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réservé que lui, c'étoit s'expliquer suffisamment. 1687-1689 On feignit de ne point le comprendre, ou plutôt, Æ. 66-68 on ne fit pas d'attention à son épître. Mme de Mainte- Motifs de Ma

me

dame de Mainfenon pour La

Fontaine de

duchesse de

emmener La Fontaine си

non, d'ailleurs, avoit un puissant motif pour écarter éloigner La Fontaine de la cour; il avoit autrefois vécu dans la cour. son intimité. M Fouquet emmenoit souvent à SaintMandé et à Vaux la femme de Scarron; à cette époque, notre poëte eut occasion de la voir fréquemment: elle étoit brillante de jeunesse et de beauté, mais dans une situation pénible, et qui l'eût été encore davantage, si le généreux Fouquet n'avoit pas fait une pension à son mari. Le souvenir de ces temps, et de tous ceux qui l'avoient connue alors, ne pouvoit être agréable à Mine de Maintenon 43. Ce fut après la publication de l'épître à M. de Madame la Bonrepaux que La Fontaine, excité par le mauvais Bouillon veut état de sa fortune, et par l'ennui de ne plus voir que Angleterre. rarement Mme de La Sablière, qui restoit presque toujours aux Incurables, conçut le projet de passer en Angleterre, où on lui offroit un asile. Mme la duchesse de Bouillon fut sur le point de l'emmener avec elle à Londres, où elle alla voir, en 1687, Mme la duchesse de Mazarin, sa sœur 44. Mais La Fontaine sut résister à ses séduisantes instances; et il fut retenu dans sa patrie, non seulement par son attachement pour elle, mais encore par divers motifs. Les princes Les princes de Conti et de Vendôme, et le duc de Bourgogne, encore enfant, mais que guidoit le vertueux Fénélon, surent par leurs largesses subvenir aux besoins de de La Fonnotre poëte : ils ne purent remédier au peu d'ordre

de Conti et de

Vendôme, et subviennent'

duc de Bourgogne

aux besoins

taine.

1687-1689 de ses affaires, parce que cela ne dépendoit pas Æt. 66-68 d'eux, et que La Fontaine étoit un de ces hommes qu'il est impossible d'enrichir: mais, sans être riche, il ne manqua jamais d'argent, même pour satisfaire ses fantaisies. Au défaut de la munificence des princes, il avoit des amis qui pourvoyoient attentivement à ce qui lui étoit nécessaire il trouva enfin dans Mr et Mme d'Hervart tout ce que le changement de vie de Mme de La Sablière lui avoit fait perdre de douceur et d'agréments.

soins tou

Mad. d'Her

vart pour La Fontaine.

:

M. d'Hervart, conseiller au parlement de Paris, et maître des requêtes, ami intime de La Fontaine, avoit hérité d'une partie de l'immense fortune de Barthélemy d'Hervart, son père. Il épousa, en 1686, une des plus belles personnes, dit Marais, Amitié et que l'on ait jamais vue 46. Cette jeune beauté, non chants de M.et seulement partagea l'amitié que son mari avoit pour notre poëte, mais elle eut pour lui ces attentions aimables, ces soins touchants, qui, dans les femmes, nous enchantent à tout âge, parce qu'ils semblent, en quelque sorte, le témoignage d'un sentiment plus vif, plus affectueux que l'amitié même. Me d'Hervart devint pour La Fontaine une seconde Mae de La Sablière. Toute jeune qu'elle étoit, elle donnoit à notre vieux poëte d'utiles conseils, qu'il ne suivoit guère. Mais il faut avouer aussi que la société qu'elle recevoit chez elle étoit peu propre à inspirer La société de à La Fontaine des pensées sérieuses et conformes à son âge. Ce Vergier, qui abandonna la soutane pour l'uniforme de la marine, qui composoit de si jolies

Mad. d'Her

vart,

chansons, et des contes, dont quelques uns ont mé- 1687-1689 rité d'être placés à côté de ceux de notre poëte; cette Æ. 66-68 belle d'Arais, si vive et si spirituelle; cette Gouvernet, cette aimable Vireville, cette charmante, d'Hélang; cette jeune Beaulieu" surtout, qui s'amusoit de la passion qu'elle avoit inspirée à un vieillard, et qui ne s'effarouchoit pas de la licence de ses vers: toute cette société, si gaie, si aimable, si séduisante, ne contribua pas peu à entretenir dans La étoit propre à Fontaine ce goût pour une vie indolente et joyeuse

