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et de ses vic

toires.

à la vue de Saluces, et auprès de l'abbaye de Staffarde. 1689-1693 Toute la Savoie, excepté Montmeillant, fut le prix Æt.68–71 de cette victoire. L'année d'ensuite Catinat passa De Catinat en Piémont, et pendant l'hiver, força les lignes des ennemis retranchés près de Suze, s'empara de cette ville, de Villefranche, de Montalban, de Nice réputée imprenable, et enfin de Montmeillant.

tre en vers de

La Fontaine, dans une seconde épître en vers, Seconde ép. entretient le duc de Vendôme de ces événements, La Fontaine

et du roi, qui avoit écrit au duc une lettre flatteuse :
notre poëte parle ensuite de l'argent que l'abbé de
Chaulieu devoit lui remettre à Noël, de la part de
M. de Vendôme.

En Piémont, notre armée,
Sous Catinat à vaincre accoutumée,
Complètement a battu l'ennemi,
Et la Victoire a pris notre parti.
De Catinat je dirai quelque chose.
Sur lui le prince à bon droit se repose :
Ce général n'a guère son pareil,

Bon pour la main, et bon pour le conseil.

Si vers Noël l'abbé me tient parole,
Je serai roi... Le sage l'est-il pas ?
Souhaiter l'or, est-ce l'être? Ce cas
Mérite bien qu'à vous je m'en rapporte :
Je tiens la chose à résoudre un peu forte 45.

uu duc de Vendôme.

1691.

ra de La Fon

La Fontaine donna cette même année, au théâtre Astrée, opé de l'Opéra, une tragédie lyrique, intitulée Astrée. taine, repréElle fut mise en musique par Collasse, et eut quelques représentations". Cette pièce est en effet fort supérieure à Daphné, pour la conduite et pour le style. Bien loin que La Fontaine fût indifférent sur le

n'étoit pas in

le succès de

1689-1692 succès de son opéra, comme on a voulu nous le Et. 68-71 faire croire, nous savons d'une manière certaine La Fontaine qu'il s'en occupoit beaucoup. La preuve en existe différent sur dans une fort longue lettre, jusqu'ici inédite, en son opéra. vers et en prose, et tout entière de sa main, adressée à Mmes d'Hervart, de Vireville et de Gouvernet 47 : Lettre de La nous y voyons qu'il refusoit d'aller les trouver à Mesd. d'Her- Bois-le-Vicomte, parce que la répétition de son opéra exigeoit sa présence à Paris. Mais, pour adoucir son refus, il commence, selon son ordinaire, par des compliments, et il invoque les Muses pour chanter ces trois dames.

Fontaine

à

vart, de Vire

ville et de Gou

vernet.

Intendantes du Parnasse,
Si de traits remplis de grâce
Vos faveurs ornent les vers
Dont j'entretiens l'univers,
Aujourd'hui je vous implore;
Donnez à ma voix encore
L'éclat et les mêmes sons
Qu'avoient jadis mes chansons.
Toute la cour d'Amathonte
Etant à Bois-le-Vicomte,

Muses, j'ai besoin de vous.
Venez donc de compagnie
Par vos charmes les plus doux
Ressusciter mon génie.
Je sens qu'il va décliner:
C'est à vous de lui donner
Des forces toutes nouvelles ;
Car je veux louer trois belles ;
Je veux chanter haut et net
Virville, Hervart, Gouvernet.
J'en ferai mes trois déesses,
Leur donnant à ma façon,
Et l'Amour pour compagnon,
Et les Grâces pour hôtesses.

La Fontaine, continuant sur ce ton, dit qu'il craint

de laisser à Bois-le-Vicomte son cœur pour otage: 1689-1692 il se reconnoît ainsi par le coeur, susceptible de Et. 68-71 constance et de fidélité; mais il ajoute :

>>

Le reste du composé

Est l'être le plus volage

Dont Dieu se soit avisé.

«Toutes Muses que vous êtes (dit-il aux Neuf

Sœurs), entreprendriez-vous de me préserver des » périls, à quoi je m'exposerois, en m'allant en>> fermer dans un château, où Mme d'Hervart et ses >> nièces 48 me retiendroient par enchantement contre >> tout droit d'hospitalité? » Enfin il s'exprime à cet égard clairement, et donne le véritable motif de son refus: <«< de demeurer tranquille à Bois-le-Vicomte pendant que l'on répétera à Paris mon opéra; » c'est ce qu'il ne faut espérer d'aucun auteur, quelque sage qu'il puisse être. »

>>

>>

Il paroît qu'on disoit beaucoup de bien de la musique de Collasse pour Astrée, et La Fontaine en tiroit un bon augure.

