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L'Église de Rome joignait à l'avantage de se trouver dans la première ville du monde, la gloire d'avoir été fondée la première parmi les Églises d'Occident et par le plus grand des apôtres; d'avoir été arrosée de son sang et de celui de saint Paul; ce qui faisait considérer volontiers son évêque comme le chef de la hiérarchie, bien que les autres patriarches élevassent de temps à autre des prétentions contraires.

des papes.

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La suprématie de l'évêque de Rome étant le point capital de la suprématie constitution catholique, tous les dissidents et plusieurs catholiques même se levèrent pour la nier ou pour la restreindre. Sans traiter cette question, nous dirons que la venue de saint Pierre à Rome est attestée dès les premiers siècles, et que dès lors les évêques de Rome exerçaient, en certains cas, une juridiction sur les autres évêques; ce dont font foi différents passages des Pères, et spécialement le concile de Sardique (1), qui permet aux prélats d'appeler de la sentence synodale à l'évêque de Rome. Cette suprématie cepen-dant était plutôt d'ordre et de dignité que de pouvoir ou de juridiction, au moins dans la pratique (2). Quand l'Église universelle fut légalement reconnue, qu'elle put réunir ses représentants et publier ses décrets par tout l'empire, l'autorité du saint-siége se fonda sur des actes légitimes, émanés de la puissance ecclésiastique et confirmés par le pouvoir civil. Gratien et Valentinien ordonnèrent que tout évêque pût porter appel devant le pontife de Rome contre les sentences du métropolitain, qui, dans ce cas, devait exprimer les motifs de sa décision: Valentinien III, malgré l'opinion de saint Hilaire, évêque d'Arles, voulut que les évêques fussent tenus de se soumettre aux arrêts émanés du pape de la ville éternelle (3). Le concile de Chalcédoine demanda à saint Léon la

(1) Can. 3, 4, 5.

(2) « La suprématie monarchique du souverain pontife........ n'a point été sans doute, dans son origine, ce qu'elle fut quelques siècles après; mais c'est en cela précisément qu'elle se montre divine: car tout ce qui existe légitimement, et pour des siècles, existe d'abord en germe, et se développe successivement. ›› DE MAISTRE, Du Pape.

(3) Hoc perenni sanctione decernimus, ne quid tam episcopis gallicanis quam aliarum provinciarum CONTRA CONSUETUDINEM VETEREM, liceat sine papæ urbis æternæ auctoritate tentare, sed illis omnibus pro lege sit, quidquid sanxit vel sanxerit apostolicæ sedis auctoritas, ita ut quisquis episcoporum ad judicium romani antistitis evocatus venire neglexerit, per moderatorem ejusdem provinciæ adesse cogatur. Code Théod., année 445. Cette suprématie étant le fondement de l'unité catholique, tous ceux qui s'en dé35

T. V.

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confirmation de ses décrets; les évêques d'Orient écrivirent au pape Symmaque, en reconnaissant que les brebis du Christ avaient été confiées au successeur de saint Pierre dans tout le monde habité; ceux de l'Épire demandèrent à Hormisdas d'approuver l'élection qu'ils venaient de faire d'un évêque. Ce pape rédigea un formulaire que les évêques durent transmettre signé d'eux aux métropolitains, ceux-ci aux patriarches, les patriarches au pontife, comme symbole de l'unité que les Églises d'Orient acceptèrent, s'empressant de mériter la communion du siége apostolique, dans lequel réside la véritable et entière solidité de la religion chrétienne. Nous verrons plus tard ce qui contribua à mieux consolider encore, même extérieurement, la suprématie papale.

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L'Église, dans les premiers siècles, ne connaissait d'autres paPatriarches. triarches que les évêques de Rome, d'Alexandrie et d'Antioche. << Ces trois anciens patriarches, écrit Grégoire le Grand, sont assis << sur une seule et même chaire apostolique; ils exercent une su« prématie, parce qu'ils ont hérité du siége de saint Pierre et de son Église, que le Christ fonda dans l'unité, en lui donnant un chef unique pour présider aux trois siéges principaux des trois cités royales, afin qu'elles fussent liées du noeud indissoluble de l'unité, et liassent étroitement les autres Églises au chef divine«ment institué pour être le sommet de l'unité entière. » Ces patriarches dépendaient de celui de Rome, attendu que ce fut saint Pierre qui ordonna saint Évode et saint Ignace, patriarches d'Antioche, et que saint Marc fut envoyé par lui pour fonder le siége d'Alexandrie. Mais à leur tour les patriarches exerçaient leur autorité sur les métropolitains et sur les évêques de la province entière (1); ils les ordonnaient, recevaient l'appel de leurs sentences, convo

