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Zénon.

l'armée, met sur le trône le Thrace Léon, dépourvu de toute espèce de mérite. Il croyait s'en faire un instrument; mais il se trompa. Le nouvel empereur lui opposa Basiliscus, frère de sa femme Vérina, et l'Isaurien Talascalisséus, auquel il donna en mariage, en lui faisant prendre le nom plus grec de Zénon, sa fille Ariadne; mettant même l'État en danger dans l'intérêt de son gendre, il ordonna la mort d'Aspar, qui savait défendre l'empire et pouvait le troubler. De concert avec Anthémius, empereur d'Occident, il envoya une flotte contre les Vandales, établis en Afrique; mais cette expédition fut malheu

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Léon avait désigné pour son successeur un enfant du même nom, qui s'associa Zénon, son père; celui-ci, soumis et reconnaissant en apparence, attendit à peine onze mois pour hâter la mort de son collègue, afin de régner seul. L'impératrice Vérina indignée de son forfait et de se voir contrariée dans ses amours, fait révolter contre lui Basiliscus, son frère; la ville se soulève en tumulte, Zénon s'enfuit lâchement, et le sénat servile s'empresse Octobre 475. de rendre hommage à Basiliscus; mais, tandis qu'il se rend odieux par son avarice et par la faveur qu'il accorde aux Eutychéens, Zénon prépare son retour. La garde des Isauriens, qui commençait à jouer à Constantinople le rôle des prétoriens à Rome, se déclare pour lui; puis, grâce aux secours des Valamires, c'est-à-dire des Ostrogoths de Téodoric, et à des intrigues de femmes, il ressaisit le trône comme il l'avait abandonné, en tremblant. Basiliscus, réfugié avec sa famille dans l'église de SainteSophie, dépose le diadème sur l'autel; mais à peine sort-il de son asile, avec la promesse d'avoir la vie sauve, qu'il est arrêté et renfermé dans un château fort de la Cappadoce, pour y mourir de faim et de froid avec les siens (1).

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Les Sarrasins dévastaient la Mésopotamie, les Huns la Thrace, les Vandales l'Afrique; les factions du cirque devenaient plus furieuses, et les Verts d'Antioche massacrèrent un grand nombre d'Hébreux. Dès lors cette nation, s'étant soulevée dans la Palestine, proclama roi un certain Jutuza, qui fit un grand carnage des chrétiens, jusqu'à ce que sa tête couronnée fut expédiée à Constantinople. Plongé dans les voluptés et dans les disputes théologiques, Zénon, prince au visage fardé, bien loin de pouvoir se

(1) Sous son règne, un incendie terrible désola Constantinople et consuma une bibliothèque de cent vingt mille volumes. CÉDRÉNUS, p. 35; ZONARE, p. 43. Au nombre de ces livres était un Homère écrit en lettres d'or sur un boyau de dragon long de cent vingt pieds.

courir l'empire d'Occident, qui succombait alors, ne savait ni défendre ni gouverner le sien; il se laissait déshonorer par les excès de son fils, auquel ses déréglements coûtèrent la vie, et par ceux de ses frères Conon et Longin, l'un altéré de sang, l'autre de luxure. Sa sagesse consistait à réunir auprès de lui Proclus, Marin, Damascius et d'autres philosophes païens, afin de rechercher avec eux l'avenir: passe-temps qu'il se procura jusqu'à ce que ceux-ci, accusés de vouloir s'emparer du trône pour rétablir l'idolâtrie, furent condamnés à mort.

Les hérésies, loin de cesser, s'envenimaient davantage; Zénon, croyant les réduire à un silence éternel, publia un édit d'union (Henoticon), dans lequel il prescrivait le mode de croyance. Les patriarches de Constantinople, d'Alexandrie et d'Antioche y donnèrent leur assentiment; mais le pape Félix III trouva mauvais qu'un prince s'érigeât en juge suprême de la foi. Zénon s'obstine, persécute les évêques qui refusent leur adhésion, et commence un schisme qui prélude à la séparation des deux Églises grecque et romaine.

