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ciel, ainsi que les choses qu'il y avait vues et apprises: elles étaient telles, que tous les doutes à l'égard du véritable sens du Zendavesta se trouvèrent dissipés. Balk redevint le siége de l'archimage, et la hiérarchie sacerdotale se répandit par toutes les provinces, vivant du produit d'un grand nombre de terres, et de la dîme sur les fruits et sur l'industrie. Tout autre culte fut interdit, les temples des Parthes furent fermés, les images de leurs rois déifiés abattues; et une persécution terrible extermina les hérétiques, les Hébreux et les chrétiens.

L'empire, ramené ainsi à l'unité de croyance, avait aussi besoin d'une administration vigoureuse et uniforme. Les Arsacides avaient attribué héréditairement à leurs fils et frères les provinces et les charges les plus importantes du royaume. Les dix-huit satrapes principaux (vitassi) portaient le titre de roi. Les barbares restaient presque indépendants sur leurs montagnes, ainsi que la plupart des cités grecques de l'Asie supérieure; de sorte que l'empire des Parthes était moins une monarchie qu'un système féodal. Afin d'abolir ce système, Artaxar parcourut les provinces à la tête d'une puissante armée, obligeant chacun à lui rendre hommage, et affermissant partout son autorité, de manière que nul pouvoir désormais ne s'interposa entre le peuple et lui. Il se trouva ainsi l'unique souverain de tout ce qui habitait entre l'Euphrate, le Tigre, l'Araxe, l'Oxus, l'Indus, la mer Caspienne et le golfe Persique. Il promulgua aussi un code qui dura autant que la monarchie, afin d'assurer au pays une administration éclairée et uniforme. L'autorité d'un prince, disait ce conquérant habile, doit être protégée par la force militaire; celle-ci ne se soutient que par les impóts; les impóls tombent en définitive sur l'agriculture; et celle-ci ne peut prospérer que là où elle est protégée par la justice et par la modération.

Les Perses avaient perdu, en faisant la guerre, l'impétuosité fougueuse d'un peuple barbare, sans s'être perfectionnés dans la stratégie des Grecs et des Romains', et sans avoir appris à défendre ni à attaquer les places fortes. L'infanterie était une foule réunie un moment par l'espoir du butin, et suppléant par le nombre au courage, à la discipline. Des femmes, des eunuques, des chevaux, des chameaux, embarrassaient les marches et consommaient vivres et fourrages. Mais la cavalerie était, comme elle est encore, la plus belle et la mieux exercée de l'Orient; elle se composait de la

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334.

Guerre contre

les Germains.

noblesse, qui, dès l'enfance, s'habituait au tir de l'arc, à la tempé-
rance, à la soumission, et recevait du roi les seigneuries, à charge
de service militaire : aussi tous accouraient dès qu'ils étaient ap-.
pelés, et leur premier choc était terrible.

Avec cette organisation militaire, Artaxar se montra menaçant pour ses voisins. Non-seulement il voulut les repousser des contrées qui lui étaient soumises, et se former une frontière à sa convenance, mais encore il se proposa de conquérir tout ce qu'avait possédé Cyrus, dont il se prétendait le successeur. Sans égard pour Alexandre Sévère, il passa l'Euphrate et soumit plusieurs provinces. Il envoya alors à l'empereur, qui s'avançait avec son armée, quatre cents hommes des plus robustes, qui lui dirent: Le roi des rois ordonne aux Romains et à leur chef d'évacuer la Syrie et l'Asie Mineure, et de restituer aux Perses les pays en deçà de la mer Égée et du Pont, possédés par leurs aïeux.

et

Quelque débonnaire que fût Alexandre, il s'irrita de tant d'arrogance; et ayant fait dépouiller ces envoyés de leurs ornements, il les relégua dans la Phrygie: entrant ensuite dans la Mésopotamie, il la recouvra sans coup férir. Artaxar survint avec cent vingt mille chevaux, dix mille hommes de grosse infanterie, dix-huit cents chars de guerre et sept cents éléphants; il n'en fut pas moins qui envahidéfait. Alexandre partagea son armée en trois corps, rent la Parthiène de côtés différents : cette attaque bien combinée aurait pu briser la puissance des Perses, si l'armée ne s'était refusée à pousser en avant et n'avait massacré ses officiers. Alexandre, de retour à Rome, fit au sénat un récit brillant de ses exploits, triompha sur un char traîné par quatre éléphants; il fut honoré des surnoms de Parthique et de Persique; mais la victoire resta à Artaxar, qui reprit aux Romains tout ce qu'ils avaient conquis, et consolida, en quinze années de règne, sa puissance naissante, au point de la rendre menaçante pour l'existence de l'empire romain. Alexandre se préparait à recommencer les hostilités, quand il en fut détourné par les Germains, qui avaient passé le Rhin et le Ayant done couru au Rhin, il les repoussa au delà du il fut arrêté, bien moins par la timidité que lui impute que par le désordre de son armée, qui, se refusant à la

