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sonnier. 250.

la hâte. Mais il marcha contre Sapor, qui le vainquit et le fit pri- Valérien prisonnier. Le roi des rois, enorgueilli au delà de toute expression de son triomphe et de cette proie opime, le conduisit enchaîné à travers les principales villes, lui appuyant le pied sur le dos pour monter à cheval. Quand l'empereur fut mort après plusieurs années de captivité, il fut écorché, et sa peau, suspendue dans un temple, resta comme un souvenir perpétuel de la honte des Romains. Tel est du moins le récit de quelques historiens; d'autres, au contraire, affirment que le roi victorieux n'usa point de cruauté à l'égard de son prisonnier, dont la plus grande douleur fut de voirson fils, loin de chercher à hâter sa délivrance, se réjouir d'un revers qui avançait pour lui l'instant de régner. Aux yeux des chrétiens, ce désastre fut un châtiment de la persécution dirigée vie persécupar l'empereur contre les fidèles, à l'instigation de Marcien, célèbre magicien venu d'Égypte, qui lui persuada que jamais l'empire ne pourrait prospérer, tant que ne serait pas anéanti un culte en abomination aux dieux de la patrie.

A la nouvelle de la défaite de Valérien, tous les ennemis de Rome se précipitent contre elle comme de concert les Goths et les Scythes dévastent le Pont et l'Asie, les Alemans et les Francs se jettent sur la Rhétie, et pénètrent jusqu'à Ravenne; les Quades et les Sarmates occupent la Dacie et la Pannonie; d'autres envahissent l'Espagne et prennent Tarragone. Gallien, demeuré seul maître de l'empire, accourt de la Gaule pour sauver Rome. Le péril y avait réveillé l'énergie des sénateurs, qui firent marcher les prétoriens restés en garnison, en leur adjoi gnant les plébéiens les plus robustes, ce qui détermina la retraite des barbares. Cet accès de courage donna de l'ombrage à Gallien craignant pour lui-même ces velléités belliqueuses, il interdit aux sénateurs toute fonction militaire, leur défendant même d'approcher du camp des légions: ceux d'entre eux que les richesses avaient amollis ne virent là qu'une exemption, qu'ils acceptèrent comme une faveur.

Les barbares une fois repoussés de la Dacie et de l'Italie, Gallien chercha à se les rendre favorables en contractant avec eux des liens de parenté; et il épousa la fille de Pipas, roi des Marcomans, quoique la vanité romaine eût toujours considéré de pareilles unions comme profanes. Il dut alors accourir dans l'lllyrie, où il défit et tua Ingénuus qui s'était fait proclamer empereur ;

tion.

257.

Régillus.

Posthumius.

Baliste.

puis, pour se venger, il fit passer au fil de l'épée les habitants de la Mésie, innocents ou coupables (1). Il ne suffit pas, écrivait-il à Vérianus Céler, que tu fasses mourir simplement ceux qui ont porté les armes contre moi, et qui auraient pu périr dans la mélée je veux que dans chaque ville tu extermines, jeunes ou vieux, sans en épargner un seul, tous ceux qui m'ont voulu du mal ou qui ont parlé injurieusement de moi, fils, père et frère de princes. Fais comme je ferais moi-même, qui t'écris de ma propre main (2).

Ce décret, dicté par la fureur, allait être exécuté, quand ceux qu'il menaçait, poussés au désespoir, proclamèrent empereur Q. Nonius Régillus. Dace d'origine et descendant de Décébale, qui combattit contre Trajan, sa vaillance était si grande, que Claudius (futur empereur) lui avait écrit, à l'occasion de ses victoires : Il fut un temps où l'on l'aurait décerné le triomphe : aujourd'hui je te conjure de vaincre avec la plus grande précaution, et de ne pas oublier qu'il est quelqu'un à qui tes succès porteraient ombrage. Cette valeur le porta sur le trône, mais ne put l'y maintenir, car bientôt il fut tué par ses soldats.

Un autre empereur avait surgi dans les Gaules. Cassius Labiénus Posthumius, de basse origine, mais excellent capitaine, assiégea, dans Cologne, Saloninus, fils de Gallien, le tua, et reçut l'hommage de la Gaule, de l'Espagne, et de la Bretagne. Durant les sept années qu'il se soutint, il chassa les Germains de la première de ces provinces, rétablit la tranquillité, et se fit aimer.

