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Histoire Auguste.

Les auteurs de l'Histoire Auguste, Spartien, Lampride, Vulcatius, Capitolinus, Pollion, Vopiscus, écrivirent sous Dioclétien, ou peu après. Biographes formés sur le modèle de Suétone, plutôt qu'historiens, ils nous font connaître bien moins les grandes révolutions qui s'accomplissaient alors, que les vices et les vertus des empereurs, leur éducation, leur manière de se nourrir et de se vêtir. On dirait que la confusion, qui allait toujours croissant dans l'empire romain, passa dans leurs récits, dépourvus d'ordre et de style (1). Peut-être le seul Vopiscus fut-il témoin oculaire de ce qu'il raconte; les autres n'écrivent que sur des traditions incertaines, ou empruntent aux auteurs précédents, en changeant de style et de manière de penser, selon les sources où ils puisent. Mais, dépourvus

(1) Catalogue des vies écrites par les auteurs de l'Histoire Auguste :

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qu'ils sont de jugement, après avoir copié un auteur, ils passent à un autre et en tirent les mêmes faits, sans s'apercevoir de la répétition, qui parfois même est triple. Quelle confiance peuvent-ils inspirer?

Ils sont pourtant les seuls dont nous tenions un grand nombre de faits et de détails de mœurs durant les cent soixante-dix-huit ans qu'embrassent leurs trente-quatre biographies, qui paraissent avoir été choisies par un anonyme, au temps de Constantin, parmi beaucoup d'autres.

phe.

Le Juif Josèphe, dans sa vie écrite par lui-même, nous apprend Flavien Josèqu'il est né la première année du règne de Caligula, et qu'il descend par sa mère des Machabées, et d'une famille sacerdotale par son père. Tout jeune encore, il discutait avec les docteurs qui venaient le consulter, pleins de foi en sa science. Il étudia les trois sectes qui partageaient son pays, et, afin de connaître celle des esséniens, il vécut trois années dans le désert avec Banun, qui menait une vie des plus dures, se nourrissant de ce que lui fournissait la terre, et faisant jusqu'à trois ablutions par jour pour se conserver pur. Revenu à Jérusalem, il prit parti pour les pharisiens, et se donna aux affaires; puis, quand ses concitoyens voulurent déclarer la guerre aux Romains, il s'efforça de les en détourner, mais inutilement. Il ne resta pas oisif au milieu des querelles intestines qui déchiraient son pays, et commanda un corps de troupes dans les guerres qui amenèrent la soumission de la Judée. Fait prisonnier à Jotapath, il prédit l'empire à Vespasien, ce qui lui valut la liberté ; et il prit, selon l'usage des affranchis, le surnom de Flavius. Il accompagna Titus au siége de Jérusalem, et revint avec lui à Rome, où il finit ses jours.

Il a écrit en vingt livres les Antiquités judaïques, depuis la création du monde jusqu'à la douzième année du règne de Néron, non pour l'usage des Hébreux, mais pour faire connaître aux Grecs et aux Romains sa nation, trop méprisée d'eux. C'est pourquoi il omet tout ce qu'ils auraient pu regarder comme de la superstition, ayant toujours soin de montrer son peuple par le côté où il pouvait plaire aux dominateurs. Les livres sacrés ne sont guère pour lui que des documents ; et il en altère la noble et pathétique simplicité en reproduisant leurs récits, mutilés, délayés, ou défigurés. Il comble, néanmoins, une lacune de quatre siècles dans l'histoire des Hébreux, et fournit maints détails de mœurs.

