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des lois sociales qui tendent toujours à la paix ; mais de barrer le chemin à la sédition, en donnant l'essor à la pensée; de discerner les bienfaits et les abus de ce qui, étant bon en soi, peut devenir funeste par une fausse application; surtout de rappeler sans eesse aux hommes le besoin qu'ils ont de la modération, et de conjurer les excès en tout genre, parce que tout excès entraîne, avec les maux qu'il produit lui-même, les maux de l'excès contraire qu'il provoque.

Voltaire s'est vanté, toute sa vie, d'avoir le premier fait connaître à ses compatriotes les grands génies et les philosophes profonds dont se glorifiait l'Angleterre. Il n'y eût eu que des grâces à lui rendre, s'il se fût borné à naturaliser en France Shakspeare invoquant, dans l'éternel moteur des cieux, son espérance, son soutien et son guide (1); Bacon prononçant qu'un peu de philosophie écarte de la religion, mais que beaucoup y ramène; Newton, c'est-à-dire le plus grand génie qui ait existé, s'inclinant profondément toutes les fois qu'il entendait prononcer le nom de Dieu. Locke même, malgré les questions délicates qu'il n'a pas craint d'approfondir, Locke qui avait toujours vécu en ami de l'ordre autant que de la liberté, Locke qui était mort en chrétien non moins qu'en philo

(1) O thou eternal mover of the Heavens.

God shall be my hope,

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My stay, my guide, and lanthorn to my feet...

sophe, pouvait être regardé comme appartenant à tout le genre humain dont il avait plaidé la cause. Bourdaloue avait dit en même temps que lui, et il l'avait dit à Louis XIV dans la chapelle de Versailles « Les Rois ont été faits pour les peuples, » et non les peuples pour les rois.» Massillon, répétant la même maxime au jeune Louis XV, avait ajouté: « C'est nous qui vous avons donné la cou>> ronne.>> Bossuet et Fénélon en avaient dit davantage.

Mais malheureusement le pays des Shakspeare, des Bacon, des Locke et des Newton, était aussi celui des Tyndal, des Woolaston, des Toland des Shaftsbury, des Bolingbroke; et Voltaire, qui avait recueilli tous les poisons de ces derniers, revint aussitôt en inonder la France, en y publiant ses Lettres philosophiques. Vers la fin du dernier siècle on avait eu peine à concevoir l'inconséquence de Bayle, celui de tous les hommes qui peignait avec le plus d'énergie les abus de la philosophie, et qui les provoquait le plus efficacement par son perfide scepticisme. On vit Montesquieu, peutêtre plus inconséquent encore, ne pas même voiler ses contradictions sous les apparences du doute, préconiser le christianisme dans l'Esprit des lois le ridiculiser dans les Lettres Persanes (1), et ce

(1) Ces contradictions s'expliquent par la date des deux ouvrages. Les Lettres Persanes furent publiées en 1721,et l'Esprit des Lois parut en 1748 ainsi Montesquieu respectait dans un âge avancé les principes religieux qu'il avait attaqués dans un ou

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dernier ouvrage devint le premier signal de toutes les attaques multipliées depuis contre la religion avec un acharnement aussi funeste que scandaleux. A partir de cette époque, il est certain qu'il y eut en France un prosélytisme de nouveautés, dont les objets furent plus ou moins cachés, les progrès plus ou moins rapides, mais qui ne fut jamais sans agir. La guerre de 1740 rappela encore sur la scène les querelles des peuples et des rois, en donnant lieu à l'entreprise hardie du prince Charles Édouard en Écosse. Les plans, les instructions, les manifestes auxquels travaillèrent ensemble, pour la cause de ce prince, le cardinal de Tencin, le marquis d'Argenson, le duc de Richelieu, Voltaire, et quelques autres, reposaient tous sur la doctrine d'un contrat synallagmatique et d'un engagement réciproque entre les souverains et les sujets. Lorsque Charles Édouard, après quelques victoires romanesques, eut enfin été écrasé par le nombre, il n'était pas rare de rencontrer en France des personnes qui éprouvaient des sentimens 'en' apparence incompatibles on admirait l'héroïsme de cet illustre infortuné ;'on déplorait sa mauvaise fortune, et l'on rendait en même temps hommage à la fermeté d'une nation qui ne voulait pas, dìsait-on, se laisser donner par des étrangers un spĺziczci qoy in Had orrong olla bung vrage de sa jeunesse. Le passage qu'on vient de lire donnerait à penser le contraire. Le grand nom de Montesquieu méritait bien que l'auteur apportât moins de légèreté, dans sa remarque.. (Note des nous. THAT

