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il Æt. 66-68

est Madame Ulrich, l'édi

vres posthu

de

Fontaine.

La

celte asser

possesseur de ces deux lettres, ni avoir envie de les 1687-1689 publier, que celle-là même qui les avoit reçues, en résulte que nous devons conclure que la dame Madame inconnue, à laquelle ces deux lettres sont adressées, des a été l'éditeur des OEuvres posthumes de La Fon- mes taine. Mais cette conclusion acquiert un bien plus grand degré de certitude, si l'on fait attention que Preuves de l'épître dédicatoire de ces OEuvres posthumes est tion. adressée au marquis de Sablé, confident et ami de l'inconnue, et que cette épître est signée par une femme, qui prend le nom d'Ulrich. Il importe peu que ce nom soit vrai ou supposé, ou simplement le nom de baptême de la dame inconnue; mais il importe beaucoup pour l'authenticité des pièces, qui sont insérées dans ces OEuvres posthumes, et pour l'exactitude des détails, donnés par l'éditeur sur La Fontaine, d'achever de prouver ce que nous venons d'avancer. Or, remarquons que Mme Ulrich déclare, dans sa préface, qu'elle n'a songé uniquement qu'à sacrifier aux mânes de l'illustre M. de La Fontaine. « L'étroite amitié, dit-elle, dont il m'a honorée pendant les dernières années de sa vie, et toutes les marques de distinction que j'en ai reçues, méritoient bien que je ne laissasse pas dans l'oubli les restes précieux qu'il a bien voulu me confier. » Elle dit que ceux qui ont loué La Fontaine ne l'ont pas élevé au rang que méritoit un caractère, aussi rare et aussi original que le sien; enfin elle termine ainsi : « Je ne me plains de personne pour mon ami, persuadée comme je dois l'être qu'il n'appar

1687-1689 tient qu'à ses seuls ouvrages de consacrer dignement E. 66-68 sa mémoire. »

Cependant, malgré cette déclaration, dans une lettre adressée à un anonyme, elle trace un portrait de La Fontaine, dont nous avons déjà rapporté les traits principaux. « C'étoit un philosophe, ditelle, mais un philosophe galant. » L'éloge qu'elle fait des contes, et les termes dont elle se sert pour exprimer son enthousiasme, nous semblent aussi confirmer toutes nos conjectures. « Pour ses contes, je ne trouve personne qui puisse entrer en parallèle avec lui; il est absolument inimitable. Quels récits véritablement charmants! quelles beautés! quelles descriptions heureuses! quelle morale fine et galante! tout y coule de source. Leur lecture fait sentir à l'âme un plaisir qu'on ne peut décrire. » On peut tout supposer et tout croire d'une femme qui trouvoit la morale des contes de La Fontaine si fort à son gré. Cette dame ne parle en aucune manière de la conversion de La Fontaine, ni de sa dévotion pendant Epoque à les deux dernières années de sa vie, ce qui prouve

laquelle cessa

la liaison de

La Fontaine que cette conversion lui déplut, et qu'elle fit cesser

ave Mad.”

me

leur liaison. Enfin les contemporains de Me Ulrich n'ont jamais douté de l'authenticité des OEuvres posthumes qu'elle a publiées. La famille de La Fontaine qui a livré les manuscrits de cet illustre poëte à l'éditeur des OEuvres diverses, imprimées en 1729, n'a contesté ni l'origine d'aucune des pièces des OEuvres posthumes, ni le droit qu'avoit Mme Ulrich de les faire paroître. L'on ne doutoit pas alors que

les copies qu'elle en avoit ne lui eussent été don- 1687-1689 nées par La Fontaine même, parce que probable- E. 66-68 ment on connoissoit la liaison intime qui avoit existé entre elle et lui 65.

Dans la seconde des lettres, dont nous venons de Epoque à la

quelle celte

parler, on lit ces mots : « Comme on dit que le intrigue eut

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prince d'Orange s'en retourne en Angleterre,

» nos princes et nos grands seigneurs pourroient bien s'en revenir au plus vite. » Ceci nous donne la date de cette intrigue.

Angleterre.

