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1657-1689 grand dans la tragédie de Mérope, qui est en quelEt. 66-68 que sorte calquée sur celle de Maffeï, que dans Alzire

dont le sujet est de l'invention de l'auteur. Phèdre n'est-elle pas considérée comme une des plus sublimes pièces, qu'ait enfantées le génie de Racine, quoiqu'il ait puisé le sujet de cette tragédie, et même les motifs des plus belles scènes, dans Euripide. Cependant on peut ajouter encore qu'avant Corneille, Racine et Voltaire, Melpomène étoit connue dans toute son auguste majesté, par les chefs-d'oeuvre des anciens mais la Muse plus humble de l'apologue, qui, le premier, l'a ornée d'assez d'attraits, pour la rendre digne de paroître sur le Parnasse? C'est La Fontaine : ainsi donc nul poëte, je le répète, n'a plus que lui de droit à être considéré comme inventeur; et cependant quelle modestie! Aujourd'hui nous réimprimons sans cesse son recueil, avec ce titre : Fables de La Fontaine; mais de son Titre que la vivant, il l'intitula toujours Fables choisies mises

Fontaine donnoit à son re

:

:

cueil de Fa- en vers par M. de La Fontaine. C'est la seule fois,

bies.

Occasion de

la querelle au sujet des Anciens et des Modernes.

ô La Fontaine ! que j'approuve tes éditeurs de s'ètre écartés du texte des éditions de tes ouvrages, imprimées sous tes yeux, et auxquelles ils auroient dù se conformer religieusement.

A peine la querelle littéraire, qu'avoit excitée . l'expulsion de Furetière, commençoit à s'apaiser qu'il s'en éleva une autre, dont voici quelle fut l'occasion. Le roi, dont la santé avoit toujours été robuste et saine, éprouva une révolution dans ses humeurs, et on fut obligé de lui faire subir l'opéra

l'opération de

Il fait son entrée solen

dans

Paris, et se

Dame, 30 jan

l'Académie française

au

sa

convalescence

1687

son poeme intitulé Le Sie

cie

de Louis

le-Grand,

tion douloureuse, et alors encore inusitée, de la fis- 1687-1689 tule. Lorsqu'il fut rétabli, il y eut des réjouissances Æt. 66-68 dans tout le royaume; lui-même fit une entrée so- Le Roi subit lennelle dans Paris, pour aller à Notre-Dame rendre la fistule des actions de grâces, et il dîna pour la première fois nelle à l'Hôtel-de-Ville37. L'Académie française, quelques renda Notrejours avant(le 27 janvier 1687), fit, à ce sujet, chanter vier 1687. un Te Deum, et l'après - dîner tint une assemblée Séance de extraordinaire, dans laquelle Perrault lut un poëme, sujet de intitulé Le Siècle de Louis-le Grand, qui alluma le 27 janvier dans le sein de l'Académie, et sur le Parnasse fran- Perraulty lit çais, une guerre littéraire qui a duré plus de cinquante ans. Dans ce poëme, Perrault exaltoit les modernes, et tournoit les anciens en ridicule; et cependant, parmi les hommes illustres du siècle de Louis-le-Grand qu'on pouvoit leur opposer, il ne nommoit ni Racine, ni Boileau, ni La Fontaine. C'étoit ajouter l'insulte au scandale 38. Aussi le déchaî- une guerre lit nement fut général parmi les érudits et les hommes l'Académie et de lettres qui faisoient le plus d'honneur à la France par leur talent. Boileau fut un de ceux qui combattit avec le plus d'ardeur. « Il n'aiguisa pas ses traits, dit d'Olivet, il les envenima. » Cependant aucune des épigrammes, dont il cherche à accabler son adversaire, ne vaut les vers, par lesquels Perrault termine sa préface contre l'abbé Régnier, Dacier, et les autres traducteurs maladroits des anciens. « Ces traductions des poëtes grecs, disoit Perrault, sont contre la bonne politique.

>>

Ils devoient, ces auteurs, demeurer dans leur grec,

qui alluma

téraire dans

sur le Par

nasse.

1687-1689

Æt. 66-68

La Fontaine

se déclare en faveur des An

ciens.

Epitre à M. Huet, 5 février 1687

Et se contenter du respect 39

De la gent qui porte férule.

D'un savant traducteur on a beau faire choix,

C'est les traduire en ridicule,

Que de les traduire en françois.