Danube.

fleuve; mais

Hérodien

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fatigue et ennemie de toute discipline, s'irritait de la rigueur avec punissait les moindres fautes; au reste, les soldats s'indi

laquelle

gnaient d'entendre les hérauts répéter continuellement, durant les

marches, sa maxime favorite: Faites comme vous voulez qu'on vous fasse.

Le Goth Maximin, qui commandait un corps de Pannoniens, ne tarissait pas en anecdotes et en plaisanteries sur cet empereur syrien, qui n'agissait, disait-il, que sous le bon plaisir du sénat et de sa mère; il se fit des partisans, et assaillit Alexandre dans son camp près de Mayence, où il l'assassina, avec Mammée : il n'avait encore que vingt-six ans et demi. Les soldats tuèrent ses assassins, à l'exception de leur chef. Peuple et sénateurs pleurèrent le jeune empereur autant qu'il le méritait; et le jour de sa naissance fut célébré par une fête annuelle.

CHAPITRE XXII.

DE MAXIMIN A CLAUDE 11.

Quand l'empereur Sévère, à son retour de l'Orient, solennisa, dans la Thrace, la naissance de Géta, son fils, par des jeux militaires, un jeune homme vigoureux se présenta à lui, implorant, dans une langue barbare, l'honneur de prendre part à la lutte. Sa taille annonçant une grande force, on lui opposa, afin que le barbare n'eût pas à triompher d'un soldat romain, les esclaves les plus robustes du camp. Mais il en renversa seize l'un après l'autre. Il eut pour récompense quelques petits cadeaux ; et ayant été enrôlé, il divertit le lendemain les soldats, en gambadant à la mode de son pays. Comme il vit que Sévère faisait attention à lui, il se mit à suivre son cheval durant une longue course, sans laisser paraître la moindre fatigue. L'empereur, une fois arrivé, voulut éprouver sa force, et lui proposa de lutter; le barbare accepta, et vainquit sept soldats vigoureux. Sévère lui donna un collier d'or, et le fit inscrire parmi ses gardes avec double solde, parce que la solde ordinaire ne suffisait pas à sa nourriture.

Ce colosse s'appelait Maximin; il était né en Thrace, d'un père goth et d'une mère alaine. Il avait huit pieds, et de son bras nerveux il traînait un char qu'une paire de bœufs ne suffisait pas à ébranler; il déracinait des arbres, brisait d'un coup de pied la jambe d'un cheval, broyait des cailloux entre ses doigts, mangeait quarante livres de viande et buvait dans un jour vingt-quatre pintes de vin, quand il n'allait pas au delà.

T. V.

27

233.

Mars.

237.

Gordien.

Avril.

En fréquentant les hommes, ce géant reconnut la nécessité de refréner son naturel farouche, et il sut se maintenir en faveur sous différents empereurs. Alexandre le nomma tribun de la quatrième légion; puis, comme il faisait bien observer la discipline, il lui donna un commandement supérieur, le fit entrer au sénat, et il se proposait de donner en mariage sa propre sœur au fils du barbare, à Julius Vérus, qui n'avait pas moins d'orgueil que de beauté, de vigueur et de courage.

Tant de bienfaits, au lieu d'attacher Maximin, lui inspirèrent la pensée de tout oser, quand la force pouvait tout: il trama donc la mort d'Alexandre; et, proclamé aussitôt empereur, il s'associa son fils, auquel les soldats baisèrent non-seulement les mains, mais encore les genoux et les pieds. Le sénat confirma ce qu'il ne pouvait défaire, et à l'instant commencèrent les vengeances et les cruautés. Maximin, comme ceux qui, partis d'un rang infime, parviennent à une haute fortune, craignait le mépris et les comparaisons. Une ⚫ naissance illustre ou un mérite recounu étaient donc des crimes à ses yeux; c'était un crime aussi d'avoir ri de lui, un crime de l'avoir secouru dans sa pauvreté.