Les fautes de Charles II, son impéritie, sa légè- Révolution en reté, sa trahison même, n'avoient pu lui faire perdre un trône, sur lequel il avoit été replacé par le concours de toutes les volontés. Il étoit mort roi d'Angleterre. Son frère, Jacques II, lui avoit succédé sous les plus heureux auspices. La nation anglaise, fatiguée, étoit disposée à se reposer de ses secousses dans les bras du pouvoir, lorsque le roi s'aliéna tous les cœurs, et effraya toutes les consciences, en faisant des efforts pour changer la religion nationale, et convertir l'Angleterre au culte catholique, dans le même temps que Louis XIV exerçoit, au nom de ce culte, des cruautés qui inspiroient une juste horreur à l'Europe entière, et forçoient cinq cent mille Français à s'expatrier, et à transporter dans l'étranger leurs richesses et leur industrie. Le prince d'Orange profita de cette faute; et, vers la fin de 1688, il se transporta en Angleterre, et détrôna son beau-père Jacques II, qui vint en France, avec sa femme et son fils encore enfant,

Jacques II Orange est

est détrôné, et le prince

proclamé ro

eu 1658.

168--1689 se mettre, comme avoit fait son frère, sous la pro.66-65 tection de Louis XIV. Cette révolution mémorable Nouvelles et la ligue d'Augsbourg déterminèrent de nouveau la guerre entre Louis XIV et la plus grande partie de l'Europe coalisée 66.

guerres.

Philisbury

“.

Un des événements les plus remarquables de cette première campagne 7, fut la prise de Philisbourg, assiégé par Vauban, et par Catinat alors lieutenantPrise de général. Cette ville se rendit le 29 octobre 1688 68. 1988 Le dauphin se trouvoit à ce siége, et montra tant de bravoure que les soldats le surnommèrent LouisBritanie ue à le-Hardi. C'est à propos de ce surnom que La Fontaine composa une ballade, qui fut louée dans le temps par Bayle. Et comme il étoit dans la destinee de notre poëte d'essayer de tous les genres de poesie, depuis les plus excellents jusqu'aux plus futiles, il fit aussi sur ce sujet des stances, dans la manière de Neuf-Germain.

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Dans ce genre de poésie, les dernières syllabes de chaque vers, ou les rimes, doivent former, par leur réunion, le nom que l'on veut illustrer. Citons pour exemple un des chefs-d'oeuvre du maître du A trop fameux Neuf-Germain. Le cardinal de Richelieu, que Neuf-Germain amusoit par ses folies, mit les vers suivants au bas de la pièce, qui ordonnoit à Bullion, trésorier des finances, de payer au poëte une légère somme, qu'il lui avoit accordée.

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De par le roi, de Bullion,
Ne manquez d'élargir la main,
Pour donner moins d'un million
Au facétieux Neuf-Germain.

Neuf-Germain, pour n'être pas en reste avec son 1687-1689 éminence, fit sur-le-champ cette épigramme:

Fendez en deux une souri,

Prenez la moitié d'une mouche,
Coupez milieu par le milieu,

Et vous trouverez Richelieu 7o.

Les stances de La Fontaine, et c'est tout dire, sont presque dignes de ce chef-d'oeuvre "; il n'est pas impossible qu'elles aient beaucoup réussi dans. le temps; Voiture en a fait de semblables, qui ont été fort louées. Ce mauvais goût qui étoit universel dans le commencement du règne de Louis XIV, doit augmenter notre reconnoissance pour les grands auteurs de ce siècle, et nous faire apprécier les pas immenses qu'ils ont faits pour nous ramener au vrai et au naturel; La Fontaine y a contribué plus qu'aucun autre.

El. 66-68

du prince de Conti avec

de Bourbon, 29 juin

1688.

Le prince de Conti étoit aussi à ce siége de Philis- Mariage bourg. Il venoit d'épouser, quelques mois aupara- Mademoiselle vant, Mlle de Bourbon, petite - fille du prince de le Condé, et La Fontaine ne se contenta pas de lébrer cet hymen dans un épithalame, il dédia au prince une de ses fables, dans le prologue de la- le Roi, le Mi

quelle il fit entrer les louanges de la nouvelle épouse.

Fabie qr!

a pour titre :

lan etle Chasseur, dédiée au prince de Conti.

Il y revient encore dans une lettre en prose et en L. 12, fab. 12. vers, dont nous parlerons bientôt, qu'il écrivit plus tard, afin d'instruire le prince de Conti qui étoit à l'armée, des nouvelles qu'on débitoit à Paris.

La Fontaine, dans l'épithalame, qu'on a eu tort

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