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<«<gagement? Eh! quel engagement celui qui est a-la-fois sous la sauve-garde des premiers senti«ments de la nature, l'honneur et « l'amour, etc.» Le 16 juin, dans la discussion de l'acte constitutionnel présenté par Hérault de Séchelles, Cambacérès abondant encore dans les opinions du jour demanda en matière civile l'établissement du jury, qu'il devait plus tard faire rayer du code. Au mois d'octobre suivant, il donna l'ordre d'arrêter les défenseurs de la reine; et exposa son premier projet du Code civil, dont la discussion plusieurs fois reprise dans le sein de la Convention n'eut cependant aucun résultat. On trouve dans les Mémoires de Thibaudeau, collègue et ami de Cambacérès, des détails assez curieux sur l'avortement de ce projet, qui exposa quelquefois son auteur aux mêmes quolibe's qui avaient, accable ce pauvre M. Target (Voy. ce nom, tom. XLIV), en couche de la constitution française. « La Convention, dit Thibau<< deau, avait voulu donner un Code « civil a la France: son comité de législation lui présenta un projet qui, après soixante séances, fut attaqué « comme sentant l'homme du palais « et renvoyé à un comité de philosophes. Ils ne jugèrent point à pro3 pos de s'en occuper, et le travail « resta là, malgré les efforts de quel«ques membres qui s'en occupaient « en silence. Leur projet fut d'abord adopté de confiance. Bientôt on re<< connut qu'il ne présentait qu'une « sorte de table des matières, et a que c'était un cadre qu'il fallait remplir; mais, entraînée par la foule « des affaires, la Convention légua ce << travail à la législature qui lui suc«< céda. »> Cambacérès resta complètement étranger au mouvement du 9

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thermidor qui renversa Robespierre. On peut même supposer qu'il était le partisan secret du farouche dictateur. Le Mémorial de Sainte-Hélène renferme à cet égard des particularités piquantes : « Cambacérès, qui doit « être une autorité sur cette époque, «< observait Napoléon, a répondu à l'interpellation qu'il lui adressait «< un jour sur la condamnation de Robespierre, par ces paroles remarquables: Sire, cela a été un « proces juge, mais non plaide; ajoutant que Robespierre avait plus « de suite et de conception qu'on ne pensait, qu'après avoir renversé « les factions effrénées qu'il avait eu « à combattre, son intention avait a été le retour à l'ordre et à la modération. Quelque temps avant sa chute, ajoutait Cambacérès, il pro<< nonça un discours à ce sujet plein « des plus grandes beautés on ne « l'a point laisse insérer au Moni« teur, et toutes les traces nous en « ont été enlevées. » Douze jours après la mort de Robespierre, lors de la réorganisation des comités de gouvernement, il insista pour qu'on leur ôlât le droit monstrueux d'attenter à la liberté des représentants. Appelé à présider la Convention le 16 vendémiaire an III (7 oct. 1794), honneur dont il avait été exclus jusqu'alors comme tous les députés qui n'avaient pas voté la mort du roi, il inaugura ses fonctions par une adresse au peuple français empreinte de principes modérés. Il l'avait redigée au nom des comités de sureté générale, de salut public et de législation. Cette adresse envoyée à tous les départements fit sensation. Les jacobins y virent la condamnation implicite des mesures révolutionnaires; cependant les partisans de la monarchie n'y étaient pas ménagés.

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remplacer par le bannissement la peine de la déportation contre les prêtres réfractaires. Voilà les services que rendit alors le député de l'Hérault, Et cependant, en abordant des questions si périlleuses pour celui qui voulait les résoudre dans le sens de la modération, il savait, grâce à sa faconde de jurisconsulte, ne paraître jamais que l'homme de la loi, et se garantir des discussions de parti. La législation ne l'absorba pas tellement qu'il ne s'occupât activement de diplomatie au comité de salut public; et il eut alors en sa possession sur bien des affaires de l'extérieur plus d'un secret qui n'a pas encore transpiré (3). Il faudrait consulter dans le Moniteur presque toutes les séances de la Convention, si l'on voulait indiquer les divers travaux qui occupaient alors Cambacérès; mais, ce qui est plus essentiel, y saisirait-on sa véritable pensée politique? Souvent après s'être constitué le