Magnus, personnage consulaire, accusé de vouloir rompre le pont qu'il avait achevé sur le Rhin, pour le laisser sur l'autre bord au pouvoir des barbares, fut égorgé, sans forme de procès, avec quatre mille prétendus complices, tous gens qui par leur naissance ou leur position étaient au-dessus du vulgaire. Sur un simple soupçon, gouverneurs, généraux, hommes consulaires, étaient jetés, enchaî nés, sur des chars, et amenés à l'empereur, qui, non content de la confiscation et de la mort, les faisait ou livrer aux bêtes féroces, cousus dans des peaux d'animaux fraîchement tués, ou battre tant qu'ils avaient un souffle de vie. Sa férocité n'épargna pas non plus les chrétiens.

Non moins cupide que barbare, il confisqua les revenus que chaque ville mettait en réserve pour les distributions et les divertissements publics; il dépouilla les temples, et battit monnaie avec les statues des dieux et des héros. L'indignation fut générale, et il y eut des soulèvements dans certains endroits. Ainsi, en Afrique, quelques jeunes gens riches ayant été dépouillés de tous leurs biens par un procurateur avide, ils armèrent les esclaves et les paysans, et proclamèrent empereur Gordien, proconsul de la province.

Ce sénateur, riche et bienfaisant, qui descendait des Gracques et

de Trajan, occupait à Rome le palais de Pompée, orné de trophées et de peintures; il avait, sur la route de Préneste, une maison de plaisance d'une vaste étendue, avec trois salles longues de cent pieds chacune, et un portique soutenu par deux cents colonnes des quatre marbres les plus estimés. Dans les jeux qu'il donnait au peuple, il ne faisait pas paraître moins de cent cinquante couples de gladiateurs; parfois il en donnait cinq cents. Un jour il y fit tuer cent chevaux siciliens et autant de la Cappadoce, mille ours, et un nom bre infini d'animaux de moindre valeur. Il renouvela de pareils jeux tous les mois durant son édilité; et lorsqu'il fut consul, il les étendit aux principales villes de l'Italie.

C'était là toute son ambition: paisible, du reste, au point de ne pas exciter la jalousie des tyrans, il cultivait les lettres, et célébra en trente livres les vertus des Antonins. Il était presque octogénaire quand il lui arriva d'être appelé à l'empire. Lorsque, après avoir employé en vain les prières et les larmes, il vit qu'il ne pouvait échapper soit aux soldats qui l'entouraient, soit à Maximin, qu'en devenant empereur, il accepta et il établit sa résidence à Carthage. Son fils, qui avait vingt-deux concubines et rassemblé soixante-deux mille volumes d'auteurs divers, fut proclamé empereur avec lui. Il eut de chacune de ses femmes trois ou quatre enfants, et il se servit des livres pour écrire lui-même; quelques-uns de ses ouvrages sont parvenus jusqu'à nous.

En donnant avis au sénat de leur élection, les nouveaux empereurs protestaient qu'ils étaient prêts à déposer la pourpre, si tel était son plaisir ; ils ordonnèrent que leurs décrets ne fussent publiés qu'autant qu'ils auraient l'assentiment du sénat ; ils rappelèrent les exilés, firent de généreuses promesses aux soldats et au peuple, et invitèrent leurs amis à se soustraire au tyran. La résolution du consul triompha de l'hésitation du sénat, qui déclara ennemis publics les Maximins et leurs adhérents, en promettant de récompenser quiconque les tuerait. La révolte se propagea alors dans toute l'Italie, où elle fut souillée par trop de sang. Après s'être laissé avilir par un Thrace grossier, le sénat reprit de l'énergie et de la dignité: il fit ses préparatifs de défense et de guerre, invitant par des députés les gouverneurs à venir en aide à la patrie. Partout les messagers étaient bien accueillis; mais Capélianus, gouverneur de la Mauritanie et ennemi particulier de Gordien, ayant réuni toutes ses forces, attaqua les nouveaux empereurs dans Carthage; le fils

237.

27 mai.

Fin des Gordiens.

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