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ET PIÈCES OFFICIELLES.

Note (A), page 64.

PENDANT ENDANT la guerre des États-Unis, sir Asgyll, jeune officier des gardes anglaises, fait prisonnier par les Américains, avait été condamné à la mort, en représailles de celle du capitaine Huddy, pendu par les ordres du capitaine Lippincott. La triste catastrophe qui menaça la vie de ce jeune officier excita pendant huit mois l'intérêt de l'Europe. La douleur de sa mère, le désespoir d'une sœur tombée dans un état voisin de la folie, avaient attendri tous les cœurs. Trois fois Asgyll fut conduit au pied de la potence, et trois fois le général Washington, à qui ce crime politique coûtait à commettre, suspendit le supplice. Son humanité et sa justice. lui faisaient espérer que le général anglais lui livrerait enfin l'auteur du forfait qu'Asgyll était condamné à expier. Le général Clinton, ou mal obéi, ou peu sensible au sort du jeune Asgyll, se refusa toujours à livrer le barbare Lippincott.

En vain le roi d'Angleterre, au pied duquel s'était traînée la famille infortunée, avait ordonné de remettre aux Américains l'auteur d'un crime qui déshonorait la nation anglaise : Georges III n'était pas obéi. En vain les états de Hollande avaient demandé aux États-Unis de l'Amérique la grâce du malheureux Asgyll : la potence, plantée devant sa prison, ne cessait d'offrir à ses regards un appareil encore plus cruel que la mort. Sa malheureuse mère conçut l'espoir de devoir au roi de France ce qu'elle ne pouvait obtenir du roi d'Angleterre. Elle écrivit à M. de Vergennes une lettre touchante dans sa simplicité. Cette lettre fut mise sous les yeux de Louis XVI; la cause de la mère d'Asgyll fut plaidée par la reine, et la puissante intervention du roi auprès du congrès sauva la vie du prisonnier.

ÉCLAIRCISSEMENS HIST. ET PIÈCES Offic. 461

Note (B), page 74.

Le témoignage de Weber, qui avait tant de motifs d'aimer Marie-Antoinette, pourrait paraître suspect aux lecteurs. Pour leur donner une idée de la beauté de la reine et des jugemens divers dont elle était l'objet, nous rassemblerons ici plusieurs portraits de cette princesse, en commençant par celui qu'a tracé sir William Wraxall.

« Dans l'été de 1776, dit-il (1), lorsque je quittai la France, Marie-Antoinette venait d'atteindre au plus haut degré de sa beauté et de sa popularité. Ses charmes personnels que Burke a exagérés, consistaient plus dans son air de dignité, la noblesse de sa taille et les grâces de son maintien, qui tous annonçaient une reine, que dans ses traits qui manquaient de douceur et de régularité. Elle avait les yeux faibles ou plutôt échauffés; mais son teint qui était éblouissant, sa jeunesse, la richesse de sa parure dans laquelle elle montrait beaucoup de goût, frappaient tous ceux qui la voyaient. >>

Voici maintenant le portrait que fait de la reine M. Senac de Meilhan, connu par plusieurs ouvrages estimables (2). « MarieAntoinette d'Autriche avait plus d'éclat que de beauté. Chacun de ses traits, pris séparément, n'avait rien de remarquable, mais leur ensemble avait le plus grand agrément. Ce mot si prodigué de charmes était, pour peindre les grâces de cet ensemble, le mot propre. Aucune femme ne portait mieux sa tête, qui était attachée de manière à ce que chacun de ses mouvemens eût de la grâce et de la noblesse. Sa démarche, noble et légère, rappelait cette expression de Virgile : Incessu patuit dea. Ce qu'on remarquait dans sa personne était l'union de la grâce et de la dignité la plus imposante. Son esprit n'avait rien de brillant, et elle n'annonçait, à cet égard, aucune prétention. Mais il y avait dans elle quelque chose qui tenait de l'inspiration, et qui lui faisait trouver au moment ce qui convenait le plus aux circonstances, ainsi que

(1) Mémoires historiques de mon temps, T. I, pag. 115. (2) Portraits et caractères, etc.; in-8o, pag. 74.

les expressions les plus justes. C'était plutôt de l'ame que de l'esprit que partaient alors ses discours et ses réponses. Entièrement livrée à elle-même à vingt ans, étrangère, belle, aimable, toutepuissante sur le cœur et l'esprit d'un roi aussi jeune qu'elle, environnée de séductions, elle fit des imprudences, applaudies alors, transformées dans la suite en crimes. Objet de l'enthousiasme public, elle n'était point avertie de ses fautes et de la légèreté de sa conduite. Dans son intérieur, elle montrait un caractère de bonté, rare parmi les particuliers. »

Il ne faut pas oublier que ce portrait a été trouvé dans les papiers de M. de Meilhan après sa mort. Aucune considération n'a donc influé sur le langage de l'auteur. Il en est de même du premier témoignage et de celui par lequel nous allons terminer ces rapprochemens. Le morceau qu'on va lire est du prince de Ligne, mort en 1814. Il faut, pour l'intelligence de son récit, se rappeler une circonstance à laquelle il a rapport : c'est la distraction que commit la reine lorsque Piccini lui fut présenté, à l'époque de la fameuse querelle entre les partisans de ce compositeur et ceux de Gluck. Marie-Antoinette, voulant chanter devant lui, lui proposa de l'accompagner au piano, et choisit, sans y songer, un morceau de l'Alceste de Gluck.

