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Solin.

Strabon.

P. Méla.

« l'homme l'immortalité, ni se priver elle-même de la vie, qui est le « don le plus beau qu'elle nous ait fait. »

Il ne put toutefois se soustraire aux idées nouvelles, auxquelles il fermait en vain les yeux: au nom de barbares il substitua celui d'hommes; il reproche à César le sang versé; il loue Tibère d'avoir mis fin à certaines superstitions en Afrique et en Germanie: philosophie tolérante et cosmopolite, dont lui-même ne connaissait pas ou reniait la source.

Le Polyhistor de Jules Solin peut être considéré comme un extrait de son ouvrage. On ne sait quand vivait cet auteur, qui recueillit des notions diverses, surtout sur la géographie, et fut très en renom au moyen âge, bien qu'il soit dépourvu de jugement.

Strabon, d'Amasie, voyagea dans l'Asie Mineure, dans la Syrie, la Phénicie et l'Égypte jusqu'aux cataractes. Il parcourut ensuite la Grèce, la Macédoine, l'Italie, excepté la Gaule cisalpine et la Ligurie : en ce qui concerne ces pays, il dit donc ce qu'il a vu; pour le reste, il parle sur la foi d'autrui. Il donne en dix-sept livres l'histoire de la géographie, depuis Homère jusqu'à Auguste; et en traitant des origines et des migrations des peuples, de la fondation des villes et des États, des personnages les plus célèbres, il sait faire preuve de critique. Il dit, dans le seizième livre, que la Comagène venait d'être réduite en province; et ce fait, qui date de l'an 18 du Christ, est l'unique renseignement que nous ayons sur l'époque à laquelle il vivait. Il nous a déjà servi de guide pour parcourir le monde; et si nous n'étions habitués à voir les anciens ignorer les écrits de leurs prédécesseurs même les plus fameux, nous nous étonnerions qu'un ouvrage aussi important que celui de Strabon n'ait pas été connu par Pausanias, Pline, Josèphe et Plutarque.

L'Espagnol Pomponius Méla ne vit pas par ses propres yeux, comme Strabon; son ouvrage (de Situ Orbis), dans lequel il résume le système d'Ératosthène, est d'un style élégant et concis: semé de descriptions gracieuses et de discussions de physique ou de souvenirs historiques, il échappe à l'aridité d'une nomenclature. Mais comme l'auteur puise ses renseignements en tous lieux sans trop de discernement, il donne comme existant encore ce qui n'est plus depuis longtemps: tandis qu'on cherche en vain dans son livre Cannes, Munda, Pharsale, Leuctres, Mantinée, lieux célèbres par de grandes batailles; Persépolis, Jérusalem, capitales notables; trie du grand philosophe.

gète.

Sous Tibère mourut Denys Périégète, qui fit une description du Denis Perićmonde en bons vers grecs. Mais l'ouvrage qui porte son nom est attribué par quelques-uns à un contemporain de Marc-Aurèle. Il n'ajoute rien d'ailleurs à Strabon.

Les géographes anciens, esclaves du vieil esprit littéraire, estropient souvent les noms, les passent même sous silence, quand ils ne peuvent bien les approprier à leur langue (1); laissant ainsi se perdre ceux qui avaient le plus d'originalité, et au moyen desquels la philologie aurait pu éclairer l'histoire des populations. Ils n'avaient pas, en outre, donné une base mathématique à leurs systèmes, se contentant des positions terrestres, de latitudes grossièrement indiquées, et s'appuyant sur des itinéraires peints ou annotés, c'est-à-dire, dessinés sur le papier ou rédigés par écrit.

La géographie fut enfin traitée scientifiquement par Ptolémée, Ptolémée. qui vivait vers l'année 100 de J. C. Il se déclare redevable de ses connaissances à Marin de Tyr, qui avait recueilli les relations des voyageurs en les rectifiant, et fut peut-être à même de se servir des descriptions que les Phéniciens déposaient, selon l'usage, dans leurs temples, ainsi que des cartes sur lesquelles ces intrépides navigateurs auraient indiqué ce qui était venu à leur connaissance, dans le cours de leurs excursions, soit sur la conformation de la terre, soit sur la situation des différents pays. Mais l'ouvrage de Marin de Tyr a péri; nous n'avons pas même celui de Ptolémée, mais une compilation, probablement postérieure. On sait, en ce qui concerne ce prince des géographes de l'antiquité, qu'il fit sa dernière observation le 2 février 141. Dans le premier des huit livres de sa Geographie (Γεωγραφικὴ ἀφήγησις) il fait connaitre l'origine et le but de son travail, ainsi que sa manière de dresser des cartes géographiques; les six livres suivants ne sont guère qu'une nomenclature des villes, des montagnes et des fleuves, accompagnée pourtant de l'indication de leur situation par longitude et latitude. Le dernier contient une liste de trois cent cinquante villes, dans Jaquelle est mentionnée la durée du jour le plus long de l'année dans chacune d'elles, afin d'en déterminer la position. A l'ouvrage sont annexées vingt-six cartes, dont dix sont relatives à l'Europe, quatre à l'Afrique, et douze à l'Asie : elles sont attribuées, dans les exemplaires subsistants, à un mécanicien d'Alexandrie nommé

