Imatges de pàgina
PDF
EPUB

p. 499 de l'édit. de 1723, elle parle de l'arrivée de deux des demoiselles Mancini (les duchesses de Mercœur et de Soissons), sous la date du 11 septembre 1647. Nous voyons, dans cette partie des Mémoires de Coulanges, p. 212, que Me la duchesse de Bouillon, en 1690, retourna à Rome, en compagnie avec le prince de Turenne, et son beau-frère et sa belle-sœur le duc et la duchesse de Nevers. Elle ne séjourna que deux mois dans cette ville, qu'elle n'avoit pas vue depuis trente-quatre ans, et elle eut la permission de revenir à la cour, d'où elle se trouvoit encore exilée. Elle partit avec le prince de Turenne, qui alla servir dans l'armée de Catinat.

15 Art de vérifier les dates, t. II, p. 749. Le duc de Bouillon se distingua à la bataille de Saint-Gothard le 1 août 1664.

16 C'est-à-dire d'une partie du duché de Bouillon; car le duc de Bouillon ne possédoit pas alors la totalité. Cet échange se fit en 1651, et l'acte fut enregistré au parlement en février 1652; mais il y eut de nouvelles provisions en 1662, et M. de Bouillon ne fut reçu duc et pair qu'en 1665. Voyez le président Hénault, Abrégé chronologique, édition in-4°, 1768, p. 561 et 602. D. Clément, Art de vérifier les dates, t. II, p. 749; et BussyRabutin, Mémoires, édit. de 1769, in-12, t. I, p. 125.

17 Voyez OEuvres de Chaulieu, édit. de Saint-Marc, 2 vol. in-12, 1757, p. Ixiv, et Saint-Evremond passim. Ce que j'ai dit sur l'ascendant que Marie-Anne Mancini prit sur son oncle le cardinal de Mazarin, et sur son talent pour les vers, je l'ai puisé dans les stances qui lui sont adressées par le poëte Bouillon, lequel n'étoit pas de la famille des Bouillon, mais secrétaire du duc d'Orléans, et l'auteur du conte de Joconde qu'on opposa à celui de La Fontaine. A la page 91 de ses OEuvres, in-12, Paris, 1665, on trouve des stances adressées à Me Marie-Anne de Mancini, et il lui dit, p. 92:

Vous de qui les charmes divers

Ont déjà couru l'univers,

Recevez ce fruit du Parnasse.

Aux gens de mon métier vous devez faire grâce :

Comme eux vous composez des vers.

Et plus bas :

Son Eminence, à ce qu'on dit,
Fait si grand cas de votre esprit,

n'a

Qu'il vous traite de nièce aînée;

C'est vous que pour la paix et le grand hyménée

Il consulta, dont bien nous prit.

18 Ce petit volume, quoique indiqué vaguement par d'Olivet, pas été connu de Mathieu Marais, qui ne parle d'un recueil de Contes, publié par La Fontaine, que sous l'année 1667. Le privilége du recueil que nous citons est daté du 14 janvier 1664, et est uniquement relatif à Joconde; après le privilége il est dit que le volume fut achevé d'imprimer le 10 janvier 1665. Ce volume fut réimprimé en Hollande dans la même année; le format de cette édition est plus petit; elle n'a que 75 pages au lieu de 92 on a retranché le privilége; mais on a ajouté une table. La préface de ce recueil contient quelques lignes, p. 6, qui ont été retranchées depuis dans les éditions postérieures, parce qu'elles sont relatives aux pièces ajoutées aux contes. Ce volume renferme Joconde, Richard Minutolo, le Cocu battu et contant (a), le Mari confesseur, conte d'une chose arrivée à C. (b), Conte tiré d'Athénée, autre Conte tiré d'Athénée, Conte de *** (c), Conte du juge de Mesle, Conte du paysan qui a offensé son seigneur, imitation d'un livre intitulé les Arrêts d'amour, les Amours de Mars et de Vénus, ballade (d). Mais La Fontaine lui-même nous prouve, dans sa préface, que la plupart de ces contes étoient déjà connus, puisqu'il dit : «< quelques personnes m'ont conseillé de donner, dès à présent, ce qui me reste de ces bagatelles, afin de ne pas laisser refroidir la curiosité de les voir, qui est encore dans son premier feu. » Et en effet, je trouve que le conte de ***, intitulé Sœur Jeanne dans les éditions postérieures, fut imprimé avec le nom de La Fontaine, dans un recueil ayant pour titre Les plaisirs de la poésie galante, gaillarde et amoureuse, sans date ni sans indication de lieu ni d'imprimeur, mais qui évidem

(a) C'est ainsi que ce mot est écrit dans les deux éditions. C'est une faute d'impression, ou plutôt d'auteur; car, dans les manuscrits autographes de La Fontaine, j'ai vu ce mot ainsi écrit.