40

La Fontaine fut le premier qui se déclara publiquement en faveur des anciens; non seulement il fit à ce sujet un aveu, dont Dacier se prévalut depuis dans ses préfaces, mais, dix jours après la célèbre séance académique, il publia, sur une feuille séparée, une épître en vers, adressée à son ami et son confrère le savant Huet, alors évêque de Soissons, auquel il avoit donné un Quintilien de la traduction d'Oratio Toscanella. Dans cette épître qui se ressent de la précipitation, avec laquelle l'auteur l'a composée, non seulement La Fontaine défend les anciens, mais il expose sa propre doctrine et ses goûts particuliers en matière de littérature 4.

Art et guides, tout est dans les Champs-Elysées :
J'ai beau les évoquer, j'ai beau vanter leurs traits,
On me laisse tout seul admirer leurs attraits.

Térence est dans mes mains, je m'instruis dans Horace;
Homère et son rival sont mes dieux du Parnasse.
Je le dis aux rochers: on veut d'autres discours;
Ne
pas louer son siècle est parler à des sourds.
Je le loue; et je sais qu'il n'est pas sans mérite;
Mais près de ces grands noms notre gloire est petite.

La Fontaine, en parlant de son admiration pour
Malherbe, avoue qu'il fut près de se laisser égarer

par

le goût des antithèses et des concetti, dont cet auteur est plein.

Je pris certain auteur autrefois pour mon maître;

Il pensa me gâter : à la fin, gràce aux cieux,

Horace, par bonheur, me dessilla les yeux.

Il ne peut s'empêcher de témoigner encore ici 1687-1689 pour Platon.

son admiration

Quand notre siècle auroit ses savants et ses sages,

En trouverai-je un seul approchant de Platon?

Il ne veut pàs cependant que l'on soit exclusif, et il recommande la lecture des modernes, tant des nationaux que des étrangers.

Je chéris l'Arioste, et j'estime le Tasse;
Plein de Machiavel, entêté de Bocace,
J'en parle si souvent qu'on en est étourdi.
J'en lis qui sont du Nord, et qui sont du Midi.

Enfin, tout en admirant les anciens, il recommande de ne pas les imiter servilement.

Quelques imitateurs, sot bétail, je l'avoue,
Suivent en vrais moutons le pasteur de Mantoue.
J'en use d'autre sorte; et, me laissant guider,
Souvent à marcher seul j'ose me hasarder.
On me verra toujours pratiquer cet usage
Mon imitation n'est point un esclavage :

Je ne prends que l'idée, et les tours et les lois

Que nos maîtres suivoient eux-mêmes autrefois.

Si d'ailleurs quelque endroit chez eux plein d'excellence
Peut entrer dans mes vers sans nulle violence,
Je l'y transporte, et veux qu'il n'ait rien d'affecté,
Tâchant de rendre mien cet air d'antiquité.

Et. 66-68

de Bonre

L'épître à M. de Bonrepaux, ambassadeur en Epitre à M Angleterre, qui fut imprimée avec la précédente, est

paux, 5 fé

vrier 1687.

de l'édit de

un éloge du roi, fait à propos de sa convalescence. La Fontaine loue le monarque de la révocation de Révocation l'édit de Nantes. Cette mesure cruelle et désastreuse Nantes. obscurcit les dernières années d'un règne, dont les commencements avoient été si brillants: cependant ceux mêmes qui se sont le plus élevés contre Louis XIV, avouent qu'il fut alors abusé par l'impi

1687-1689 toyable Louvois, qui lui cacha le véritable état des Et. 66-68 choses. Lorsque l'autorité a l'imprudence de déchaîner les unes contre les autres des factions, ou des croyances contraires, elle s'environne aussitôt de ténèbres, ou ne discerne plus les objets, qu'à la lueur des flambeaux du fanatisme, qui, comme les torches des furies, n'éclairent que des fantômes. La Bruyère La Bruyère et Fontenelle même y furent trompés, et applaudirent au projet glorieux de réunir tous les

et Fontenelle

ont,

La Fontaine, applaudi

a

cette mesure.

Français par une même et seule religion. La Fontaine suivit donc en cela le torrent de l'opinion commune, et disoit du roi :

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La Fontaine La manière dont cette épître se termine prouve

sollicite pour

ses vers

roi.

bienfaits du que La Fontaine eût désiré que les bienfaits du monarque vinssent remédier au mauvais état de sa fortune.

Il faut plus de loisir pour louer ce héros :

Une Muse modeste et sage

Ne touche qu'en tremblant à des sujets si hauts.
Je me tais donc, et rentre au fond de mes retraites:
J'y trouve des douceurs secrètes.

La Fortune, il est vrai, m'oubliera dans ces lieux;

Ce n'est point pour mes vers que ses faveurs sont faites;
Il ne m'appartient pas d'importuner les dieux....

Et, après ces mots, viennent deux lignes de points
qui terminent cette épître, dans la première édition
que La Fontaine fit imprimer. Pour un homme aussi

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