtres s'étaient réunis à Jérusalem pour arrêter le symbole de la foi commune; mais on ne peut dire que ce fût là un synode. On en trouve déjà les formes dans l'assemblée où furent appelés les cinq apôtres que l'on put convoquer lorsque les fidèles discutaient entre eux sur le point de savoir si les nouveaux convertis

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Conciles.

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étaient ou non obligés de se faire circoncire et de se soumettre aux autres cérémonies judaïques. Pierre présida l'assemblée, posant les questions et émettant le premier son avis; les autres venaient après lui. La décision fondée sur les saintes Écritures et sur l'assentiment général fut exprimée avec la formule, Il a paru au Saint-Esprit et à nous, puis envoyée aux Églises particulières pour être non plus discutée, mais reçue avec une entière soumission (1). Ce concile devint le type des autres. Les évêques, ne se confiant pas dans leurs propres lumières, appelaient celles des autres à leur aide; et, décidant en commun, ils trouvaient leurs frères plus empressés à exécuter ce qu'ils avaient délibéré de concert. Parfois on prenait, sans parler du vote des prêtres, des diacres et des principaux membres du clergé inférieur, celui de tous les fidèles, surtout pour les choses d'un intérêt général, comme lorsqu'il s'agissait des ordinations. Les premiers conciles provinciaux se réunirent dans la Grèce et en Asie, où restaient des traces ou des souvenirs des ligues des amphictyons et du Panionium; ils furent ensuite convoqués une ou deux fois par an à des époques fixes, sous la présidence du métropolitain, dont ils étaient comme le conseil. De même que l'Angleterre, dans les premiers temps de son gouvernement représentatif, quand se forma la chambre des communes, ne cessait de réclamer pour que les parlements fussent tenus fréquemment et avec régularité, de même l'Église voulait qu'il y eût des conciles deux fois l'an, et que le premier ne se séparât pas sans avoir fixé l'époque et le lieu où s'assemblerait l'autre. Cela maintenait l'union entre les prêtres en les rapprochant, et consolidait la discipline; quand les persécutions s'opposaient à ce qu'on se réunît, on y suppléait par des lettres. Les décisions des conciles (canons), renforcées, pour ainsi dire, par le commun consentement des évêques, soutenues par la représentation populaire et par le droit divin, avaient force de loi dans la province.

Le premier concile certain (celui d'Antioche étant considéré comme supposé) fut tenu à Pergame; puis il y en eut un autre à Hiérapolis contre les hérésies de Valentin, de Montan et de Théo

(1) Les cinquante ou quatre-vingt-quatre canons qui portent le nom des apôtres, et les constitutions apostoliques, rapportées par Labbe, peuvent être de ce temps, mais non des apôtres. Les quarante-sept relatifs à l'obligation de rebaptiser les hérétiques sont d'une date postérieure, puisque nous ne les voyons jamais cités dans les controverses sur ce sujet.

dote. La discussion soulevée au sujet de l'époque à laquelle devait se célébrer la pâque en fit assembler plusieurs. Elle se solennisait en Asie le quatorzième jour de la lune de mars, quel que fût le jour de la semaine, en continuant ce qu'avaient établi les apôtres Jean et Philippe; mais Pierre et Paul la célébraient le dimanche qui suivait immédiatement la pleine lune de ce mois; c'était une coutume que les papes avaient conservée. Une controverse s'étant élevée sur ce point, plusieurs conciles se déclarèrent pour la seconde opinion. Mais Polycrate, évêque d'Éphèse, soutint la première avec une telle obstination, que le pape Victor l'excommunia; cependant saint Irénée l'amena ensuite à ne pas rompre la communion pour un sujet aussi léger, et chaque Église continua à suivre la tradition reçue.

Nous mentionnerons parmi les autres conciles le troisième de ceux qui furent tenus à Carthage (il était composé de soixante-six évêques présidés par saint Cyprien, qui décidèrent que le baptême serait administré aux nouveau-nés); celui d'Arles, où il fut statué (contrairement à l'avis des autres conciles de Carthage) que l'hérétique, baptisé canoniquement, quand il revenait à la vérité, ne devait pas être baptisé de nouveau, mais qu'il suffisait de lui imposer les mains; celui d'Ancyre, où il fut établi que si le diacre déclarait au moment de l'onction ne pouvoir observer le célibat, il pourrait se marier sans être interdit de ses fonctions, mais que s'il ne le faisait pas à ce moment, il ne devrait plus songer à prendre femme. Ces assemblées, les premières où l'on ait vu le peuple appelé à discuter ses propres croyances, sont, indépendamment de toute autre chose, très-importantes pour l'histoire en ce qu'elles font connaître la discipline et les mœurs. L'Église en effet est si admirablement constituée, que, tout en restant immuable quant au dogme, elle s'adapte, quant à la discipline, aux nécessités des temps et aux variations de la société. Sous ce rapport le concile d'Elvire en Espagne nous paraît mériter une mention particulière; dix-neuf évêques, vingt-six prêtres, un grand nombre de diacres, y firent, en présence du peuple, quatre-vingt-un canons de discipline. Les premiers, concernant l'idolâtrie, prévoient les cas nombreux que multipliaient alors les habitudes de la vie, et imposent de graves pénitences à ceux qui montent au Capitole, donnent des spectacles, fournissent des vêtements pour les fêtes mondaines, tolèrent chez eux des idoles, à moins cependant qu'ils ne le fassent

