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celui des en

peuple.

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1667-1669 de style, qu'on ne retrouve pas au même degré dans Æt. 46-48 leurs autres ouvrages 5. Si La Fontaine plaît tant aux esprits délicats et cultivés, on peut dire qu'il Il est aussi n'est aucun de nos poëtes qui soit plus à la portée des fants et du enfants, et dont les ouvrages renferment en même temps plus de ces traits propres à être goûtés de l'homme du peuple. C'est un prodigieux mérite dans un livre de morale, d'avoir ainsi su prendre tous les tons pour plaire à tous les esprits; car la morale, et les conseils de la sagesse, sont un besoin pour toutes les époques de la vie, pour tous les rangs et pour toutes les classes 86.

La suite des années a toujours amené de nouveaux éloges de La Fontaine, et en a fait varier les formes; mais c'est encore un bonheur attaché à la destinée de Son siècle ce poëte, que son mérite, pour être reconnu, n'eut justice. point à lutter contre ses contemporains; son siècle

ini a rendu

à Maucroix,

a parlé de lui comme le siècle suivant, et le jugement de la postérité a commencé pour lui de son vivant.

Quatre des fables de ce premier recueil sont dédiées Fable dédiée à différentes personnes. La première fable du troisième livre est adressée à M. de Maucroix 87 cet intime ami de La Fontaine, dont nous avons déjà au cardinal parlé. La première fable du cinquième livre l'est au cardinal de Bouillon 88; le commencement prouve que La Fontaine méditoit beaucoup sur son art, et qu'il consultoit souvent le cardinal; car il lui dit :

de Bouillon,

Votre goût a servi de règle à mon ouvrage;
J'ai tenté les moyens d'acquérir son suffrage.

L'on sait en effet que le cardinal de Bouillon avoit

beaucoup d'esprit et d'instruction. La première fable 1667-1669 du quatrième livre est adressée à Mlle de Sévigné, E. 46-48 depuis, Me de Grignan, helle, mais froide et à Mademoiréservée. Aussi La Fontaine lui dit :

me

Sévigné de qui les attraits

Servent aux Grâces de modèle,

Et qui naquites toute belle,

A votre indifférence près.

selle de Sé

vigné,

de La Roche

foucauld

La onzième fable du premier livre est adressée à à M. le duc M. le duc de La Rochefoucauld, et c'est moins une fable qu'un éloge " ingénieux du célèbre livre des Maximes.

est lié avec Madame de , la Fayette.

La Fontaine ne pouvoit être lié avec le duc de La La Fontaine Rochefoucauld, sans l'être avec Mme de La Fayette, qui pendant vingt-cinq ans fut sa constante amie. Cette femme, si remarquable par son goût, son esprit, et la sûreté de son jugement et de son commerce, étoit consultée avec fruit et célébrée par tous les beaux esprits de ce temps". Ménage lui avoit enseigné le latin, et la chanta souvent dans la langue qu'il lui avoit apprise. C'est elle qui composa les premiers romans, écrits avec goût, qui existent dans notre langue. Parmi les gens de lettres qu'elle se plaisoit à recevoir chez elle, et qui s'y trouvoient réunis avec les hommes et les femmes les plus aimables de la cour 92, étoit le savant Huet, qui fit pour elle le Traité de l'Origine des Romans; Segrais, qui lui fut utile pour la composition de ses ouvrages, et enfin La Fontaine, qu'elle goûtoit beaucoup. Il lui fit un jour présent d'un petit billard qu'il accompagna de La Fayette.

Epitre à Madame de

1667-1669 quelques vers, qu'on a imprimés après sa mort 93. El. 46-48 L'idée bizarre qu'ils expriment est sans doute le résultat de quelque gageure, ou de quelques plaisanteries de société. Le tort n'est pas aux poëtes qui composent par complaisance ou par occasion ces petites pièces insignifiantes ou médiocres, mais à ceux qui les publient et les font sortir de l'obscurité à laquelle ils les avoient condamnées. Toutefois, le sentiment parle encore un langage vrai dans cette petite pièce si peu digne, d'ailleurs, de notre fabuliste.

Le Faste et l'Amitié sont deux divinités
Enclines, comme on sait, aux libéralités;
Discerner leurs présents n'est pas petite affaire ;
L'Amitié donne peu, le Faste beaucoup plus,
Beaucoup plus aux yeux du vulgaire ;

Vous jugez autrement de ces dons superflus.

LIVRE TROISIÈME.

Le premier recueil des fables de La Fontaine eut un 1669-1671 prodigieux succès, et fut réimprimé l'année d'ensuite E. 48-50 sous un plus petit format. Dans l'épilogue qui le Fables choitermine, La Fontaine disoit :

Bornons ici notre carrière;

Les longs ouvrages me font peur ;
Loin d'épuiser une matière,

On n'en doit prendre que la fleur.

Amour, ce tyran de ma vie,

Veut que je change de sujets;

Il faut contenter son envie.

Retournons à Psyché : Damon, vous m'exhortez
A peindre ses malheurs et ses félicités;

J'y consens...

in

sies mises en vers. In-12.

1669.

de Psyché et

de

Les Amours
Cupidon.

In-8.31 janvier 1669.

En effet, Psyché parut en 1669. De toutes les fables de l'antiquité, celle de Psyché est la plus génieuse et la plus intéressante; mais, dit La Harpe 3, elle est racontée dans l'original avec un sérieux trop monotone, et n'est pas exempte de mauvais goût : il y a des pensées ridiculement recherchées; La Fontaine l'a rendue plus agréable, en y mêlant ce badinage, qui naissoit si facilement sous sa plume 4. La Harpe blâme cependant avec raison la longueur des épisodes de ce roman, voici ce qui fut la cause principale de ce défaut. Louis XIV, ennuyé du séjour de Saint-Germainen-Laye, voulut, en 1661, agrandir le petit båti- de Psyché.

et

Versailles est la cause des défauts

1669-1671 ment, que Louis XIII avoit fait bâtir pour rendezEl. 48-50 vous de chasse, dans la terre de Versailles, au Val

de Galie, acquise pour cet effet en 1627 5. Comme la cour de Louis XIV étoit plus nombreuse que celle de son père, le pavillon qu'avoit construit Louis XIII, et qu'on vouloit entourer, devint un superbe château. Ensuite, entraîné par ces premiers embellissements, Louis XIV prodigua des millions; et les Mansard, les Le Nostre, les Le Brun, les Puget, les Coustou, et cette foule d'artistes habiles en tout genre, que ce siècle a produits, furent appelés à déployer dans ces beaux lieux toute l'étendue de leur génie. Versailles devint uné des plus étonnantes merveilles du monde entier. La Fontaine assistoit en quelque sorte à cette création, qui n'étoit pas encore complète, lorsqu'il écrivoit sa Psyché; mais il prévoyoit ce qu'elle deviendroit un jour; et, éminemment sensible à tous les charmes des beaux arts, il ne put résister au plaisir de célébrer ce chef-d'œuvre de grandeur et de gloire. Il a donc cherché par des épisodes à rattacher la description de Versailles au récit des aventures de Psyché, qui n'y ont aucun rapport; ce qui allonge et refroidit sa narration. D'ailleurs La Fontaine étoit hors de son talent: il réussit parfaitement quand il faut peindre par des traits énergiques et précis; mais quand il faut tracer des tableaux chargés de détails, son style est contraint et embrouillé. En général, dans le roman de Psyché, la prose de l'auteur est préférable

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