Tant de troubles intérieurs donnaient aux Perses toute facilité pour ravager à leur gré les provinces de l'Orient. Sapor, ayant pénétré dans la Cilicie, saccagea Tarse, occupa Césarée, dont il massacra les habitants, en déclarant qu'il voulait passer d'une montagne à l'autre, après avoir comblé de cadavres la vallée qui les séparait. Chaque jour il faisait conduire les prisonniers à l'abreuvoir, comme un troupeau ; on ne leur jetait que la nourriture nécessaire pour prolonger leurs souffrances.

Cependant Baliste, capitaine des prétoriens sous Valérien, ayant rassemblé les débris de l'armée de ce prince, ose tenir tête

(1) Voy. dans l'Histoire Auguste, TREBELLII POLLIONIS Valerianus, Gallieni duo, triginta tyranni (allemand); MANSO, Les trente tyrans, qui font

suite à sa Vie de Constantin.

(2) Vies des trente tyrans, c.

VIII.

aux Perses; suppléant au nombre par la rapidité et par la tactique, il délivre Pompéiopolis en Cilicie, taille en pièces les Perses dans la Lycaonie, fait beaucoup de prisonniers, et s'empare des femmes de Sapor; puis, se retirant avant d'être rejoint par ce prince, il arrive comme l'éclair à Sébaste et à Corissa de Cilicie, où il surprend et massacre les envahisseurs.

Sapor eut encore pour adversaire Odénat de Palmyre, cheick d'une tribu de Sarrasins, aguerri dès l'enfance par la chasse et les combats. Quand il vit Sapor devenu redoutable par sa victoire sur Valérien, il lui adressa des protestations de soumission, et une longue file de chameaux chargés des dons les plus rares. Le roi des rois trouva qu'il y avait de l'insolence, de la part d'un homme sans nom, à oser lui écrire; il déchira sa lettre, fit jeter ses présents dans le fleuve, et répondit qu'il lui apprendrait ses devoirs en l'exterminant lui et les siens, à moins qu'il ne vînt se prosterner à ses pieds, les mains liées derrière le dos.

Cet outrage fit frémir d'indignation l'Arabe, qui jura d'humilier tant d'arrogance ou de périr. Se déclarant donc pour les Romains, dont Palmyre était alors colonie, il s'unit à Baliste et le seconda de tout son pouvoir. Sapor, désolé de la perte de ses femmes et redoutant de plus grands revers, battit en retraite devant ces deux adversaires audacieux. Mais comme il passait à peu de distance de Palmyre, Odénat tomba sur lui, et tailla en pièces son arrièregarde. Contraint alors de traverser l'Euphrate en désordre, il perdit beaucoup de monde, et se vit réduit à acheter de la garnison romaine d'Édesse la faculté de se retirer sans être inquiété, moyennant l'abandon de tout l'or qu'il emportait du pillage de la Syrie.

Odénat.

En pénétrant l'année suivante dans la Mésopotamie, Odénat reprit Nisibe et Carrhes, puis s'avança jusqu'au centre de l'empire pour délivrer Valérien. Il défit Sapor en bataille rangée, et le força à s'enfermer avec sa famille dans Ctésiphon. Alors de tout le royaume accoururent les seigneurs perses pour défendre la capitale; mais Odénat les mit en déroute, et peut-être ses efforts auraient été couronnés de succès, si les séditions renaissantes au sein de l'empire n'eussent rendu toute grande entreprise impossible. Nommé par Gallien, en récompense de ses services signalés, Palmyre. commandant général de toutes les forces romaines en Orient, Odénat prit le titre de roi de Palmyre. L'histoire de cette ville est un épisode oriental au milieu des sombres horreurs des tyrans

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latins et des invasions de barbares. Nous avons vu avec quelle opportunité Salomon l'avait fondée dans le désert, à trois journées de l'Euphrate, pour servir de halte aux caravanes allant de l'Europe dans l'Inde. Elle devint florissante sous les Séleucides, et son commerce et ses richesses s'accrurent durant une longue paix. Strabon n'en fait pas même mention. Pline dit qu'elle était considérable par sa situation, par la richesse de son territoire et ses agréables ruisseaux, et qu'isolée du monde par le vaste désert dont elle était entourée, elle s'était conservée indépendante entre les Parthes et les Romains, désireux à l'envi de la mettre dans leurs intérêts.

