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il bannit les jurisconsultes, les avocats, les gens de lettres, et fit rendre les jugements par des guerriers entièrement étrangers aux lois. Mais il se vit dévoré par des ulcères honteux et par des insectes dégoûtants, sans pouvoir trouver de soulagement ni de la part des médecins, qu'il envoyait souvent au supplice, ni de celle d'Apollon et d'Esculape, qu'il ne cessait d'invoquer. Croyant que le ciel le châtiait pour la persécution contre les chrétiens, il la suspendit par un édit promulgué en son nom, en celui de Licinius et de Constantin, et mourut peu de temps après.

Maximin accourut de l'Orient pour occuper ses provinces; Licinius ne mit pas moins de hâte à venir s'y opposer. Ils conclurent enfin un arrangement qui leur donna pour limites l'Hellespont et le Bosphore de Thrace: mais c'était une transaction d'ennemis. En effet, les deux rivages furent couverts de troupes. Licinius rechercha l'amitié de Constantin, Maximin celle de Maxence; et les peuples, harassés du délire des princes, restèrent dans une attente pleine d'anxiété.

Valérie, fille de Dioclétien, et veuve de Galère, s'était retirée près de Maximin, qui, s'éprenant d'elle, lui offrit de l'épouser en répudiant sa femme; sur son refus, il conçut contre elle tant de haine qu'il la bannit dans les déserts de la Syrie, avec sa mère Prisca. Il alla jusqu'à punir de mort ses amis et les personnes qui étaient à son service. Jamais Dioclétien ne put obtenir de lui que ni sa femme ni sa fille vinssent le joindre pour soutenir sa vieillesse.

Maxence tyrannisait l'Italie et l'Afrique; un empereur qui surgit encore dans cette dernière province lui fournit un motif d'y porter le carnage, de saccager Cirtha et Carthage, et de prolonger les supplices et les confiscations. Ses folles prodigalités épuisaient Rome et la péninsule. Il exigeait, dans des occasions multipliées, des dons volontaires de la part des sénateurs, déchaînait contre eux son courroux sur le moindre soupçon, en même temps qu'il déshonorait leurs femmes et leurs filles par la séduction ou par la violence. Il contraignit le gouverneur de Rome à lui céder Sophronie sa femme; mais celle-ci, vertueuse et chrétienne, demanda quelques instants pour se vêtir convenablement, et se tua après avoir prié. Les soldats, auxquels il permettait de l'imiter, pillaient, tuaient et violaient l'un recevait de Maxence la maison de campagne d'un sénateur, l'autre sa femme; tandis que lui s'occupait de magie dans son voluptueux palais, cherchait à lire l'avenir dans des en

Mort deGalèrc

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Février.

trailles de femmes ou d'enfants, et se vantait d'ètre seul empereur, les autres n'étant que ses lieutenants. Le contraste faisait ressortir davantage le bonheur dont jouissaient les provinces gouvernées par Constantin, qui, protégées contre les barbares, avaient éprouvé quelque soulagement par la diminution des impôts. A la nouvelle que Maxence réunissait une armée nombreuse pour lui ravir l'empire, sous le prétexte de venger son père, il le prévint, et marcha sur l'Italie, hâté par le peuple et le sénat, qui l'appelaient à la délivrance de l'ancienne reine du monde.

Maxence, qui mettait toute sa confiance dans ses soldats, s'efforçait de se les attacher. Il avait réorganisé les corps des prétoriens et armé quatre-vingt mille Italiens, en leur adjoignant des Maures, plus des Siciliens; ce qui portait à cent soixante-dix mille hommes de pied et à dix-huit mille chevaux les forces dont il disposait (1). Constantin n'avait en tout que quatre-vingt-dix mille fantassins et huit mille cavaliers. Les ayant donc distribués sur les points où ils étaient nécessaires pour la défense de son territoire, il ne put se faire suivre que de quarante mille soldats. Mais c'étaient des hommes d'élite, aguerris contre les robustes Germains, et ils avaient à leur tête un chef expérimenté qui s'était fait aimer d'eux.

Tandis que sa flotte attaquait la Corse, la Sardaigne et les ports de l'Italie, il franchit les Alpes Cottiennes, et se trouva à Suse, au pied du mont Cénis, avant que Maxence sût qu'il avait quitté les bords du Rhin. Après s'être emparé de cette ville de vive force, il rencontre dans les plaines où coule la Dora un corps de troupes italiennes, dont hommes et chevaux sont bardés de fer, et le culbute. Il entre à Turin, puis à Milan, et Vérone se rend à lui à discrétion, lorsqu'il a défait Pompéianus, qui la défendait avec beaucoup d'habileté.

Durant ce temps, Maxence s'étourdissait au milieu des plaisirs ou se faisait illusion; enfin ses officiers se décidèrent à lui représenter l'imminence du danger. Une troisième armée fut donc mise sur pied, et il en prit le commandement malgré lui, hon

(1) Romagnosi (Dell' indole e dei fattori dell' incivilimento, p. II, c. 2, § 2), adoptant l'opinion de quelques-uns, représente Maxence comme faisant un' opposizione armata in senso nazionale. J'ai recherché avec soin sur quoi pouvait se fonder une pareille opinion, et je ne lui ai pas trouvé le moindre fondement.