Le double caractère de ce manifeste portait le cachet de son rédacteur; et il marqua, au sein de la Convention, la naissance de ce système de bascule, si commode en apparence, mais si funeste aux gouvernants. Cambacérès contribua puissamment alors à la rentrée des 73 conventionnels exclus comme girondins, après le 31 mai 1793. A l'occasion de leur retour, il invoqua une amnistie pleine et entière pour tous les faits révolutionnaires non prévus par le Code pénal. D'un autre côté, il combattit fortement une pétition de la section du Panthéon qui demandait le rapport des décrets révolutionnaires, notamment de la fameuse loi des suspects. Tel était alors l'état violent de la république et la faiblesse de son gouvernement, que c'eût été, selon Cambacérès, lancer le vaisseau de l'état désarmé à travers toutes les tempêtes de l'anarchie, que de lui ôter l'arsenal de ces lois « dont il ne se dissimulait pas le caractère odieux, mais qui étaient sa seule protection contre les jacobins et les monarchistes. » Ennemi par caractère, comme par principes, de toute réaction quelque juste qu'elle dût paraître, il fit écarter la proposition de mettre en jugement les membres des comités et des tribunaux révolutionnaires. La direction des affaires reposait alors sur lui, tant par sa grande influence dans la Convention que comme président ment. L'un n'est pas moins dangereux que du comité de salut public. Secondé par des collègues bien intentionnés, il sut donner à cette commission, qui était tout le gouvernement, une impulsion aussi sage, aussi modérée que le malheur des temps pouvait le permettre. C'était beaucoup alors que de faire fermer la société des jacobins, que de régulariser les confiscations des biens d'émigrés, que de

(3) On lui fut redevable en partie de la paix avec la Prusse et avec l'Espagne. Au mois de mars 1795 Cambacérès, étant alors membre du comité de salut public, fit à la Convention un rapport sur la direction des opérations diplomatiques (in-8° de 16 pp.), Des vues sages pour l'époque, le désir de la paix et du repos de la France, après tant d'agitations, y sont exprimés avec une raison plus haute que l'é. loquence de l'orateur. Il faut dire cependant que, quinze jours après la révolution du g thermidor, dans son opinion sur l'organisation des comités (in-8° de 10 pp.), il voulait encore la constitution révolutionnaire de la Convention nationale; «Nous marchons, disait-il, entre deux écueils, l'abus du pouvoir et le relâche

l'autre. Craignons les effets funestes d'une détente trop precipitée... Le gouvernement révo lutionnaire, cette salutaire conception, inconnue

à tous les peuples, donna bientôt à tout une peut donc être considére comme le palladium

face nouvelle, Le gouvernement révolutionnaire

de la république: gardons-nous surtout d'en ralentir l'essor, et n'oublions pas que de sa force et de sa durée peuvent dependre le salut de la patrie et notre existence individaelle. » C'est ainsi que parlait à la tribune nationale Cambacérès, le 24 thermidor an II (11 août 1794) 5

et, quelque temps après, la Convention conduisit processionnellement les restes de Marat au Panthéon.

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ce n'était pas pour lui qu'il avait travaillé ; une circonstance qui pensa le perdre sans retour dans le parti républicain l'écarta du Directoire où il était appelé par une masse de suffrages (4). Une lettre du comte d'Antraigues, agent de Louis XVIII, trouvée chez Lemaître et lue en pleine assemblée contenait ces mots: « Je ne suis nullement étonné que « Cambacérès soit du nombre de ceux « qui veulent le rétablissement de la

promoteur et l'appui d'une mesure de clémence et de sagesse, il soutenait une disposition toute révolutionnaire. Après s'être opposé, au mois de janvier 1795, à la mise en liberté des enfants de Louis XVI, encore détenus au Temple; après avoir pour la seconde fois, le 19 mars suivant, demandé le maintien de la loi des suspects, il ne prit part aux travaux de la commission des onze que pour modifier dans un sens presque contre-révolutionnaire les disposi-a royauté, je le connais, etc. » Obligé

