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1687-1689 d'insérer parmi ses fables", s'adresse ainsi aux

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ne

fab. 23

fut pas

heureux.

Vous possédez tous deux ce qui plait plus d'un jour.
Les grâces et l'esprit, seuls soutiens de l'amour.
Dans la carriere aux époux assignée,

Prince et princesse, on trouve deux chemins:
L'un de tiédeur, commun chez les humains,
La passion à l'autre fut donnée.

N'en sortez point, c'est un état bien doux,

Mais peu durable en notre âme inquiète.

Et dans sa fable, il leur dit :

Hymen veut séjourner tout un siècle chez vous.
Puissent les plaisirs les plus doux,

Vous composer des destinées

Par le temps à peine bornées!

Cet hymen Ces vœux ne furent point accomplis. Cet hymen que le grand Condé, en mourant, avoit souhaité, ne fut pas heureux. La princesse de Conti avoit de beaux yeux; mais elle étoit petite, et même légèrement contrefaite. Cependant, malgré son peu d'attraits, son mari la tourmenta par sa jalousie, quoique, au témoignage de MADAME, elle n'y donnât pas le moindre sujet, et qu'elle fût la vertu même 1⁄4. Liaison du Ce qu'il y eut de plus fâcheux, c'est que le prince de

prince de

Conti avec la Conti conçut, par la suite, une passion très-vive pour

duchesse

Maine, sa

belle-sœur. la duchesse du Maine, sa belle-sœur, pleine d'esprit

et d'appas, et qu'il parvint à la lui faire partager : on prétend même qu'il lui sacrifia une couronne, et que ce fut son amour qui ralentit son ambition, et lui ravit le sceptre de la Pologne, dont le cardinal Radziejouski le proclama roi, en 1697 75. Quoi qu'il en soit, les intrigues d'amour dans lesquelles le prince de Conti

prince de

l'esprit du

se trouvoit presque toujours mêlé, lui aliénèrent 1687-1689 l'affection du roi. Les occupations de la guerre n'em- 1. 66-68 pêchoient même pas ce prince d'en ourdir toujours Intrigne du de nouvelles; et, tandis qu'il étoit à l'armée, on en Contour découvrit une dont il étoit l'âme, et qui fit beaucoup dauphin. de bruit à la cour. Il vouloit, secondé par le maréchal de Luxembourg et le duc de Montmorency, former un parti pour s'emparer de l'esprit de l'héritier du trône, et le conduire à son gré. Il falloit mettre, dans les intérêts de cette coalition, Me Choin, qui avoit une grande influence sur le dauphin. On crut y parvenir en faisant dominer celle-ci par un parent du maréchal de Luxembourg, chevalier de Malte, cornette des chevau-légers, nommé ClermontChatte, qui étoit l'amant de la princesse de Blois, ou douairière de Conti. Me Choin, qui étoit dame d'honneur de la princesse, n'ignoroit pas cette liaison. Lors donc que Clermont, d'après les instructions qu'il avoit reçues, voulut faire la cour à Me Choin, celle-ci lui objecta la passion qu'il avoit pour la jeune douairière de Conti. Clermont, sans hésiter, sacrifia à la fille d'honneur les lettres qu'il avoit reçues de la maîtresse. Le roi, ayant intercepté des courriers, décou- Elle est dévrit toute cette intrigue : sa colère tomba sur sa fille, la princesse douairière de Conti, et sur Mlle Choin, qu'il fit mettre au couvent : la guerre continuoit; la rare valeur et les talents de Conti et de Luxembourg lui étoient utiles, et il les crut assez punis de voir leur dessein avorté. Il se vengea en écrivant les détails de toute cette aventure à leur gros ami; c'est

couverte par

le roi.

1687-1689 ainsi que les coalisés appeloient le dauphin, dans 4. 66-68 leurs lettres.

voit Made

moiselle de Beaulieu.

Il paroît que cette intrigue commença vers l'époque de la campagne de Philisbourg, mais qu'elle ne fut découverte que quelque temps après 76. La disgrâce qu'elle fit éprouver au prince de Conti et à tous ceux qui composoient sa société, rejaillissoit sur La Fontaine, que le prince honoroit de son amitié, et dont il étoit le correspondant.

