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truire la place

milien un monument à Louis XIV.

la place Ven

dont il forma la place des Victoires, au milieu 1684-1687 de laquelle on éleva ce superbe monument que Æt. 63-66 nous avons vu détruire de nos jours. Les façades Fait cons de cette place furent exécutées sur les dessins de des Victoires, Mansard, et la statue en marbre blanc étoit l'ou- et élève au vrage du sculpteur Desjardin, qui avoit aussi représenté la Victoire, plaçant une couronne de laurier sur la tète du monarque, et quatre esclaves enchaînés à ses pieds dans des proportions énormes. Mais, à la même époque, le roi venoit d'acheter l'hôtel On forme de Vendôme, bâti par Henri IV, pour son fils, et dome. on projetoit de le faire abattre pour y former une place, au milieu de laquelle on vouloit mettre la statue équestre en bronze de Louis XIV, qu'exécutoit le sculpteur Girardon. Cette place, eût désiré appeler du nom de Louis-le-Grand, mais qui a toujours conservéce lui de Vendôme, ne fut achevée que deux ans après, et ce ne fut même qu'en 1699, treize ans après la date de l'épître de La Fontaine, qu'on put y placer la statue faite par Girardon 14. Mais nous apprenons, par cette épître même, qu'on parloit déjà beaucoup alors de cette statue; et il est bien naturel qu'il en fût question dans un repas, où se trouvoit le sculpteur qui l'exécutoit.

De la maitresse on vint au roi,

Du roi l'on vint à la statue;

De la statue on prit sujet

D'examiner la place, et cet autre projet
Où l'image du prince est encore attendue.
Il faut du temps: le temps a part
A tous les chefs-d'œuvre de l'art.

La reine des cités, dans sa vaste étendue,
N'aura rien qui ne cède à ce double ornement.

qu'on

On commence la stafue equesire en bronze de Louis XIV.

1684-1687

Et. 63-66

L'équestre en est encore à son commencement,
La pédestre, à la fin, le monarque l'a vue.
Desjardin, il faut l'avouer,

Mérite par cette œuvre une éternelle gloire.
Nous en louâmes tout, car tout est à louer,
Et le vainqueur, et la Victoire,

Et les captifs...

Jugement de Après un éloge du duc de La Feuillade et du roi,

La Fontaine

sur Leclerc.

sur Bayle et La Fontaine raconte ce qui s'est dit dans le repas sur les journaux de Hollande, et surtout sur Bayle et son continuateur Leclerc.

La Fontaine

sur le pro

phète ruch.

Leclerc pour la satire a bien moins d'habitude;
Il paroit circonspect, mais attendons la fin.
Tout faiseur de journaux doit tribut au malin.

Ce dernier vers est devenu proverbe. Les convives
quittèrent le repas pour aller au sermon; et ce qui
est digne de remarque dans La Fontaine, c'est
qu'il écouta ce sermon fort attentivement, et qu'il
en parle d'une manière convenable. « J'y trouvai,
dit-il, de la piété, de l'éloquence, des expres-
sions, et un bon tour en beaucoup d'endroits,
>> tout-à-fait selon mon goût.

>>

>>

>>

Naïveté de Une anecdote, rapportée par Racine le fils, prouve que La Fontaine aimoit la lecture des livres saints. Le grand Racine le mena un jour à Ténèbres; et, s'apercevant que l'office lui paroissoit long, il lui donna pour l'occuper un volume de la Bible, qui contenoit les Petits Prophètes. La Fontaine tomba sur la prière des Juifs, dans Baruch, et ne pouvant se lasser de l'admirer, il disoit à Racine: « C'étoit un beau génie que Baruch : qui étoit-il? » Le lendemain et les jours suivants, lorsqu'il rencontroit

dans la rue quelque personne de sa connoissance, 1684-1687 après les compliments ordinaires, il élevoit la voix Æt. 63-66 pour dire : << Avez-vous lu Baruch; c'étoit un grand

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«

génie 15. » Malgré la licence de ses écrits, et ses mœurs relâchées, La Fontaine avoit du respect pour

respectoit la

la religion. Arnauld ayant loué ses fables, il crut La Fontaine devoir lui en témoigner sa reconnoissance en lui religion. adressant à son tour des éloges dans le prologue d'un de ses contes. Ce conte renfermoit une application de quelques paroles de l'Evangile. Racine et Boileau, Sur l'avis à qui il le montra, lui firent observer que cette appli- de Racine, il cation étoit impie, et lui donnoit le caractère d'un homme sans religion; il ne fit aucune difficulté de supprimer ce conte qui n'a jamais paru 16

de Boileau et

supprime un de ses contes

qu'il avoit dé

dié à Arnauld.