Tandis que Baliste et Odénat accomplissaient d'éclatants exploits, Gallien se dégradait au milieu des plus abjectes prostituées. Sa cruauté s'exerçait non contre les sénateurs, comme celle des empereurs précédents, mais contre les soldats, dont il faisait mourir jusqu'à trois et quatre mille dans un jour. Il eut une fois la fantaisie ridicule de se montrer en triomphateur, suivi de faux prisonniers déguisés en Goths, en Sarmates, en Francs et en Perses. Quelques plaisants s'approchèrent de ces derniers, et, facétieux mal à propos, se mirent à les examiner attentivement; comme on leur demanda ce qu'ils observaient avec tant de soin, ils répondirent: Nous cherchons le père de l'empereur. Gallien les fit brûler vifs; mais on ne brûle pas les paroles, et encore moins l'opinion. Il s'amusait aussi à discuter avec le philosophe Plotin, et se proposait de lui confier une ville pour y réaliser la république de Platon. Il composait en outre de beaux vers et d'admirables harangues; il savait orner un jardin et faire avec une grande habileté les apprêts d'un dîner. Il se faisait initier aux mystères de la Grèce, sollicitait une place dans l'aréopage d'Athènes, et prodiguait à ses triomphes immérités, ou au luxe de sa cour, les trésors que réclamaient la misère générale et de grandes calamités. Il ne prenait du reste aucun souci des intérêts publics. On lui apprend la mort de son père. Je savais, répond-il, qu'il était mortel. On lui annonce la perte de l'Égypte : Nous nous passerons de ses toiles; l'occupation de la Gaule: Rome périrait-elle faute des étoffes d'Arras? le pillage de l'Asie par les Scythes: Ne pourrons-nous donc nous baigner sans sel de nitre?

Cette indolence suscitait de toutes parts des usurpateurs; ils TrenteTyrans. sont connus dans l'histoire sous le nom des Trente tyrans, bien que ce nombre ne soit pas exact. Mais comment suivre sans ennui

260.

et sans confusion tous ces ambitieux, dans leur court trajet du trône à la tombe?

Parvenu par sa valeur aux premiers grades militaires, Macrien se révolta contre le fils de Valérien, et avec l'aide de Baliste se fit proclamer empereur. A cette nouvelle, P. Valérius Valens, proconsul dans l'Achaïe, prit le même titre; Pison, envoyé contre lui, en fit autant; c'était le dernier rejeton d'une famille illustre et un homme de grandes vertus; car Valens lui-même, en apprenant qu'il avait été tué, s'écria: Quel compte aurai-je à rendre aux juges infernaux pour la mort d'un homme qui n'avait pas son égal dans l'empire! Le sénat décréta son apothéose, en disant que jamais il n'y avait eu un homme meilleur ni plus ferme.

Macrien.

Valens.

Pison.

Macrien, s'étant avancé contre Gallien, fut défait sur les confins de la Thrace et périt dans le combat. Alors Baliste prit le titre d'empereur, dans Émèse, mettant à mort quiconque tardait à lui rendre hommage; mais un sicaire de Gallien lui arracha la vie. Un Sempronius Saturninus, on ne sait de quel pays, s'arrogea s. Saturninus, aussi ce titre; en Égypte, Émilien se fit proclamer; il s'occupa Émilien. de rétablir l'ordre dans ce pays bouleversé, jusqu'au moment où l'Égyptien Théodote, envoyé contre lui par Gallien, le battit, et, l'ayant pris, le fit conduire à Rome, où il fut étranglé en prison, selon l'antique usage. Dans l'Asie Mineure les Isauriens proclamèrent Caius Annius Trébellianus; celui-ci ayant succombé C. A. Trébelsur le champ de bataille, ils refusèrent de se soumettre, et dévastèrent l'Asie-Mineure et la Syrie jusqu'au temps de Constantin. Un Titus Cornélius Gallus, proclamé Auguste en Afrique, fut mis en T. C. Corné croix au bout de sept jours.

lien.

lius.

mius.

L. Elien. 266.

Posthumius, qui s'était soutenu dans les Gaules, s'associa Auré- Fin de Posthu lius Victorinus, et résista aux attaques répétées de Gallien ; il vainquit aussi L. Élien, qui s'était fait empereur à Mayence. Mais ayant refusé à ses soldats le pillage de cette ville, il fut massacré par eux avec son fils. Spurius Servilius Lollianus, qui sp. S. Lollien. lui succéda, fut assassiné à l'instigation de Victorin, qui resta seul maître des Gaules et fut ensuite égorgé par un époux outragé. Il avait désigné son fils pour lui succéder; mais les Gaulois, s'indignant d'obéir à un enfant, élurent M. Aurélius Marius, armurier, M. A. Marius, d'une force et d'une valeur extraordinaires, à qui trois jours après un de ses ouvriers enfonçait une épée dans le cœur, en disant : C'est toi qui l'as forgée. Les soldats le remplacèrent par Tétri- P. Tėtricus.

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