Vers l'époque de la célébration du mariage du prince de Conti, de toutes ces guerres et de toutes ces intrigues, La Fontaine se trouvoit étroitement lié avec M. et Mme d'Hervart, et alloit souvent, pendant la belle saison, à leur campagne de BoisLa Fontaine le-Vicomte. Une jeune personne, qu'il n'avoit jamais vue (c'étoit Mlle de Beaulieu), y parut un jour, et attira ses regards. M. d'Hervart, qui s'aperçut de l'impression qu'elle faisoit sur le vieux poëte, voulut s'en amuser. Il lui fit remarquer, en détail, tous les agréments de cette nouvelle beauté; et Impression celle-ci, vive et spirituelle, provoqua La Fontaine par des agaceries, qui étoient sans conséquence de la part d'une jeune fille de quinze ans, envers un homme qui en avoit soixante-huit. Dans l'après-midi, Distraction notre poëte monte à cheval pour s'en retourner à Paris, entièrement préoccupé de cette charmante personne, qui lui avoit fait passer des heures si agréables. Au bout de l'allée de Bois-le-Vicomte, au lieu de tourner à gauche, pour se diriger sur Paris, il traverse la grande route, suit droit son

qu'elle fait

sur lui.

qu'elle lui

cause.

chemin par la route de traverse qui conduit à 1687-1689 Louvres, s'éloignant ainsi de plus en plus de la Et. 66-68 capitale. Un domestique, qui le connoissoit, et qui le rencontra, le tira de sa rêverie, et l'avertit de sa méprise. La Fontaine retourna donc sur ses pas pour rejoindre la grande route: mais une pluie violente l'arrêta à Aunay; et, comme il étoit tard, il fut enfin obligé de suspendre son voyage, et de coucher dans un très-mauvais gîte. Il fit de tout cela un récit fort amusant, qu'il adressa à Vergier, qui, n'ayant pas encore quitté l'état ecclésiastique, se nommoit l'abbé Vergier, et étoit resté à Bois-leVicomte; ce fut là qu'il reçut la lettre de La Fontaine, qui lui mandoit :

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Lettre de La Fontaine à Vergier

Qu'avoit à faire M. d'Hervart de s'attirer la >> visite qu'il eut dimanche? Que ne m'avertissoit-il? 4 juin 1688. » Je lui aurois représenté la foiblesse du person» nage, et lui aurois dit que son très-humble servi>>teur étoit incapable de résister à une fille de quinze » ans, qui a les yeux beaux, la peau délicate et >> blanche, les traits de visage d'un agrément infini, >> une bouche, et des regards! Je vous en fais juge: » sans parler de quelques autres merveilles sur lesquelles M. d'Hervart m'obligea de jeter la vue. » La Fontaine raconte ensuite sa plaisante aventure, et il avoue que Me de Beaulieu lui a fait consumer trois ou quatre jours en distractions et en rêveries, dont on a fait des contes par tout Paris. Ensuite il écrit, sur cette jeune beauté, deux pages de vers sur un ton moitié burlesque, moitié gracieux.

>>

1687-1689

Et. 66-68

et de Made

Plus je songe en mon cerveau,
De combien peu d'apparence
Seroit pour moi l'espérance
De la toucher quelque jour,
Plus je vois que c'est folie
D'aimer fille si jolie,

Sans être le dieu d'Amour.

Comment pourrois-je décrire
Des regards si gracieux?
Il semble, à voir son sourire,
Que l'Aurore ouvre les cieux.

Si ceci plaît à la belle,
Dites-lui que les Neuf Sœurs
Me font réserver pour elle
Encore d'autres douceurs.

Une autre fois, je l'espère,
Je ferai, moyennant Dieu,
Quelque reine de Cythère
D'Amarante de Beaulieu.

De Madame La Fontaine charge ensuite Vergier de faire ses moiselle de compliments à Mlle de Gouvernet «< que les grâces,

Gouvernet.

>>

dit-il, ne quittent pas. » C'étoit la fille de la marquise de Gouvernet, sœur de M. d'Hervart, une des plus belles femmes de son temps, et dont le portrait avoit illustré le pinceau de Mignard. Il étoit considéré comme son chef-d'oeuvre ". La Fontaine, en terminant, dit : « Vous pouvez vous » moquer de moi tant qu'il vous plaira, je vous le permets; et si cette jeune divinité, qui est venue » troubler mon repos, y trouve un sujet de se di

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» vertir, je ne lui en saurai point mauvais gré. A

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quoi servent les radoteurs, qu'à faire rire les jeunes filles 78 ? »

Vergier lui fit une réponse charmante en prose

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