La Fontaine

est lié avec

peintre Mi

gnard,

Girardon n'étoit pas alors le seul artiste dont la ville de Troyes dût s'enorgueillir; Mignard y étoit le né". Ce peintre, par le grand nombre de portraits qu'il avoit faits en France, et par les belles fresques du Val-de-Grâce, avoit encore augmenté la réputation qu'il s'étoit acquise en Italie. Barthélemy d'Hervart, qui avoit été autrefois intendant et contrôleur général des finances, homme d'une richesse immense, et qui savoit l'art d'en jouir, avoit acheté l'ancien hôtel d'Epernon, et l'avoit agrandi et em- qui orne de belli. Il sacrifia une somme considérable pour orner de peintures à fresques son cabinet et son salon. Mignard fut chargé de les exécuter. Il avoit représenté sur la voûte du cabinet l'apothéose de Psyché : on la voyoit s'élever sur le sommet de l'Olympe, portée par Mercure et par Hyménée; Jupiter

belles fresl'hôtel

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ques d'Hervart,

1684-1687 paroissoit empressé de recevoir la divinité qui veA. 66-86 noit embellir son empire; une troupe d'Amours

servoient de cortége à leur nouvelle souveraine. Sur la voûte du salon, Mignard avoit peint les principales aventures d'Apollon, sa cruelle vengeance envers Niobé, le combat contre le serpent Python, son séjour à la cour du roi Laomédon, la douleur dont il avoit été accablé par la perte du beau Hyacinthe, son amour pour la sévère Daphné, et le soin qu'il prenoit d'arroser l'arbre dont elle avoit subi la métamorphose. Sur la coupole on le voyoit dans toute sa gloire, occupé à instruire les Muses attentives. Cette fresque étoit considérée comme le chef-d'œuvre de Mignard 18. Ce grand peintre étoit intimement lié avec La Fontaine, ainsi que lui homme de Champagne*, et encore plus avec Molière; il fut même, dans le temps, admis aux petites réunions de ces deux poëtes avec Racine, Boileau et Chapelle ". Molière fit un poëme exprès pour célébrer la fresque du Val-de-Grâce", et le roman de Psyché, que composa La Fontaine, contribua aussi à la célébrité des peintures que Mignard

dans lequel avoit exécutées dans le cabinet de l'hôtel d'Hervart.

La Fontaine

devoit finir C'est dans cet hôtel, qui étoit situé rue Plâtrière,

ses jours.

où est actuellement l'administration des Postes, que La Fontaine devoit terminer sa vie ".

* Je suis un homme de Champagne,

Qui n'en veut point au roi d'Espagne,

dit La Fontaine, en parlant de lui, dans l'épitre à une abbesse de Brabant, Voyez ci dessus, p. 32.

22

La Fontaine avec l'abbé Camus 1 depuis évêque

La Fontaine fut aussi lié avec plusieurs ecclé- 1684-1687 siastiques recommandables : nous avons déjà fait Æ. 63-66 mention de Huet, son ami particulier, qui fut nommé sous-précepteur du dauphin, puis évêque de Soissons, et ensuite évêque d'Avranches ". La Fontaine avoit eu aussi des liaisons avec l'abbé Le Camus, homme plein d'esprit, et qui, d'abord, Liaisons de s'étoit montré galant, aimable, libertin, et même Le impie. L'exemple de Bouthillier de Rancé, fonda- de Grenoble. teur de la Trappe, qui, dans sa première jeunesse, avoit mené aussi une vie assez déréglée, convertit l'abbé Le Camus. On lui donna l'évêché de Grenoble, et ensuite le chapeau de cardinal 23. La Fontaine fait indirectement allusion à la conduite passée et à la vie présente de ce prélat, dans quelques vers qu'il écrivit au bas d'une lettre que lui avoit adressée M. Girin, contrôleur des finances à Grenoble, pour le rendre juge d'une gagcure faite au sujet d'une difficulté grammaticale, qui s'étoit élevée sur le refrain d'un rondeau. Notre poëte, après avoir exposé fort clairement les raisons de sa décision, en vers jolis et faciles, ajoute :

Je ne me donne point ici pour un oracle;
Et, sans chercher si loin, Grenoble en possède un;
Il sait notre langue à miracle,

Son esprit est en tout au-dessus du commun;
C'est votre cardinal que j'entends; ses lumières
Dédaignent, il est vrai, de semblables matières;
Ballades et rondeaux, ce n'est point son affaire.
A l'égard du salut, unique nécessaire,

Il n'est point de difficulté

Qui ne doive occuper en pareille occurrence,
Non seulement son éminence,

Mais même encor sa sainteté 24.

Réponse en

vers à la lettre M. Girin

de Grenoble.

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