Lorsqu'il entreprend ensuite de raconter en sept livres les guerres

des Juifs, dont il fut témoin et acteur, il laisse voir l'intention d'être agréable aux vainqueurs. « La guerre qui a éclaté entre les Juifs « et les Romains, dit-il, est la plus fameuse non-seulement parmi «< celles de notre époque, mais peut-être parmi toutes les guerres «< dont il a été parlé de cités à cités, de nations à nations. Cepen«dant, puisque ceux qui n'y ont pas assisté, s'appuyant sur des << relations fautives et en désaccord, les racontent en gens abusés, « et puisque ceux qui ont été témoins des faits, soit pour flatter << les Romains, soit par haine contre les Juifs, déguisent la vérité, et << font de leurs écrits tantôt une accusation, tantôt un panégyri<< que, jamais une histoire exacte; moi, Josèphe, fils de Mathias, « de race juive, né à Jérusalem, de condition sacerdotale, ayant « fait la guerre en personne contre les Romains, et assisté aux der« niers événements, je me suis proposé de traduire en grec l'histoire « que j'ai écrite dans l'idiome paterne! pour les étrangers des pro« vinces supérieures. Il m'a paru convenable que la vérité ne fût << pas méconnue sur des affaires d'une telle importance; et tandis << que les Parthes, les Babyloniens, les Arabes les plus reculés, no« tre nation au delà de l'Euphrate, et les Adiabènes, savent, grâce « à ma sollicitude, comment la guerre commença, au milieu de quels accidents elle se poursuivit et quel en fut le résultat final, « j'ai voulu que ceux des Grecs et des Romains qui n'ont pas pris part aux événements ne restassent pas dans les ténèbres à ce sujet, en ne lisant que des adulations ou des mensonges. >>

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Il traduisit donc en grec son ouvrage, écrit en hébreu moderne, pour le présenter à Vespasien; et Titus en fit faire une traduction en latin. Il passa ainsi dans les deux langues littéraires du temps. Le roi Agrippa en fut satisfait (1); on éleva à Josèphe une statue à Rome; et les premiers écrivains chrétiens le portèrent aux nues, bien qu'une critique sincère puisse signaler, dans ses livres, une foule d'inexactitudes. Connaissant à fond les sectes de son pays, il offre le spectacle instructif de leurs dissensions, au moment où la patrie périssait. Nous avons aussi de lui deux livres contre Apion,

(1) Josèphe rapporte, dans sa vie, c. XXXII, ces deux billets d'Agrippa : « J'ai lu ton livre avec grand plaisir, et il me semble que tu l'as fait avec plus d'exactitude que tout autre ayant écrit sur ces choses. Fais-moi avoir ceux qui suivent. » — (( Il paraît, d'après ce que tu as écrit, que tu n'as besoin d'aucune information pour nous enseigner à tous ce qui est arrivé dès le commen. cement; cependant, si tu viens me trouver, je te révélerai, moi aussi, beaucoup de choses que l'on ne sait pas. >>

qui, dans son Histoire d'Égypte, avait maltraité les Juifs; enfin, un discours en l'honneur des sept martyrs Machabées.

Philon, qui était Juif aussi, écrivit la relation de son ambassade près de Caligula; composa en outre, sous le titre de Vertus de Caligula, cinq livres sur les maux que ce fou furieux fit souffrir aux Juifs. Nous aurons à parler ailleurs des opinions philosophiques de ce rhéteur prolixe.

Philon.

Hérennius Philon retraça l'histoire de la Phénicie, sa patrie, et Heren. Philon. mit en grec l'ouvrage de Sanchoniaton.

Arrien de Nicomédie, disciple d'Épictète, servit dans les armées romaines, et parvint jusqu'au consulat. Il avait écrit l'histoire des Parthes et des Bithyniens, qui malheureusement a péri; mais il nous reste de lui sa vie, quatre des huit livres des entretiens familiers d'Epictete, et douze des discours de ce philosophe. Nous avons en outre d'Arrien le récit de l'expédition d'Alexandre; c'est le meilleur document qui nous soit parvenu sur ce grand roi; il s'est appuyé, pour l'écrire, sur Aristobule et sur Ptolémée, compagnons du conquérant; enfin, il composa un autre livre concer. nant les Indes. Il imite servilement le style de Xénophon, en disant que cela lui a été enjoint par inspiration divine. Il est donc concis, sans spontanéité, et n'est pourtant ni obscur ni dépourvu de grâce; il se montre, en outre, économe de prodiges et de harangues.