>>

>>

me

entretenir La Fontaine dans ses goûts pour une vie indo

se.

qui ne l'avoit jamais quitté, et dont l'habitude avoit lente et joyeu fait chez lui une seconde nature. Dès qu'il connut Mine d'Hervart, il voulut la chanter; « et, pour cela, écrivoit-il, il lui faut donner un nom de Parnasse. Comme j'y suis le parrain de plusieurs belles, je >> veux et entends qu'à l'avenir Mme d'Hervart s'appelle Sylvie dans tous les domaines que je possède » sur le double mont. » Le bon La Fontaine oublioit-il que dans le Songe de Vaux, il avoit déjà baptisé Mme Fouquet du nom de Sylvie, ou croyoitil, si elle existoit encore, qu'elle étoit par trop âgée, pour se montrer sur ses domaines du Parnasse? La Fontaine, d'abord fit, pour Mme d'Hervart une chan- Chanson pour son 48, et depuis, il composa pour elle des vers, dont art. une partie seulement nous est parvenue.

Mad. d'Iler

Fontaine à

Bonrepaux.

M. de Bonrepaux, qui étoit en Angleterre, dans Lettre de La une de ses lettres à Mme de La Sablière, avoit de- ambassadeur mandé avec instance des nouvelles de La Fontaine. Celui-ci, sensible à cette marque d'intérêt, commença une longue lettre à M. de Bonrepaux avant

ne

1687-1689 qu'elle ne fût achevée, La Fontaine reçut directeEt. 66-68 ment de cet ambassadeur une lettre pour l'inviter à passer en Angleterre. Pour le déterminer plus facilement, M. de Bonrepaux lui parloit de Mme de Bouillon, du vieux poëte Waller, qui désiroit le connoître, et de son ancien ami, l'aimable SaintEvremond. La lettre de La Fontaine mérite de nous arrêter un instant, parce qu'elle nous fait connoître les dispositions de son esprit, ses occupations habituelles, la situation où il se trouvoit alors, demeurant encore chez Mme de La Sablière, objet de reconnoissance, de tendresse et de regrets, et se livrant cependant aux plaisirs qui l'entraînoient dans la société de Mm d'Hervart.

Madame de
La Sablière.

>>

Il loue beaucoup cette dernière d'avoir congédié les vapeurs et la toux, et de n'avoir retenu que la gaieté et les grâces. Puis, passant ensuite à Mme de Regrets sur La Sablière, il dit : « Les grâces de la rue SaintHonoré nous négligent. Ce sont des ingrates à qui » nous présentions plus d'encens qu'elles ne vou» loient. Par ma foi, Monsieur, je crains que l'encens ne se moisisse au temple. La divinité qu'on » y venoit adorer en écarte tantôt un mortel, tan» tôt un autre, et se moque du demeurant, sans >> considérer ni le comte, ni le marquis; aussi peu » le duc... Autrefois, je vous aurois écrit une lettre qui n'auroit été pleine que de ses louanges: non

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qu'elle se souciât d'être louée; elle le souffroit seu

lement, et ce n'étoit pas une chose pour laquelle

>> elle eût un si grand mépris. Cela est changé.›

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J'ai vu le temps qu'Iris (et c'étoit l'âge d'or

Pour nous autres gens du bas monde),

J'ai vu, dis-je, le temps qu'Iris goûtoit encor,
Non cet encens commun dont le Parnasse abonde;

Il fut toujours, au sentiment d'Iris,
D'une odeur importune ou plate;
Mais la louange délicate

Avoit auprès d'elle son prix.

Elle traite aujourd'hui cet art de bagatelle;
Il l'endort; et, s'il faut parler de bonne foi,
L'éloge et les vers sont pour elle,

Ce que les sermons sont pour moi.

1687-1689

Æt. 66-68

vart.

Il revient ensuite aux louanges de Mme d'Hervart, Louanges de pour laquelle Vergier, intendant de marine, et alors en Angleterre, composoit la plupart de ses chansons et de ses poésies.

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C'est un sort commun pour nous tous;

Mais je m'étonne de l'époux,

Il en a pour toute la vie.

« J'ai tort de vous dire que je m'en étonne; il faudroit au contraire s'étonner que cela ne fût pas » ainsi. Comment cesseroit-il d'aimer une femme » souverainement jolie, complaisante, d'humeur égale, d'un esprit doux, et qui l'aime de tout son >> cœur? Vous voyez bien que toutes ces choses, se >> rencontrant dans un seul sujet, doivent prévaloir » sur la qualité d'épouse.

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