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tachèrent durent la combattre. Ils objectèrent donc que le décret de Gratien se rapportait au schisme d'Ursicin, alléguant que, pour ce cas particulier seulement, l'empereur avait étendu la juridiction de l'évêque de Rome dans tous les lieux où le schisme s'était répandu. En ce qui concerne le concile de Sardique et le décret de Valentinien III, comme il était impossible de n'y pas voir la reconnaissance de la suprématie papale, ils prétendirent que le premier n'était composé que d'évêques d'Occident, et que l'empereur ne pouvait nullement promulguer des lois auxquelles l'Orient fût tenu d'obéir.

(1) « Nous pensons que, comme vous ordonnez les métropolitains de votre autorité propre, vous ne devez pas permettre que d'autres créent des évêques à votre insu et sans votre approbation. » Ép. d'Innocent I à Alexandre, patriarche d'Antioche.

quaient les synodes, et statuaient dans les causes importantes. Les glorieux souvenirs qui se rattachaient à Jérusalem y firent aussi établir par la suite un patriarche qui, après la destruction de la ville, se transporta à Césarée. Il revint à Jérusalem au temps du concile de Chalcédoine, et il avait sous sa direction l'Arabie Pétrée et les trois Palestines. L'évêque de Constantinople fut aussi élevé à cette dignité, quand cette ville devint siége de l'empire. Celui d'Aquilée obtint le même titre et, il le transmit ensuite à l'évêque de Venise.

Dans l'Orient, d'autres dignitaires gouvernaient, sous le nom de catholiques, les Églises principales placées hors de l'empire, comme celles d'Arménie, de Perse, d'Abyssinie, ayant leur siége à Sis, à Séleucie, à Axum: ils recevaient l'investiture ecclésiastique des patriarches d'Antioche ou d'Alexandrie; et une fois institués, ils exerçaient la même juridiction que les patriarches, réunissant les conciles, consacrant et jugeant les évêques, donnant la solution des controverses, déléguant des vicaires et des exarques dans les provinces éloignées.

On appelait vicaires apostoliques les légats envoyés par le pape avec des pouvoirs extraordinaires, pour maintenir ou rétablir l'ordre et l'union dans une Église, instituer des évêques et des monastères dans des pays nouvellement convertis. Les exarques étaient députés avec les mêmes attributions par les patriarches; et dans les lieux où ceux-ci n'existaient pas, ils étaient suppléés par les primats, qui avaient sous leur dépendance les métropolitains de tout un pays ou royaume, et qui résidaient dans les villes où se trouvaient les vicaires impériaux. En 417, le pape Zosyme conféra le titre de primat des Gaules à Patrocle d'Arles, avec le droit d'ordonner les évêques de la Narbonnaise et de la Viennoise, de prononcer sur leurs différends, de déléguer la décision des affaires à des personnes de son choix, en réservaut néanmoins au saint-siége les causes d'une importance majeure. Les autres Églises voulurent par la suite se rendre indépendantes de celle d'Arles, ce qui fit que la France finit par avoir huit primats, savoir, les évêques d'Arles, de Vienne, de Narbonne, de Lyon, de Sens, de Bourges, de Bordeaux et de Rouen. En Italie, les principaux siéges étaient à Rome et à Milan. Dans l'Espagne citérieure, Tarragone; Séville, dans l'ultérieure; Braga, dans le pays des Suèves, depuis le Portugal; Cantorbéry, en Angleterre; Armagh, en Irlande;

Prêtres.

Diacres.

Saint-André, en Écosse; Mayence, en Germanie; Gnesen, en Pologne; Upsal, en Suède; Landen, en Danemark, obtinrent à différentes époques un primat, avec différents priviléges spirituels et politiques.

Dans l'origine les prêtres, étrangers au culte et à l'instruction religieuse, étaient des anciens chargés par les évêques de la surveillance des bonnes mœurs et de l'administration des intérêts temporels; par la suite ils devinrent leurs aides et leurs conseils, et, ordonnés par l'imposition des mains, ils dirigeaient les prières, célébraient le saint sacrifice. Quand les évêques étaient empêchés, ils baptisaient, infligeaient la pénitence dans les cas urgents; quelquefois aussi ils administraient la parole (1).