Oh! si le dieu du Parnasse

Avoit inspiré Collasse,

Comme l'on dit qu'il a fait,

La chose iroit à souhait.

Collasse fit la musique d'Astrée.

Collasse.

Collasse fut un des meilleurs élèves de Lully, qui Détails sur l'employoit même pour composer quelques symphonies dans ses opéras, et il devint après lui le musicien en vogue; mais ses compositions, sans être plus savantes, étoient beaucoup plus froides que celles du Florentin; il eut la passion de chercher le secret de la pierre philosophale, par là il se ruina, et

1689-1692 affoiblit sa santé : il eût mieux fait de dérober le At. 68-71 secret de Lully son maître, qui, avec les sept notes de la musique, trouva le moyen de devenir millionnaire 49.

La Fontaine,

dans le prologue de son opéra, loue

Louis XIVsur

La Fontaine, dans un prologue dont, selon l'u

sage, il fit précéder son opéra, mit dans la bouche

ses projets de d'Apollon les paroles suivantes, que ce dieu adresse

conquêtes.

Ce passage du prologue

au chœur qui recommande avant tout de se soumettre à l'amour.

Vos chants sont pour l'Amour, ma lyre est pour la gloire.
Du nom de deux héros je veux remplir les cieux,

De deux héros que la Victoire

Doit reconnoitre pour ses dieux :
Le Rhin sait leur vaillance;

Le Danube en pourra ressentir les effets.

Qui peut mieux qu'Apollon en avoir connoissance?

Mais je veux taire ces secrets;

Louis m'apprend, par sa prudence,

A cacher ses projets.

Il faut croire que cette singulière manière de

déplait au roi. cacher un secret déplut à Louis XIV, et qu'il ne se

et La Fontai

me.

ne le suppri- soucioit pas qu'on le représentât, comme ayant le projet de pousser ses conquêtes jusqu'au Danube; car on mit un carton dans l'édition qu'on avoit faite en 1691, de cet opéra, afin de supprimer ces vers: ils ne se trouvent pas dans les éditions de La Fontaine, ni dans le recueil des opéras de Ballard, imprimé en France, quoiqu'on les ait insérés dans l'édition de ce recueil, faite en Hollande en 1692 50. Les deux héros, dont parle La Fontaine dans ces vers, sont, je crois, les maréchaux de Luxembourg et de La Feuillade qui commandoient sous le roi,

lorsqu'il assiégea Mons. Le prince de Conti se trou- 1689-1692 voit aussi à ce siége 5.

Æt. 68-71

de la guerre.

Prise de Namur.

Steinkerck.
3 aout 1692.

L'année d'ensuite Louis XIV prit Namur, et re- Evénements tourna à Versailles, tandis que Luxembourg tenoit tête à toutes les forces des ennemis. Trompé par les faux avis d'un de ses espions qui avoit été découvert, le général français avoit fait des dispositions qui devoient le faire battre, quand il fut surpris, le 3 août 1692, par le prince d'Orange, près de Steinkerck. Luxembourg, sans se laisser déconcer-Bataille de ter, après avoir tenté deux attaques sans succès, se mit avec le duc de Chartres, le duc de Bourbon, le prince de Conti, le duc de Vendôme, et son frère le grand-prieur, à la tête de la brigade des gardes, et commença une troisième attaque. Les guerriers français firent des prodiges de valeur; le prince d'Orange fut battu, et forcé de se retirer, après avoir perdu sept mille hommes 52. Dès que cette nouvelle Lettre de La fut arrivée à Paris, elle y causa une joie extraordinaire, et La Fontaine, pour témoigner la sienne, écrivit au chevalier de Sillery, qui étoit attaché au service de M. le duc de Bourbon. Ce prince, imitant aussi relativement à La Fontaine, l'exemple de son aïeul le grand Condé, répandoit sur lui ses bienfaits, et venoit de lui faire remettre cent louis. La M. le duc de Fontaine, dans sa lettre au chevalier de Sillery, le félicite, et loue la générosité du duc, aussi bien que sa valeur, à laquelle on attribuoit en partie le gaine de la bataille de Steinkerck. Notre poëte le compare Steinkerck. à un lion poursuivi par des chasseurs.

Fontaine au

chevalier de

Sillery.
28 aout 1692.

Bourbon fait des dons à La Fontaine,

combat

au

de

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