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teux des gémissements de la multitude, et encouragé par cette réponse ambiguë des livres Sibyllins : « Dans ce jour périra l'ennemi de Rome. » Les deux adversaires se rencontrèrent à neuf milles de Rome, dans un lieu nommé Saxa rubra; Maxence vit son ar mée taillée en pièces, et lui-même, en fuyant, tomba du pont Mil- Mort de Mavius dans le Tibre. Constantin se trouva ainsi avoir terminé la guerre en cinquante-huit jours depuis son départ de Vérone.

Maître de Rome, il extermina tout ce qui appartenait à la famille du tyran; mais il refusa fermement aux clameurs de la multitude la mort des principaux partisans de Maxence. Il fit trêve à la cruauté dès qu'elle ne fut plus nécessaire, oublia le passé, licencia les prétoriens, et détruisit leur camp. Les délateurs furent repoussés, et ceux que Maxence avait opprimés se trouvèrent soulagés. En deux mois, disent les panégyristes de ce prince, les plaies faites par six ans de tyrannie furent cicatrisées.

Il renditjau sénat sa splendeur, et en obtint toutes sortes d'honneurs en retour. Il eut le premier rang parmi les empereurs; un are de triomphe qui subsiste encore lui fut élevé ; plusieurs édifices commencés par Maxence furent dédiés en son nom, pour ne rien dire des fêtes brillantes qui attirèrent du dehors une foule infinie. Constantin donna sa sœur pour femme à l'empereur Licinius; et Dioclétien ayant refusé d'assister aux cérémonies du mariage, les empereurs lui écrivirent des lettres d'un ton si rude, que sa mort en fut peut-être hâtée. Constantin marcha ensuite contre les Francs, qui réunissaient des forces pour attaquer l'empire; et les ayant prévenus, il dévasta leur territoire, en leur faisant beaucoup de prisonniers, dont un grand nombre fut jeté aux bêtes.

Cependant Maximin ne ralentissait pas les persécutions contre les chrétiens, qui regardaient comme un châtiment du ciel la famine et une épidémie qui désolèrent les provinces, ainsi que la guerre de la grande Arménie, qui se souleva parce que le tyran voulut mettre obstacle au culte du vrai Dieu (1). Il en vint à une rupture ouverte avec Licinius, dont il avait pris ombrage et qu'il attaqua; mais, vaincu complétement, il s'enfuit jusque dans la Cappadoce, puis, assailli d'horribles souffrances, il mourut à Tarse.

Licinius et Constantin demeurés ainsi maîtres, le premier de toutes les provinces d'Orient, l'autre de toutes celles d'Occident,

(1) EUSEBE, IX.

xence.

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on pouvait espérer que le calme renaîtrait bientôt. Il en fut autrement, et les prétextes ne manquèrent pas. Constantin défit son rival dans la Pannonie et dans les plaines de la Thrace, puis lui accorda la paix. Elle dura quelque temps; mais Constantin ayant poursuivi les Sarmates et les Goths, qu'il avait mis en déroute, jusque sur le territoire de Licinius, les plaintes se renouvelèrent, et finirent par amener la guerre. Licinius, battu de nouveau près d'Adrianopolis, vit sa flotte détruite dans le détroit de Gallipolis, et fut obligé de demander la paix, qu'il obtint.

Mais Constantin, informé qu'il recommençait à lever des troupes et appelait à son aide jusqu'aux barbares, le prévint dans ses projets, et le défit si complétement, qu'il ne vit pour lui d'espoir de salut qu'en allant se jeter aux pieds du vainqueur et en déposant la pourpre : Constantin l'accueillit avec bonté, voulut qu'il se plaçât à table près de lui, et l'envoya à Thessalonique avec toutes sortes d'égards. Peu après il l'y fit étrangler. L'empire se trouva alors réuni sous la main vigoureuse de Constantin.

CHAPITRE XXV.

AGE HÉROÏQUE DU CHRISTIANISME (1).

Quand Constantin marchait contre l'Italie, on raconte qu'un prodige frappa ses regards et ceux de toute l'armée. Deux lignes rayonnantes en forme de croix lui apparurent sur le soleil, avec cette inscription en lettres de feu: Tu vaincras par ce signe.

(1) Voyez BOLLANDI et HENSCHENII, Acta sanctorum quotquot orbe coluntur. Anvers, 1643-1694.

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Un songe lui apprit ensuite que la volonté du ciel était qu'il adoptât cette croix pour enseigne. Il en fit donc faire une qu'il attacha sur son étendard avec le monogramme du Christ; et elle remplaça les images des dieux qu'il était d'usage de porter en tête des armées (1).

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BLUMHARDT, Hist. générale du Christianisme dans tous les pays, etc. Ouvrage allemand, trad. en franç. par COSTE. Valence, 1838. Il existe en outre des Histoires particulières des Églises de chaque pays, telles que l'Italia sacra, par UGHELLI; le Gallia christiana, par SAINTE-MARTHE; l'España sagrada, par FLORES; l'Anglia sacra (Lond., 1691); l'Africa christiana, de Morcelli, etc. (1) L'étendard ainsi consacré fut appelé Labarum, mot qui déjà désignait l'enseigne impériale.

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