Les apôtres nommèrent à Jérusalem, avant d'avoir communiqué le sacerdoce, sept diacres qui propageaient la vérité, recevaient et distribuaient les aumônes des fidèles, portaient les messages d'une Église à une autre, et réglaient la discipline.

L'ordination ne se demandait pas comme le baptême et la pénitence, mais le peuple la réclamait pour ceux qu'il en jugeait dignes; ou bien encore ils étaient choisis par l'évêque avec l'assentiment des fidèles, parfois même contre la volonté de l'élu (2).

Quand l'Eglise eut obtenu de subsister en paix, les ordres inférieurs des sous-diacres, des acolytes, des lecteurs, des exorcistes, des hostiaires et des clercs ou hérauts, furent introduits successivement. Ce n'étaient pas toutefois des degrés nécessaires comme aujourd'hui, et chacun demeurait à son poste tant qu'il plaisait à l'évêque, les tâches étant diverses dans la maison de Dieu. A l'imitation même de la hiérarchie très-compliquée introduite alors dans l'empire par Constantin, les clercs inférieurs furent multipliés à l'excès; tellement que dans Alexandrie il y avait six mille parabolans pour visiter les malades, et onze cents copiats à Constantinople pour creuser les tombes. On instituait en même temps les dignités nouvelles d'archiprêtres, d'archidiacres, de cartulaires, de notaires, de syncelles. L'élévation se réglait par degrés et par intervalles; chaque grade avait son costume distinct et la tonsure; le célibat était plus rigoureusement exigé, et certains métiers

(1) Sacerdotem oportet offerre, benedicere, præesse, prædicare, baptizare. Le Pontifical.

(2) Quod plebs ipsa maximam habeat potestatem vel eligendi dignos sacerdotes, vel indignos recusandi. SAINT CYPRIEN, Ép. 67.

ainsi que certaines occupations séculières étaient interdits aux ecclésiastiques.

La communauté des biens, possible dans une société restreinte, Biens. cessa d'être opportune quand l'Église se fut étendue; les prosélytes purent alors conserver leurs propriétés, et les augmenter individuellement par le négoce, par l'industrie, par les successions; ils étaient obligés seulement à secourir leurs frères indigents, et à faire une offrande dans les assemblées hebdomadaires ou mensuelles, pour les besoins du culte et de ses ministres, ou pour des œuvres de piété. Une quête dans Carthage produisit en un instant cent mille sesterces destinés à racheter les frères de Numidie faits esclaves par les barbares du désert (1). Cependant, comme les lois impériales défendaient aux colléges et corporations de posséder des biens fonds sans une autorisation du sénat ou de l'empereur, les Églises n'eurent des propriétés immobilières que vers la fin du troisième siècle. L'argent recueilli était gardé par l'évêque, qui le distribuait selon le besoin par l'intermédiaire des diacres. Il en était fait généralement trois parts: la première pour l'entretien de l'évêque et du clergé; la seconde pour le culte et les banquets de charité; la dernière pour les pauvres, les voyageurs, les esclaves, les prisonniers, pour sauver la vie et l'âme des enfants exposés, et surtout pour ceux qui avaient souffert ou souffraient pour la justice. Ni l'éloignement des provinces, ni la diversité de nations, ni même la différence de religion, ne mettaient des bornes, à la charité. L'Église romaine secourait ceux qui étaient le plus loin d'elle (2); Julien l'Apostat reproche aux siens de ne pas faire comme les chrétiens, qui assistent les pauvres même lorsque ce sont des gentils (3).

cations.

Cette société sans armes au milieu d'un monde armé, n'ayant Excommuniaucun moyen coercitif à sa disposition, ne punissait ses membres vicieux qu'en les excluant de son sein, comme peut le faire toute agrégation envers quiconque manque aux conventions arrêtées. La première excommunication fut lancée dans Corinthe par saint Paul (4). Le pécheur scandaleux, l'apostat, l'homicide, l'hérétique, étaient privés de la participation aux oblations des fidèles, à leurs prières; on les fuyait comme des êtres souillés, jusqu'à ce qu'ils eussent expié leurs fautes par une longue pénitence, en devenant

(1) SAINT CYPRIEN, Ép. 62.

(2) Denys de Corinthe, dans EUSEBE, IV, 23.

(3) Ép. 49, et LUCIEN, Peregrin.

(4) Ad Corinthios, I, 2, 6,

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