tions si démocratiques de la constitution de l'an III. Tout ce qu'on a pu alléguer de plus plausible pour expliquer de telles contradictions, c'est que ce personnage si difficile à définir avait pour système d'affermir la constitution républicaine, tout en revenant peu à peu aux principes de prudence et de modération qui conviennent à toutes les formes de gouvernement. Lors du mouvement insurrectionnel des sections de Paris contre la Convention au 13 vendémiaire an IV (oct. 1795), un comité de quarante membres sous la présidence de Cambacérès, et composé du comité de salut public et de sureté générale, dirigeait toutes les affaires. On discutait beaucoup, on ne décidait rien, et le danger devenait chaque jour plus pressant. Toutefois le député de l'Hérault fit bonne contenance. C'était beaucoup pour lui. Cependant la Convention. touchait au terme de son existence : le Directoire allait, avec deux conseils, se partager le gouvernement. Cambacérès qui espérait être élu directeur avait dans cette vue soutenu chaudement l'opinion de nommer des conventionnels parmi ces nouveaux chefs de l'état. Son avis prévalut malgré l'opposition de Thibaudeau; mais il reconnut bientôt que

de s'expliquer sur cette inculpation, le député de l'Hérault la repoussa avec une véhémence qui appartenait peu à son caractère : « C'est moi, s'écria-t-il du ton de l'indignation, que l'on soupçonnerait d'être en « correspondance avec des conspi« rateurs ! Le génie de Saint-Just « va-t-il donc sortir du tombeau « pour créer encore de ces délits « imaginaires qui opéraient la con« damnation des représentants du « peuple?» Il fit ensuite un exposé de sa conduite tout-à-fait dans le sens révolutionnaire ; ce qui ne lui était pas difficile: sans allérer explicitement la vérité, il n'avait qu'à raconter une partie de ses actes, en taisant les autres. La Convention accepta la justification de Cambacérès, elle ordonna l'impression de son discours; mais le coup était porté. « Alors, dit Thibaudeau dans ses Mé

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«tative. C'était un homme de savoir, « un de nos premiers jurisconsultes. « Habile au maniement des affaires; << parlant avec facilité et clarté, d'un «tact fin et d'un jugement sûr, mo« déré dans ses opinions et dans son « langage, patient, froid et poli, a prudent jusqu'à la pusillanimité, « excessivement égoïste et possédant <«< au plus haut degré l'esprit de con« duite.......... Seul il n'aurait pas eu «< assez de force de caractère pour con« duire le vaisseau de l'état que me<< naçaient encore de violentes tempêtes; mais dans un gouvernement « composé de cinq personnes il aurait << très-bien tenu sa place, et beaucoup «< mieux que la plupart de ceux qui « lui furent préférés. » Dans tout ce qui a été publié sur la révolution, rien n'est venu jeter le moindre jour sur cette révélation de D'Antraigues, si soudaine, si surprenante, et qui était bien réellement émanée de cet agent des Bourbons. Pour trouver la clé de cette intrigue, il faudrait avoir des pièces qui sont détruites aujourd'hui ou du moins soustraites à l'histoire. Ces documents se rattacheraient sans doute aussi aux relations également mystérieuses qui, à la connaissance personnelle de l'auteur de cet article, eurent lieu en 1814, et en juillet 1815, entre un ami intime de Cambacérès et quelques agents confidentiels de Louis XVIII. Mais c'est assez toucher un point aussi délicat. La Convention avait décidé que les deux tiers de ses membres désigués par le sort entreraient dans les nouveaux conseils. Le sort favorisa Cambacérès et le porta au conseil des cinq-cents qui en se constituant l'élut secrétaire. Cette assemblée devait dresser une liste de cinquante candidats parmi lesquels le conseil des anciens avait à choisir les cinq direc

teurs. Le parti de la Convention, qui formait la majorité des deux conseils, s'était accordé d'avance en faveur de Sieyès, La Revellière-Lépeaux, Rewbell, Letourneur et Barras ; et pour leur éviter toute concurrence, il fut arrêté que sur la liste des candidats on ne mettrait après eux que des noms obscurs ou indignes, et sur lesquels il était impossible que personne portât son suffrage. Tout se passa comme il était convenu. Toutefois le nom de Cambacérès porté par le nouveau tiers se glissa sur la liste de candidature. Voici comment : ceite liste avait été votée, et les députés qui l'avaient formée avaient presque tous quitté la séance. Tout-à-coup le député Génissieux fait la remarque que parmi les derniers noms se trouve un aristocrate. On procède à un nouveau scrutin pour lui substituer un autre candidat. Comme les membres de la minorité se trouvaient tous à leur poste, ils firent la majorité, grâce à l'absence de leurs collègues, et Cambacérès fat mis à la fin de la liste. Sieyès n'ayant point accepté sa nomination, les deux conseils procédèrent à son remplacement de la même manière. On dressa une liste de dix candidats à la tête desquels il fut convenu d'avance qu'on mettrait Carnot qui fut en effet élu. Cambacérès se glissa encore une fois parmi les noms des neuf autres mannequins d'avance également sacrifiés. Dupont de Nemours dénonça ces misérables intrigues; mais, comme tout s'était passé dans les formes, sa réclamation n'eut pas de suite. Réduit ainsi forcément au rôle de législateur, Cambacérès eprit au conseil des cinq-cents ses travaux sur le Code civil. Sur sa demande l'assemblée, par un décret du 11 frimaire an V, régla le mode de discussion. Le 9 pluviose suivant,