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pour ne pas exciter de soulèvements parmi les esclaves; car celui qui est tué en abattant des idoles ne doit pas être compté parmi les martyrs, cela n'étant pas commandé par l'Évangile. La maîtresse qui tue une de ses esclaves en la frappant est soumise à une pénitence de sept années. Celui qui a dénoncé les autres n'obtiendra point la communion même à l'article de la mort. L'adultère n'obtiendra son pardon qu'à la fin de ses jours; et même alors il en sera privé, s'il est tombé en récidive après la pénitence, ainsi que celui qui a été de connivence dans le déshonneur de sa femme, ou qui a aidé à un avortement, ou abusé des jeunes garçons, ou mis ses propres filles dans la mauvaise voie. Le divorce est prohibé. Les chrétiennes ne doivent pas être données en mariage à des gentils ou à des juifs. Défense est faite d'ordonner dans une province ceux qui ont été baptisés dans une autre, ainsi que les affranchis de maîtres païens. Les évêques, les prêtres, les diacres, ne peuvent prendre femme, ni avoir avec eux d'autres personnes du sexe que leurs sœurs ou des filles consacrées à Dieu : ils ne doivent pas abandonner leur résidence pour aller aux marchés. La courtisane, le cocher du cirque, le mime, qui demandent le baptême, sont obligés de renoncer à leur métier. Défense aux femmes de passer la nuit à prier dans les cimetières, ce qui est une occasion de désordres. Il ne doit pas y avoir de peintures dans les églises. Le diacre qui, avant l'ordination, a commis un péché secret, doit s'en confesser de lui-même et subir trois années de pénitence; cinq, s'il est dénoncé par un autre. Cela indique que les clercs restaient assujettis à la pénitence publique, tandis que plus tard il fallait d'abord qu'ils fussent dégradés.

Les empereurs accordèrent divers priviléges au clergé, et d'abord l'édit de Constantin attribua aux églises le droit de posséder des biens-fonds; ce qui fit qu'elles n'eurent plus pour unique ressource les aumônes des fidèles; les dons et les legs suffirent tout à la fois au culte, aux besoins des pauvres, et à entretenir honorablement les ministres du Seigneur. Ceux-ci ne purent ni disposer par testament des biens acquis par eux, ni aliéner les propriétés ecclésiastiques.

Comme l'Église se trouvait avoir dans son sein tout ce qu'il y avait de plus éminent par la naissance, par l'esprit, l'habileté, l'expérience des affaires, la vertu, elle dut, placée extérieurement dans la société, donner à ses ministres cet éclat qui n'accroît pas

la valeur de l'homme, mais qui l'honore et le fait considérer, en le mettant au niveau des grands de la terre. Si ces derniers, qui pourtant ont l'épée au côté, croient nécessaire l'appareil extérieur, pourquoi le refuser à un pouvoir qui n'a qu'une influence morale? On ne serait en droit de lui en faire un reproche qu'autant que l'Église prendrait le moyen comme but, l'accessoire pour le principal; et si, au lieu de spiritualiser ses prérogatives extérieures par la vie intérieure, elle rendait celle-ci matérielle en la chargeant d'intérêts mondains.

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Le sacrifice, qui se consommait d'abord en particulier dans la prison des martyrs ou sur leur tombe, soit par l'évêque, soit par le prêtre, sans autres assistants que le diacre, et même dans des cellules, se célébra solennellement plus tard avec tous les évêques ou prêtres et tout le clergé qu'il fut possible de réunir. On trouva nécessaire alors d'introduire dans les églises, pour plus grande pompe, les vases d'or et d'argent.

Les ecclésiastiques n'étaient pas vêtus primitivement d'une autre manière que les laïques, obligés qu'ils étaient de se cacher (1); et l'habillement ordinaire des chrétiens se composait du manteau philosophique jeté sur la tunique, laquelle est encore conservée aujourd'hui avec peu de différence par les prêtres. La toge majestueuse tombait déjà en désuétude au temps d'Auguste (2); on la réservait seulement pour certaines cérémonies publiques, bien que lui-même, et plus tard Adrien, essayassent d'en ramener l'usage: elle fut ensuite abandonnée tout à fait lors de l'invasion des barbares, et les ecclésiastiques seuls conservèrent quelque trace de l'ancien costume; ils en vinrent ainsi à se trouver habillés autrement que le commun des citoyens.

Déjà au quatrième siècle les évêques, dans l'exercice de leurs fonctions sacrées, se couvraient la tête d'un bonnet ou mitre, semblable aux tiares et diadèmes (infula) des prêtres égyptiens et grecs; mais la mitre élevée et à double pointe (3) ne fut pas en usage avant le huitième siècle, et les pontifes ne portèrent pas avant le dixième la tiare, qui fut d'abord simple et unie. Puis Alexandre III la ceignit d'une couronne; Boniface VIII en ajouta une seconde, et

(1) Il en est parlé plus au long au livre VII, chap. 19.

(2) SUÉTONE, Vie d'Auguste, 10.

(3) Nous la voyons accordée par le pape en 847, à titre de faveur spéciale.

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