(1) Digna memoratu, aut latiali sermone dictu facilia. PLINE. Ce que l'on voit aussi dans STRABON, MÉLA, etc.

Agathodemon (Ἀγαθοδαίμων μηχανικὸς ἀλεξάνδρους ὑπετύπωσε), qui ne dut faire autre chose que reproduire ce qui était mis sous ses yeux par Ptolémée. Sa mappemonde était couverte d'un réseau où un méridien était tracé tous les cinq degrés, en même temps que les parallèles passaient par les villes principales, telles que Syène, Alexandrie, Rhodes et Byzance. Comme il avait donné au degré cinq cents stades de longueur, c'est-à-dire un sixième environ en moins de la vérité, toutes ses autres indications tombèrent à faux. Il approche, au contraire, de la vérité quant aux latitudes, ce qui prouve qu'il faisait son profit des observations antérieures. Combien Ératosthène, qui avait, comme directeur de la bibliothèque d'Alexandrie, tant de riches matériaux sous la main, reste loin du savoir de Ptolémée! Strabon, qui s'appuie sur le premier, ne connaît point encore le nord de l'Asie; il croit que la mer Caspienne est un golfe du grand Océan, et il avoue que de là jusqu'à l'Elbe il marche dans les ténèbres il dit fort peu de chose de l'Inde en deçà du Gange, rien de celle qui est située au delà; et il ne connaît l'Arabie que d'après ce que lui en a raconté en Égypte le général Ælius Gallus.

Ptolémée au contraire connaît, bien qu'inexactement, non-seulement les côtes, mais encore le centre de l'Inde, et une vingtaine de villes et ports de la Taprobane; il est le premier qui décrive les pays situés au delà du Gange; il nomme beaucoup de localités de l'intérieur de l'Arabie; il connaît la péninsule du Jutland et ses habitants; il détermine les territoires habités par différents peuples germains depuis la Pologne jusqu'à la Baltique, et sait que de vastes pays s'étendent au nord de la mer Caspienne. La science avait avancé dans l'espace d'un siècle et demi, non pas tant par l'effet des conquêtes que par le commerce, devenu plus libre et plus régu lier, et par les expéditions de découvertes (périples) par terre et par mer. Ainsi, Ptolémée dut des renseignements sur l'Asie orientale à la relation de Titianus, négociant macédonien, qui avait envoye ses agents, par terre, dans la Mésopotamie et le long du Taurus, dans les Indes, et jusqu'à la capitale des Sères.

La confusion qu'il fit des stades des différents peuples, peu de critique dans le choix de ses matériaux, et des observations astronomiques inexactes, lui valurént de tomber dans des erreurs grossières. On ne connut pourtant durant quatorze siècles d'autre manuel systématique que sa géographie; et c'est toujours ce que nous avons de mieux, en fait de renseignements, sur cette science chez

les anciens. Sa Grande Construction (Meyaλn Zúvratis), en treize livres, comprend toutes les observations et problèmes des anciens sur la géométrie et l'astronomie. Il ne fut pas grand astronome, mais bon mathématicien, et se montra très-laborieux dans le soin qu'il prit de rassembler tout ce qui était épars dans les traités de ses prédécesseurs. La grande réputation dont il jouit fut due à la rareté des écrits d'Hipparque, où il copia (ce qui est vraiment irrépréhensible dans sa Syntaxe, c'est-à-dire sa trigonométrie) la partie purement sphérique, et la théorie mathématique des éclipses. Son ouvrage fut traduit en arabe en 827, sous le titre de Tahrir al magesthi; de là le nom d'Almageste, sous lequel il est connu (1).