<< La reine, dit le prince de Ligne, m'a raconté elle-même ce plaisant mal-à-propos dont elle riait et rougissait encore. La grâce qu'elle mettait à réparer ces petits malheurs qui lui arrivaient souvent, par une sorte d'ingénuité qui lui allait si bien, peignait la bonté et la sensibilité de la plus belle des ames: ce qui ajoutait des charmes à sa figure sur laquelle on voyait se développer, en rougissant, ses jolis regrets, ses excuses et ses bienfaits. Combien de fois n'ai-je pas surpris tous ces mouvemens se succéder les uns

aux autres !

>> Cette malheureuse princesse n'a que trop prouvé, en courant à la mort, son trop de délicatesse, en n'osant prendre sur elle de contredire le roi ni ses ministres. La seule affaire sérieuse dont je l'aie vue occupée, a été d'empêcher, comme Française et Autrichienne à la fois, la guerre qui, sans elle, se serait allumée au sujet de l'Escaut. Les dix millions qu'elle engagea le roi à prêter à la république de Hollande, pour payer les frais et apaiser l'empereur son frère, ont donné occasion à la plus bête de toutes les

calomnies, qu'elle lui faisait passer des trésors. Nous n'en avions pas besoin ; la maison d'Autriche était mieux dans ses affaires que

la maison de Bourbon.

>> Les reproches sur son luxe étaient aussi mal fondés. Il n'y a jamais eu de femme de chambre, de maîtresse de roi ou de ministre, qui n'en eût davantage (1). Elle s'occupait si peu de sa toilette, qu'elle se laissa, pendant plusieurs années, coiffer, on ne peut pas plus mal, par un nommé Larsonneur qui l'était venu chercher à Vienne, pour ne pas lui faire de peine. Il est vrai qu'en sortant de ses mains, elle mettait les siennes dans ses cheveux, pour s'arranger à l'air de son visage. Quant au reproche sur son jeu, je ne lui ai jamais vu perdre plus de deux cents louis, et encore était-ce à ces jeux d'étiquette où elle avait peur de gagner ceux qui étaient obligés de faire sa partie. Je me souviens d'avoir quêté un jour, dans son antichambre, vingt-cinq louis qu'elle voulait donner à une malheureuse femme qui était dans le besoin.

>> Sa prétendue galanterie ne fut jamais qu'un sentiment profond d'amitié, et peut-être distingué pour une ou deux personnes, et une coquetterie générale de femme et de reine pour plaire à tout le monde. Dans le temps même où la jeunesse et le défaut d'expérience pouvaient engager à se mettre trop à son aise vis-à-vis d'elle, il n'y eut jamais aucun de nous, qui avions le bonheur de la voir tous les jours, qui osât en abuser par la plus petite inconvenance. Elle faisait la reine sans s'en douter: on l'adorait sans songer à l'aimer. >>

Note (C), page 95.

CARADEUC DE LA CHALOTAIS, procureur-général au parlement de Rennes, provoqua la destruction des jésuites et lutta contre le duc

(1) Ce langage pourrait paraître en contradiction avec celui de sir Wraxall qui, dans le portrait de la reine, parle de la richesse de sa parure; mais outre que le voyageur anglais n'a vu Marie-Antoinette qu'en représentation, il est constant qu'elle mettait dans sa toilette plus d'élégance et de goût que de magnificence. Ce n'est pas la parure de la reine

d'Aiguillon qui commandait en Bretagne. Une plaisanterie probablement injuste, mais au moins très-piquante, fut peut-être la première cause des malheurs de La Chalotais. Les Anglais, ayant fait une descente, en 1758, à Saint-Cast, furent repoussés par les Bretons et forcés de se rembarquer. Ils prétendirent que le duc d'Aiguillon était resté dans un moulin pendant l'action. A cette occasion le procureur-général écrivit une lettre dans laquelle on lisait ce passage offensant : « Si notre général ne s'est pas couvert de gloire, il s'est du moins couvert de farine. » Le faste avec lequel ce général représentait dans la province, le fit accuser d'exaction et d'infidélité. Le parlement de Rennes informe contre lui et demande son rappel. Le duc, à son tour, accuse La Chalotais d'un complot tendant à renverser le trône. D'autres circonstances concouraient à aigrir les esprits. Le parlement refusa d'enregistrer plusieurs édits, fit des remontrances, prit des arrêtés, et le procureur-général lança des réquisitoires. Tous les membres de la Cour, à l'exception de douze, donnèrent leur démission. Sur ces entrefaites et par suite de la dénonciation du duc d'Aiguillon, La Chalotais fut arrêté le 11 novembre 1765 avec son fils, et cinq conseillers au parlement. C'étaient MM. de Montreuil, de Kersalaun, de Bomblanc, Charette de la Gascherie et Charette de la Colinière. On les enferma dans le château du Toro. Une commission, qui prit le titre

de Chambre royale, fut nommée par le roi pour les juger. Elle se rendit odieuse parce qu'on la regardait comme un instrument de vengeance, et qu'elle agissait sous l'influence de M. le duc d'Aiguillon, ennemi personnel du principal accusé. Sa cause fut renvoyée devant le nouveau parlement de Rennes, qui bientôt se récusa. La fermentation devint si grande que le procès fut interrompu et que l'on se contenta d'exiler à Saintes La Chalotais et ses co-accusés. On fit d'inutiles démarches pour obtenir la démission du premier. L'injustice avec laquelle il avait été traité et les rigueurs de sa détention n'avaient fait que lui donner plus d'énergie.

qui a causé le déficit. Les folles prodigalités de la cour, les emplois, les charges, les pensions multipliées sans nécessité, distribuées sans discernement, accordées à la faveur, à la naissance, à l'importunité plus qu'au vrai mérite, voilà quelles étaient les causes des embarras financiers qui hâtèrent le moment de la révolution. (Note des nouv, édit.)

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