il retraça sommairement la théorie du Code et soumit le titre de la paternité. « Ce fut le commencement et la fin, dit Thibau« deau. Aux jour et heure affectés «< pour la discussion, il se présen « lait toujours quelque objet plus « urgent, et le rapporteur du code « était renvoyé au lendemain; le « lendemain, il n'était pas plus heu <«< reux. Cambacérès finit par se las «ser; le 8 ventôse il déclara re« connaître lui-même que le conseil « était trop occupé pour suivre cette « discussion, et il proposa une me« sure dilatoire qui équivalait à un « ajournement. On le prit au mot, et « il ne fut plus question du Code «< civil. » » Les conseils avaient alors assez à faire de s'immiscer dans la marche du gouvernement, et d'entraver ainsi celle du Directoire qui n'avait de force ni en lui-même, ui dans l'opinion. Cambacérès ne se montra pas des derniers à faire de l'opposition contre une autorité dont il n'avait pu être membre. Sur sa proposition, le conseil des cinq-cents nomma une commission chargée d'examiner les actes du Directoire, lorsqu'ils porteraient atteinte au pouvoir législatif. Il obtint les honneurs de la présidence le 22 octobre 1796. Vers la même époque, et lors de la première organisation de l'Institut national, il fut compris dans la classe des sciences morales et politiques, section de science sociale et législation, où il eut pour collègues Daunou, Merlin de Douai, Pastoret, Garan-Coulon et Baudin des Ardennes. Plus tard, sous Napoléon, il passa dans la classe de la langue et de la littérature françaises (Académie française), d'où il fut éliminé par l'ordonnance royale de 1816. Le 29 décembre il disenta le pro

jet de Daunou sur la calomnie, et fit décréter, le 27 février 1797, la contrainte par corps en matière civile. Il sortit du conseil avec le second tiers conventionnel, le 20 mai suivant. Le Directoire, qui le considérait comme un chef d'opposition, ne voulut pas l'employer. Cambacérès rentra dans la vie privée, et exerça avec beaucoup de succès la profession de jurisconsulte. Il évita ainsi de se mêler aux évènements du 18 fructidor an V. Lors des élections de l'an VI il fut proclamé député par les électeurs de Paris réunis à l'Oratoire ; mais sa nomination fut annulée. Elu, au commencement de l'an VII, membre du tribunal de cassation par le collège électoral de la Haute-Vienne, il n'accepta point. << Il consultait beaucoup alors, dit Thibeaudeau, et ne se passionnait pas non plus pour la chose publique ; mais il avait accepté un grade de capitaine dans la garde nationale; et, en habit bourgeois, portait à son chapeau le pompon de grenadier. Comme on le plaisantait un jour sur ce bizarre accoutrement il répondit: «Dans le monde, il « faut toujours s'appuyer sur quelque «< chose, il ne faut rien mépriser. «< On ne sait pas où peuvent mener ces

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bagatelles.» Dans son sens il avait raison, ajoute le narrateur : car quelque temps après il fut nommé ministre de la justice: et qui sait si le pompon de grenadier ne le conduisit pas au ministère?» Au mois d'août 1799 (2 thermidor an VII), Sieyes, qui venait d'être appelé au Directoire, lui fit confier cet emploi. Cambacérès accepta d'autant plus volontiers que là journée du 30 prairial (18 juin 1799) avait écarté du Directoire ceux qu'il pouvait regarder comme ses adversaires. Tout occupe de la réorganisation de la

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