Le mécontentement multiplia les révoltes; mais elles furent réprimées par le patrice Illus, devenu pour ce motif odieux au peuple, qui l'accusait d'hérésie, et aux courtisans, qui ne le soupçonnaient que d'ambition. L'impératrice veuve, Vérina, tenta de le faire assassiner; mais, ce complot ayant été découvert, elle fut abandonnée à la vengeance du patrice, qui la confina en Cappadoce. L'impératrice Ariadne, qui essaya aussi de le perdre, échoua de même, mais ne subit aucun châtiment. Cette impunité fait croire à Illus qu'Ariadne a eu Zénon pour complice; il se jette alors dans la révolte, et délivre de prison Vérina, qui, dans Antioche, salue Léonce du titre d'empereur. Alors circula cet édit, d'un style superbe : « Vérina Auguste, à nos préfets et à « nos peuples, salut. Vous savez qu'à la mort de Léon, notre « époux, nous élevâmes au trône l'Isaurien Talascalisséus, qui << s'appelle aujourd'hui Zénon, espérant qu'il vous rendrait heu<«< reux; mais son impiété et son avarice ont prouvé la nécessité « de vous donner un prince plus juste et plus religieux. Par ces << motifs, nous avons couronné le très-pieux Léonce, que vous << reconnaîtrez pour empereur des Romains; celui qui s'y opposera << sera considéré comme rebelle. >>

Le Goth Théodoric défit les révoltés. Vérina mourut, et Zénon put regarder sans effroi Illus et Léonce, quand leurs têtes. furent exposées aux huées de la populace byzantine.

La puissance de Théodoric s'en accrut; il descendait au

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dixième degré d'Angis, l'un des Anses ou demi-dieux des Goths (1). Cette nation avait recouvré son indépendance à la chute d'Attila. Alors Valamir, Théodomir et Vidimir, de la famille royale des Amales, se mirent à la tête des Ostrogoths et formèrent des établissements séparés dans la fertile Pannonie. Théodomir promit la paix à l'empereur Léon, moyennant un tribut de trois cents livres d'or, et lui donna pour otage son fils Théodoric, né deux ans après la mort d'Attila. Le rejeton des Amales grandit dans Constantinople, passant, des exercices propres à sa race, aux entretiens des personnes instruites; quoiqu'il dédaignât les écoles au point de ne pas même savoir tracer son nom, il initiait son esprit à l'art de gouverner et aux détours de la politique.

L'empereur, voulant se concilier de plus en plus les barbares par la générosité et la confiance, renvoya libre Théodoric à l'âge de dix-huit ans; ses oncles étant morts, il semblait devoir devenir le chef de toute cette belliqueuse nation. Du reste, il en était digne par sa haute stature, sa patience à supporter les fatigues, et par les victoires qu'il remporta près de Belgrade sur les Sarmates, dont il avait même tué le roi.

Les Ostrogoths, venant à manquer de vivres et de vêtements, songèrent à s'en procurer en pénétrant sur le territoire de l'empire d'Orient, pour lui faire accepter, à l'exemple d'une foule de leurs compatriotes, leurs services de gré ou de force. Leur première démonstration fut d'une telle nature que l'empereur ne jugea aucun prix trop élevé pour acheter leur tranquillité. Il confia à Théodoric, qui venait de succéder à son père (2), la défense du bas Danube, en lui donnant le titre de patrice et de consul, une statue équestre, le nom de son fils, le commandement des soldats du palais, plusieurs mille livres d'or et d'argent; il lui promit même, témoignages d'affection ou de peur, une femme de haut rang avec de grandes richesses.

L'extrême condescendance engendre le mépris en manifestant la faiblesse. Théodoric, qui avait été le principal instrument dont Zénon s'était servi pour reconquérir et conserver son autorité, commença à élever ses prétentions. Peut-être fut-il déterminé par les embûches que lui tendait le jaloux empereur, peut-être aussi par avarice; mais il est plus probable qu'il cédait à la pression des besoins insatiables d'un peuple comme le sien, qui, dédaignant l'agriculture et ne vivant que de dons, les épuisait bien (1) JORNANDES, de Reb. Geticis, c. 14.

(2) JORNANDÈS, de Reb. Geticis, c. 52-56; MALCHUS, Exc. legat., p. 78-80.

vite, et en exigeait de nouveaux de ses chefs, aussi bien que de l'ennemi. Ces barbares, répandus du Bosphore à l'Adriatique, réduisirent en flammes plusieurs cités florissantes de la Thrace, et poussèrent la cruauté jusqu'à couper la main droite aux paysans, pour qu'ils ne pussent plus conduire la charrue.

Afin de détourner le torrent, la politique mesquine de Constantinople fit insinuer à Théodoric d'assaillir les Goths Triaires, commandés par un autre Théodoric, surnommé le Louche. On lui avait promis qu'en pénétrant dans la Mésie, il trouverait des vivres en abondance et un renfort de troupes impériales; mais au contraire il se vit attiré dans les gorges du mont Sondis, où l'attendaient tout à la fois les armes et les reproches des Triaires : Déserteur, lui crièrent-ils, traître envers tes frères! va te faire tromper par la fourberie romaine, et réduire par elle à n'avoir ni argent ni chevaux! Théodoric, ému de ces discours, fit la paix avec ses frères, et abandonna des alliés sans foi.