Appien d'Alexandrie avait été saisi d'étonnement en voyant des nations nouvelles qui venaient s'offrir à Rome, et celle-ci qui refusait, désireuse désormais de conserver et non plus d'acquérir. Mais s'il renferme, en quelque sorte, son esprit dans les bornes de l'unité romaine, il étend son attention au delà; et quand un peuple en vient, pour son malheur, aux prises avec les Romains, il s'arrête à l'étudier, à exposer ses vicissitudes, avec l'intention de rendre de l'importance aux nations dont Tite-Live et les autres écrivains latins ne prononcent le nom que lorsqu'elles fournissent à Rome l'occasion d'un nouveau triomphe. Il nous reste de lui les guerres puniques, celles de Mithridate et de l'Illyrie, cinq livres de la guerre civile, et quelques fragments des guerres contre les Celtes; c'est un monument précieux. Appien connaissait l'art militaire, et il raconta de ce ton simple qui sied à la vérité; on lui reproche pourtant de s'être approprié les opinions et jusqu'aux expressions des auteurs qu'il a mis à contribution.

Arrien:

Appien.

Bien que Pausanias, dans son Voyage en Grèce, arrête principa- Pausanias. lement son attention sur les édifices publics et sur les monuments

Hérodien.

Dion.

d'art, il est d'un grand secours pour l'intelligence des anciens
temps, attendu que, non content de décrire ces monuments,
il en
étudie l'histoire, en discutant les faits authentiques et les fables. Si
parfois il observe et recueille avec la rapidité d'un voyageur, dans
d'autres moments il examine et pèse avec soin. S'il avait pu pré-
voir l'orage qui planait sur le monde, il ne se serait pas contenté
de rapides indications, propres à exciter notre curiosité, non à la
satisfaire. Son style haché, et d'une concision affectée, imite péni-
blement celui d'Hérodote. Natif de Césarée en Cappadoce, il visita
la Grèce, la Macédoine, l'Asie, l'Égypte, jusqu'au temple de Jupiter
Ammon; et il paraît qu'il se fixa à Rome sous les Antonins.

Hérodien, qui a écrit en grec, nous a laissé huit livres sur l'histoire des empereurs, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à celle de Maxime et de Balbin; il déclare n'avoir rapporté rien dont il n'ait été témoin oculaire. Il ne s'occupe ni de chronologie, ni de géographie; mais il choisit avec jugement et raconte avec brièveté les faits les plus propres à faire connaître une époque malheureuse, où la politique ne pouvait qu'obéir aux circonstances, et où la patience des Romains encourageait les excès audacieux de leurs maîtres.

Un auteur plus important est Cassius Coccéius Dion, de Nicée en Bithynie, qui, élevé aux plus hautes dignités par Commode et par ses successeurs, écrivit, en huit décades, l'histoire de Rome, depuis Énée jusqu'à Alexandre Sévère. Cette tâche lui avait été imposée par un songe; et il avait tant de foi aux rêves, qu'il y consacra un ouvrage spécial. Il mit dix ans à rassembler ses matériaux, et en employa douze à écrire son récit, qui est très-détaillé jusqu'à la mort d'Héliogabale; on ne trouve ensuite qu'un sommaire. Exact dans les choses qu'il a vues lui-même, il est, pour le reste, sans caractère propre, compilant plus qu'il ne médite; et il demeure bien loin de Thucydide, qu'il se propose pour modèle, tant dans les pensées que dans la manière d'écrire. Clair, mais incorrect et rempli de parenthèses, il sème son récit de prodiges et de songes. Il vous dit que le soleil se montra tantôt plus grand, tantôt plus petit que de coutume, avant la journée de Philippes (1). Vespasien guérit un aveugle avec sa salive; un phénix paraît en Egypte, l'an 790 de Rome (2). Il maltraite Cicéron, Brutus, Cassius, Sénèque, et d'autres personnages illustres, parce qu'ils sont répu· blicains; et, presque seul parmi les anciens, il prend le parti de (1) Liv. XLVII. - (2) Liv. LVIII.

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