(b) C'est-à-dire, Château-Thierry. Ce bon mot du savetier Blaise, qu'a raconté La Fontaine, étoit encore récent, et il se trouvoit forcé à ce déguisement.

(c) C'est celui de Saur Jeanne.

(d) C'est un fragment du Songe de V'aux.

ment, d'après quelques pièces qui s'y trouvent, et qui sont adressées à Fouquet, a paru en 1660 ou 1661 : le conte de Sœur Jeanne est à la page 2 de ce recueil, et est intitulé Historiette. On trouve aussi dans le Journal des Savants, t. I, p. 28, sous la date du 26 janvier 1665, l'annonce de Joconde ou de l'Infidétité des femmes, par M. de La Fontaine, Paris, p. 12 et 29 du même journal, et l'annonce de la Matrone d'Ephèse, nouvelle, dit le journaliste, traduite dans le même volume; puis aussitôt après l'annonce du conte intitulé de Cocu battu et content, nouvelle tirée de Bocace, par M. de La Fontaine : et le journaliste observe que cette traduction (c'est ainsi qu'il s'exprime) est du même auteur que celle de Joconde. Ceci prouve que ce dernier conte parut seul, et fut imprimé séparément, et que les deux autres furent publiés aussi séparément au commencement de l'année 1664. Les journalistes, le 26 janvier, ne pouvoient avoir connoissance du nouveau recueil, qui ne paroissoit pas encore, puisqu'on avoit achevé de l'imprimer seulement le 10 de ce même mois. Dans ce nouveau recueil La Fontaine retrancha le second titre de Joconde, et n'inséra pas la Matrone d'Ephèse, qui ne parut plus que dans le recueil de Maucroix, en 1685. La Fontaine eut certainement une raison, qu'il seroit curieux de découvrir, pour exclure pendant si long temps de ses ouvrages, une de ses plus jolies productions.

19 M. de Roquefort dans son Essai sur l'état de la poésie française, dans les douzième et treizième siècles, p. 192 et 193, indique, avec son érudition ordinaire, les différents contes de La Fontaine, qui se retrouvent dans nos anciens fabliers. La Fontaine ne les a cependant pas été chercher dans les manuscrits que cite M. de Roquefort, mais dans des auteurs plus modernes, qui, originairement, les avoient pris dans les manuscrits. Ce seroit un sujet de recherche assez curieux, que de découvrir à quels auteurs La Fontaine a emprunté les sujets de certains contes. La Fiancée du Roi de Garbe, par exemple, doit avoir une origine arabe; le mot Garb signifie occident en arabe, et l'auteur primitif, par le Roi de Garb, a voulu désigner quelque souverain maure du midi de l'Espagne ou du Portugal.

20 M. Raynouard (Choix de poésies originales des Troubadours, t. II, p. lxxxj) a traité ce sujet avec beaucoup d'habileté. Le livre d'André Chapelain est intitulé: de Arte amandi et de

Reprobatione amoris. M. Daunou, dans un extrait de l'ouvrage de M. Raynouard, inséré dans le Journal des Savants (oct. 1819, p. 594), sans rejeter positivement l'influence que M. Raynouard attribue aux Cours d'Amours, demande plus de preuves historiques. Les preuves sont, il nous semble, dans les mœurs mêmes du temps, et dans les lois bien connues de la chevalerie. Il est dans nos duels tel usage dont la violation suffit pour déshonorer un homme, et dont on ne trouveroit pas une seule preuve écrite.