édit.)

autre souverain que celui qu'elle regardait comme légitime. Alors ce marquis d'Argenson, que nous venons de nommer, écrivait ses Considérations sur le gouvernement, livre plein d'idées sages et pures, mais nouvelles, et quelques-unes même basardées, Alors son frère le comte d'Argenson saisissait toutes les occasions de s'élever contre le despotisme dans le secret de son travail avec le roi, circonstance assez nouvelle sans doute, et qui honorait le maître autant que le serviteur. Alors se lançait dans la triple carrière de la littérature, de la philosophie et de la politique, ce Jean-Jacques Rousseau, qui devait tout outrer, se contredire sur tout, éprouver au même degré le désir de la vérité et celui des paradoxes, charmer par le style lors même qu'il révoltait par la matière, et inspirer le fanatisme de la sédition autant que d'autres inspireraient le fanatisme de l'impiété.

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Cependant le roi qui, malade à Metz, avait eu des preuves si exaltées de l'amour de ses peuples; qui avait reçu tour à tour de leur douleur et de leur allégresse le, surnom de bien-aimé; le roi qui avait, vaincu en personne à Fontenoy, qui avait pris en personne Courtrai, Menin, Ypres, Kenocq, Furnes, Fribourg, Tournay, Louvain, Malines, Kier, Arscott, Anvers; le roi qui avait terminé cette guerre brillante par la paix la plus généreuse, et qui avait consacré les premières années du repos en fondant une école pour les jeunes guerriers à côté de l'asile des braves vétérans; un

dernier ouvrage devint le premier signal de toutes les attaques multipliées depuis contre la religion avec un acharnement aussi funeste que scandaleux.

A

A partir de cette époque, il est certain qu'il y eut en France un prosélytisme de nouveautés, dont les objets furent plus ou moins cachés, les progrès plus ou moins rapides, mais qui ne fut jamais sans agir. La guerre de 1740 rappela encore sur la scène les querelles des peuples et des rois, en donnant lieu à l'entreprise hardie du prince Charles Édouard en Écosse. Les plans, les instructions, les manifestes auxquels travaillèrent ensemble , pour la cause de ce prince, le cardinal de Tencin, le marquis d'Argenson, le duc de Riche lieu, Voltaire, et quelques autres, reposaient tous sur la doctrine d'un contrat synallagmatique et d'un engagement réciproque entre les souverains et les sujets. Lorsque Charles Édouard, après quelques victoires romanesques, eut enfin été écrasé par le nombre, il n'était pas rare de rencontrer en France des personnes qui éprouvaient des sentimens 'en' apparence incompatibles - on admirait l'héroïsme de cet illustre införtuné, on déploraît sa mauvaise fortune, et l'on rendait en même temps hommage à la fermeté d'une nation qui ne voulait pas, pas, di sait-on, se laisser donner par des étrangers un zieq el veg ein Dod ceasing dia buil vrage de sa jeunesses Le passage qu'on vient de lire donnerait à penser le contraire. Le grand nom de Montesquieu méritait bien que l'auteur apportât moins de légèreté dans sa remarque.

(Note des nouv. édit:) 3

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