Les Goths avaient coutume de suspendre une grosse lance à l'entrée de la tente royale. Un jour que Théodoric le Louche sort de la sienne, son cheval s'eifarouche et le jette sur cette lance, qui lui perce le côté; il meurt de sa blessure, et l'Ostrogoth Théodoric se trouve à la tête des deux tribus. L'empire d'Orient, qui voit le péril devenu plus grand, conclut avec lui un traité honteux.

Si de pareils alliés pesaient aux Byzantins, Théodoric ne se voyait pas volontiers réduit à faire la guerre aux autres Goths et à mériter les reproches des siens, en vivant dans la mollesse au sein de la cour grecque. Il se présente donc à Zénon, et lui dit : L'Italie et Rome, votre héritage, sont livrées en proie au barbare Odoacre; permettez-moi d'aller l'en chasser. Ou nous succomberons dans l'entreprise, et vous serez délivré de notre fardeau; ou je réussirai, et vous me laisserez gouverner la partie du territoire que j'aurai replacée sous votre autorité.

On peut juger que la proposition fut acceptée avec empressement. Théodoric partit donc pour l'Italie, où nous le verrons fonder un beau royaume en son propre nom sans s'inquiéter du lâche despote de Byzance.

Ariadne, fille de Vérina et femme de Zénon, est l'objet des éloges de quelques-uns pour ses douces vertus; elle fut, dit-on, la consolation de son mari dans l'exil, et mit un frein à ses vengeances lors de son retour. D'autres la représentent comme souillée de tous les crimes; ils vont jusqu'à dire qu'elle fit enterrer son époux respirant encore, qu'il poussa des cris en vain quand il fut

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Muraille d'Anastase.

revenu à la vie, et que plus tard, en ouvrant son tombeau, on trouva sur son cadavre les signes du plus horrible désespoir.

Anastase, silenciaire du palais, âgé déjà de soixante ans, était au moment d'occuper le siége patriarcal d'Antioche lorsque Ariaque, demeurée veuve, l'appela au trône. La réputation de vertu du nouvel empereur était telle que le peuple le salua en s'écriant: Règne comme tu as vécu. Il commença par anéantir toutes les créances envers le trésor qu'avaient accumulées les taxes exorbitantes imposées par Zénon; il chassa les délateurs, fit cesser le trafic des emplois établis par son prédécesseur, et abolit le chrysargyre, taxe levée tous les cinq ans sur quiconque exerçait un métier dont il tirait profit, y compris les mendiants et les prostituées. On appelait cet impôt l'or de l'affliction, parce que plusieurs étaient obligés, pour l'acquitter, de vendre leurs propres enfants.

Les Isauriens, rendus indociles par la faveur qu'ils avaient obtenue sous le règne précédent, mirent à leur tête un certain Longin, commencèrent une guerre civile, et armèrent jusqu'à cent cinquante mille hommes; défaits en Phrygie, ils se réfugièrent dans les montagnes inaccessibles de l'Isaurie, où ils se maintinrent six ans; enfin leurs chefs furent pris et mis à mort.

Les Bulgares inquiétèrent aussi Anastase, qui pourtant les repoussa au delà du Danube. Il fut moins heureux en combattant les Perses, dont il acheta la paix au prix de onze mille livres d'or, et contre les Goths de Théodoric, qui le défirent, mais dont il se vengea en envoyant ravager les côtes de la Calabre. Les Hérules demandèrent, les armes à la main, d'être admis dans la Thrace; les Gètes pénétrèrent dans l'Illyrie, et s'avancèrent jusqu'en vue d'Andrinople; d'autres Goths vinrent des bords du Danube insulter Constantinople. Alors Anastase, pour garantir contre les excursions subites la capitale délivrée, les magnifiques maisons de plaisance et les délicieux jardins des environs, fit construire de la Propontide à l'Euxin, à deux cent quatre-vingt-huit stades de la ville, une muraille d'une longueur de quatre cent vingt stades sur vingt pieds de largeur, avec des tours de distance en distance.

Mais un mélange de cruauté et de bonhomie, d'avarice et de prodigalité, d'audace et de lâcheté, de tolérance et de persécution, ne tarda point à se manifester chez Anastase. Les choses en vinrent au point que le peuple mécontent se souleva en tumulte, et livra aux flammes le magnifique édifice de l'hippodrome. Les spectacles du cirque furent l'occasion d'autres désordres, et Cons

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