21 Les Arresta Amorum ont été plusieurs fois réimprimés en latin avec les commentaires de Curtius, savant jurisconsulte du seizième siècle, qui déploya, dans ce badinage, une prodigieuse érudition. On en fit des éditions françaises. Je crois que la meilleure édition est celle d'Amsterdam, 2 vol. in-12, 1731. Dans l'avertissement on donne de grandes louanges à La Fontaine, pour son Imitation des Arrêts d'Amour, et son différent de Belle Bouche et de Beaux Yeux, et l'éditeur, p. 8 et 10, transcrit en entier ces deux morceaux de notre poëte. Cette édition a été donnée par Lenglet-Dufresnoy.

22 Voici la cause traduite du latin d'André, par M. Raynouard (Poésies des Troubadours, t. II, p. cxv): « Un chevalier requéroit d'amour une dame dont il ne pouvoit vaincre les refus : il envoya quelques présents honnêtes que la dame accepta avec autant de grâce que d'empressement; cependant elle ne diminua rien de sa sévérité accoutumée envers le chevalier, qui se plaignit d'avoir été trompé par un faux espoir que la dame lui avoit donné en acceptant les présents. »

Jugement de la reine Eléonore : « il faut qu'une femme refuse les dons qu'on lui offre dans les vues d'amour, ou qu'elle compense ces présents, ou qu'elle supporte patiemment d'être mise dans le rang des venales courtisanes. »

23 La Harpe, Cours de Littérature, édit. in-8°, an 7, t. VI,

p. 332.

24 Dans le prologue du Voyage de l'Amour et de l'Amitié :

Je ne veux point qu'en ce jour,

Quoi que le conteur publie,
Il soit dit que la Folie

Serve de guide à l'Amour.

Il y a le conteur dans le manuscrit des libraires, et dans les

deux premières éditions. Saint-Marc (OEuvres de Chaulieu, t. II, p. 22) a eu tort de préférer ce conteur, leçon suivie dans l'édition de Cazin, t. II, p. 66. La Haye, Gosse, in-18, 1777.

25 Titon du Tillet, Parnasse Français, in-folio, p. 462. Il paroîtroit, d'après ce que dit cet auteur, que ce seroit dans un moment de dépit, que Mme de Cornuel auroit dit ce mot. Voici comme il raconte le fait : « La distraction de La Fontaine, et son air toujours pensif, rendoient assez souvent sa conversation désagréable; il étoit rarement attentif à ce qu'on lui disoit, et ne parloit presque pas. Il alloit volontiers manger chez les personnes qui l'invitoient. Il faisoit honneur aux repas où il se trouvoit par son grand appétit ; mais il étoit si appliqué à boire et à manger, et à d'autres choses qui lui rouloient dans la tête, qu'il répondoit rarement aux convives qui vouloient l'animer, et en tirer quelque chose, mais pour l'ordinaire très-inutilement. Me de Cornuel, connue par la vivacité de son esprit, et par une infinité de bons mots de sa façon, dit que « ce n'étoit pas un homme, mais un fablier, comme un arbre qui portoit naturellement des fables. » D'autres attribuent ce mot à Mme de Bouillon.

26 La Harpe, Lycée, ou Cours de Littérature, t. VI, p. 364. 27 Titon du Tillet, Parnasse Français, p. 462.

28 J'ai puisé tout le récit de cette dispute dans le Journal des Savants, t. I, p. 28, 26 janvier 1665. Le journaliste parle au présent, et s'exprime de manière à nous apprendre que cette contestation existoit dans le moment où il écrivoit.

29 On a dit que Boileau avoit fait cette dissertation pour l'abbé le Vayer de Boutigni, ou François La Mothe de Boutigni son frère, qui avoit gagé pour La Fontaine contre un nommé SaintGilles, qui tenoit pour Bouillon. Ce Saint-Gilles est, dit-on, l'original du Timante, dans le Misanthrope:

Cet homme tout mystère,

Qui vous jette en passant un coup d'œil égaré,
Et sans aucune affaire est toujours affairé.

Mais rien n'est moins certain que ces anecdotes. M. Daunou à qui nous devons une excellente édition de Boileau, fixe la composition de sa dissertation sur Joconde, en 1662. (Voy. OEuvres complètes de Boileau, Paris, 1809, in-12, t. II, p. 149.) Il est

[ocr errors]
« AnteriorContinua »