Ptolémée donna son nom au système qui place la terre au centre de l'univers, et fait tourner les cieux autour d'elle d'orient en occident; non parce qu'il en fut l'inventeur, mais parce qu'il l'expliqua, en le soutenant contre Aristarque de Samos, qui enseignait le mouvement de la terre. Les étoiles, selon lui, ont quatre mouvements: le premier, de vingt-quatre heures, comme les planètes, à l'entour de la terre; le second, diurne, qui les fait incliner quelque peu du couchant au levant; le troisième, par suite duquel elles flottent tantôt du levant au couchant, tantôt en sens opposé; le dernier, qui les fait vaciller entre les deux pôles. Il y a trois cieux : un, qu'il appelle le premier mobile, fait mouvoir les étoiles et les planètes autour de la terre; les deux autres, cristallins, doués d'un mouvement de vibration, impriment aux planètes leurs autres mouvements. Pour rendre raison des variétés énormes que présentait son système, il dut supposer une complication de cercles excentriques et d'épicycles se croisant les uns les autres d'une manière si contraire à la simplicité majestueuse de la nature, que le roi Alphonse put se permettre cette remarque, plus savante que sage: Si j'eusse été près du Créateur, je lui aurais conseillé mieux que cela. En

(1) La première édition de Ptolémée, en latin, a été publiée en 1475 ; le texte grec ne fut imprimé qu'en 1533, à Bâle, par les soins d'Érasme; puis à Paris, en 1546, avec toutes les erreurs de la précédente. Une troisième édition grecque latine en fut faite à Francfort en 1605, avec des cartes de Mercator; elle fut ensuite reproduite en 1616 et en 1618. L'abbé Halma en commença une en 181315, à Paris, avec une traduction de lui et des notes de Delambre; mais elle ne dépassa pas le premier livre. Une édition beaucoup meilleure est celle faite par FRID. GUILL. WILBERG: Claudii Ptolomæi, Geographiæ libri octo græce et latine, ad cod. mss. fidem; edit. Essendiæ, 1840.

cela encore les progrès de la science firent voir que les fautes attribuées à la Providence sont l'effet de notre orgueil et de notre ignorance.

Ptolémée dressa le catalogue des étoiles d'Hipparque, en indiquant la position de mille vingt-deux d'entre elles. Il crut qu'elles avançaient d'un degré par siècle, tandis qu'Hipparque, s'éloignant moins de la vérité, leur avait assigné un parcours de deux degrés en cent cinquante ans. I! décrivit la sphère armillaire d'Hipparque, et l'astrolabe dont il se servait pour observer la hauteur des astres et les parallaxes. Il sut que la lumière des corps célestes en venant à nous se réfracte dans l'air; mais au lieu de mettre cette notion à profit pour expliquer leur plus grande dimension apparente lorsqu'ils sont à l'horizon, il la crut produite uniquement par un faux jugement de notre esprit. Il enseigna à déterminer l'heure en combinant la position du soleil ou d'une étoile avec la latitude du lieu où l'on se trouve : il découvrit l'évection de la lune, et démontra que l'équation du centre de l'orbe lunaire est plus petite dans les syzygies que dans les quadratures; enfin il réduisit en système la parallaxe lunaire, tout en la décrivant plus grande qu'elle ne l'est réellement.

Il traita aussi de la musique, et il paraît avoir eu le mérite de réduire à sept les treize ou quinze tons des anciens, comme aussi de déterminer les véritables rapports de certains intervalles, en rendant l'octave diatonique plus conforme à l'harmonie. Pour juger du chant, dit-il, l'oreille ne suffit pas; le sentiment et la raison doivent aussi y avoir part. Et sur ce point il disserte d'après les méthodes pythagoriciennes.

Son Canon royal, rédigé pour la commodité des astronomes, a rendu service à l'histoire, attendu qu'il donne exactement, en les rapportant au calendrier égyptien, les années du règne de cinquante-cinq rois.

Les mathématiques ne furent jamais très-cultivées à Rome, de l'aveu même de Cicéron ; et, jusqu'à Boëce, ni Euclide, ni Ptolémée, ni Archimède, n'avaient été traduits en latin. Les mathématiciens dont il est souvent fait mention dans les lois romaines sont les astrologues, qui, toujours bannis, revinrent toujours dans la ville. L'orgueil romain trouvait quelque chose d'abject dans une science qui se mettait au service des arts mécaniques, calculait le gain et tenait des registres. Horace attribue la dépravation du goût à l'é

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