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»rieur et des affaires étrangères, auraient certai»nement averti la cour, s'il existait le moindre

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danger pour elle; que le peuple n'oserait jamais » se porter à Versailles; que d'ailleurs toute la rive » de la Seine était garnie de canons ; que les ponts » de Sèvres et de Saint-Cloud devant être coupés >> au premier signal, l'arrivée des Parisiens était » une chimère, et qu'on enverrait, au cas de be» soin, la maréchaussée et le régiment de Flandre, » comme renfort pour seconder les dispositions du » comte d'Estaing, qui prétendait avoir paré à >> tous les événemens possibles. »

Après ces explications, aussi fausses qu'incohérentes, ces mêmes personnes du service de la reine finirent par me dire d'être bien persuadé, « que » toute la famille royale jouissait sur ce point de » la plus grande tranquillité, et qu'elle irait se » coucher, ainsi que tout ce qui était de service >> au château. » Telle était la sécurité de ceux qui approchaient le plus près Leurs Majestés!

J'eus beau insister, je fus forcé de me retirer le cœur navré de n'avoir pu faire partager mes alarmes aux personnes qui ne quittaient presque pas la reine.

Cependant, résolu de me rendre utile, j'allai dans la salle des nobles avec l'intention d'y passer

tôt à sa famille, à ses amis, à ses élèves, elle a laissé des Mémoires d'un grand intérêt, et leur publication justifiera la haute idée. qu'on avait conçue généralement de ses talens et de son caractère. (Note des nouv. édit.)

la nuit. Madame Élisabeth m'ayant aperçu, m'appela pour lui rendre compte de tout ce que j'avais vu et entendu dans le public, et me chargea de sortir encore pour voir si la grande clarté qu'on apercevait près de l'Assemblée nationale ne venait pas de sa maison de campagne qu'elle croyait incendiée par les poissardes de Paris.

Je quittai sur-le-champ cette princesse pour exécuter ses ordres. J'appris dans ma course, que la famille royale, effrayée des troubles de la capitale et de ceux de Versailles, avait e un instant le projet de se rendre à Compiègne par le parc; que le corps-de-garde national de la rue de l'Orangerie avait fermé les grilles et ramené de force les voitures aux écuries, et que la garde nationale de Versailles ayant aperçu un détachement des gardesdu-corps qui revenait d'accompagner le roi à la chasse, et retournait à l'hôtel, avait tiré plusieurs coups de fusil sur ces innocens et fidèles serviteurs. Quant à la clarté qui avait inquiété madame Élisabeth, c'était l'effet d'un grand nombre de flambeaux allumés qu'on tenait autour de la porte de l'Assemblée nationale peu éloignée du jardin de cette princesse.

C'est à ce projet momentané de transporter la famille royale à Compiègne qu'est dû le bruit que les factieux firent circuler, huit jours après le 6 octobre, afin d'excuser les crimes de cette journée, que les gardes -du- corps avaient formé le projet d'enlever le roi pour le conduire à Metz.

J'ai su depuis que MM. de Saint-Priest et de La Luzerne, l'un et l'autre ministres du roi, avaient conseillé au roi, à son retour de la chasse, de s'éloigner de Versailles, sans perdre un moment; qu'en conséquence la reine était entrée avec précipitation dans l'appartement des sous-gouvernantes de ses enfans, et leur avait dit : « On va partir dans » un quart d'heure, faites vos paquets, hâtez>> vous ! » Mais qu'une demi-heure après ces dames ayant envoyé demander à la reine ses ordres ultérieurs, elle avait répondu : «Allez dire à ces >> dames que tout est changé, que nous restons. » Si cette princesse était partie, elle n'aurait jamais échappé aux assassins dont toutes les routes qui aboutissaient au château étaient garnies.

De retour de mes perquisitions je trouvai les grilles et toutes les portes fermées, les environs sans gardes ni renforts quelconques, et quoique, en sortant, j'eusse averti le suisse, de la part de madame Élizabeth, de me laisser rentrer, ayant un rapport à faire à cette princesse, je ne pus me faire entendre quoique je frappasse, à coups redoublés, avec le grand marteau.

Me trouvant ainsi dans l'impossibilité de rendre compte de ma mission, et de passer la nuit au château, je retournai à mon logement, accablé de douleur en pensant aux dangers que courait la famille royale. Je fus tiré de mes tristes réflexions par le bruit d'une partie de la horde parisienne qui passa à minuit sous mes fenêtres, rue Sartory, pour

se rendre dans l'église Saint-Louis, et dans les corpsde-garde de ce quartier.

Mon inquiétude, augmentée par l'arrivée de ces bandes, m'arracha de chez moi, et me fit courir de tous côtés pour prendre de nouvelles informations. Je vis que cette multitude restait assez tranquille, et j'appris que le roi et la reine venaient d'être rassurés par le marquis de La Fayette qui leur avait dit : « Qu'il répondait sur sa tête de la >> conduite de ses soldats; et que la famille royale >> pouvait en conséquence se livrer sans inquiétude » au repos (1). » Je rentrai chez moi dans les plus vives alarmes.

Ce fut dans cette soirée que la reine commença à déployer ce caractère héroïque qui a, depuis, fixé l'admiration du monde entier sur elle. Après que le premier projet de départ du roi eut été contremandé, on proposa à ce prince de faire au moins partir la reine et le dauphin; mais alors la

(1) faut comparer ce récit à celui des mêmes événemens qu'on retrouve dans les Mémoires du temps, et particulièrement dans ceux du marquis de Ferrières, témoin d'autant moins suspect qu'il n'aimait pas le général La Fayette. Celui-ci, dans les explications qu'il donna, fit voir qu'il avait pu répondre de ses soldats; qu'ils sauvèrent la famille royale et les gardes-du-corps; que, suivant toutes les apparences, ils auraient prévenu les malheurs de cette journée, si l'on avait confié à leur général la sûreté du château en le rendant responsable, au lieu de se borner, comme on le fit, à ne lui confier que des postes occupés par les gardes-françaises.

(Note des nouv, édit.}

reine déclara qu'elle ne quitterait jamais le roi et qu'elle mourrait avec lui. Lorsqu'un aide-de-camp de M. de La Fayette vint annoncer, sur les dix heures du soir, que l'armée parisienne approchait, la reine seule montrait une contenance noble et ferme au milieu de tant d'hommes éperdus et consternés; elle seule faisait remarquer une présence d'esprit extraordinaire, quand tout n'était qu'anxiété et douleur autour d'elle. On la vit, dans cette soirée du 5 octobre, recevoir un monde considérable dans son grand cabinet, parler avec force et dignité à tout ce qui l'approchait, et communiquer son assurance à ceux qui ne pouvaient lui cacher leurs alarmes. « Je sais, disait-elle, qu'on vient >> de Paris pour demander ma tête; mais j'ai appris » de ma mère à ne pas craindre la mort, et je » l'attendrai avec fermeté. » Un officier des gardesdu-corps, parlant avec beaucoup d'amertume de ce nouvel attentat des factieux, et de tout ce qui se passait à Versailles, la reine fit changer d'objet à cet entretien sans affectation. Un moment après elle se pencha vers un député de la noblesse, et lui dit à demi-voix : « J'ai détourné la conversa» tion, parce que j'ai aperçu un valet de chambre » de M. le duc d'Orléans: je ne sais comment il » s'est introduit ici. » On verra tout à l'heure cette princesse, quand le péril pressera, déployer le courage de sa mère; et si, avec la même magnanimité, elle n'a pas eu des succès pareils, c'est que Marie-Thérèse avait affaire à la noblesse de Hon

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