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proprement dite, la Libye, c'est-à-dire l'Afrique occidentale jusqu'à Cyrène, la Célésyrie, la Phénicie, la Lycie, la Carie, Chypre et les Cyclades.

Ainsi durant un siècle entier l'Égypte fut gouvernée par trois grands rois, et il était néanmoins possible de s'apercevoir que la monarchie allait déclinant. Toutes ces expéditions l'épuisaient sans fruit, sauf l'activité qu'elles imprimaient au commerce. Alexandrie, qui en était le centre, voyait une foule immense affluer dans ses murs (1) et devenait un foyer de corruption alimentée encore par les dépouilles de pays extrêmement riches. Les rois eux-mêmes, donnant l'exemple d'un orgueil fastueux et d'une faiblesse lascive, se livraient sans mesure à leur goût pour les femmes. Ptolémée eut pour maîtresse Thaïs, la courtisane la plus célèbre après As

CHISHULL, Antiq. Asiat., p. 76.

Musée pour l'histoire de l'antiquité, Berlin, 1810, t. II, p. 105-166.
SACY, Annales des Voyages, vol. XII, p. 330.

C'est, en définitive, une liste des pays possédés par l'Égypte, mais dont l'altération des noms rend l'interprétation très-difficile. En voici le sens : «< Le grand roi Ptolémée fils du roi Ptolémée et de la reine Arsinoé, dieux Adelphes, petit-fils du roi Ptolémée et de la reine Bérénice, dieux Soters, descendant du côté paternel d'Hercule, fils de Jupiter, et du côté maternel de Dionysius, fils de Jupiter, ayant reçu de son père la couronne d'Égypte, de Libye, de Syrie, de Phénicie, de Chypre, de Lycie, de Carie et des Cyclades, puis conduit en Asie une armée nombreuse de fantassins, de cavaliers, de vaisseaux et d'éléphants du pays des Troglodytes et de l'Éthiopie, pris par son père et amenés par lui de ces contrées en Égypte, où ils furent dressés pour la guerre, s'empara de tous les pays voisins de l'Euphrate, de la Cilicie, de la Pamphilye, de l'Ionie, de l'Hellespont, de la Thrace, des troupes et des richesses de ces contrées, des éléphants indiens qui s'y trouvaient, des rois qui les gouvernaient; ayant ensuite traversé le fleuve, il soumit la Mésopotamie, la Babylonie, la Susiane, la Perse, la Médie, et tout le reste du pays jusqu'à la Bactriane. Ayant recouvré les dieux et les choses sacrées enlevés aux Égyptiens par les Perses, il les renvoya en Égypte avec d'autres trésors pris en ces divers lienx...» (Le reste est perdu.)

(1) Dion Cassius (Discours aux Alex.) en vantant cette ville pour son immense population, ajoute : Ὄρω γὰρ ἔγωγε οὐ μόνον Ἑλλήνας παρ' ὑμῖν, οὐδ ̓ Ἰτάλους, οὐδὲ ἀπὸ τῶν πλησίων Συρίας, Λιβύης, Κιλικίας, οὐδ ̓ ὑπὲρ τοὺς ἐκείνους Αἰθιόπας, οὐδὲ Ἀράβας, ἀλλὰ καὶ Βακτρίους, καὶ Σκύθας, καὶ Πέρσας, καὶ Ἴνδων τινάς οἱ συνθεῶνται καὶ πάρεισιν ἐκάστοτε ὑμῖν.

Car je vois parmi vous non-seulement des Grecs et des Italiens avec des Syriens, des Libyens, des Ciliciens, des Éthiopiens et des Arabes, mais aussi des Bactriens, des Scythes, des Perses et quelques Indiens, qui tous viennent se rencontrer dans votre cité.

Ptolémée IV. 221.

204.

pasie; Philadelphe avait un sérail. Bérénice gouvernait à son gré Evergète.

Les choses allèrent en empirant sous Ptolémée Philopator. Il se plut aussi à favoriser les sciences, et fit même élever un temple à Homère. Il montra une grande générosité envers Rhodes, lorsqu'elle fut renversée par un tremblement de terre, car il lui expédia trois cents talents en argent, un million de mesures de froment, les matériaux nécessaires pour construire vingt galères à trois rangs de rames, autant à cinq, et trois mille talents pour élever un nouveau colosse. Cet envoi était accompagné de cent architectes, de trois cent cinquante ouvriers, et d'une promesse de quatorze talents par an pour leur entretien, tant que les Rhodiens auraient besoin d'eux. Il ajouta à ces libéralités dix mille mesures de grain pour les sacrifices et vingt mille pour l'approvisionnement de la flotte (1). L'histoire n'appelle pas moins ce prince un lâche tyran, effréné dans ses débauches, soumis tour à tour à l'influence perverse de Sosibe, et à celle plus corruptrice encore d'Agathocle, et de sa sœur Agathoclée. La guerre que lui déclara Antiochus le Grand semblait devoir lui être funeste, mais la victoire peu méritée de Raphia sauva l'Égypte.

Quand Philopator mourut, coupable de parricide, de fratricide à la fois, et de bien d'autres crimes, Agathocle et sa sœur voulureut Ptolémée V. continuer à gouverner en qualité de tuteurs de Ptolémée Épiphane, âgé de cinq ans; mais le peuple soulevé fit justice, et remit la tutelle à Sosibe le jeune et à Tlépolème. Le premier savait du moins sauver les apparences; l'autre, au contraire, prodigue et imprudent, en vint bientôt aux prises avec son collègue. Les rois de Syrie et de Macédoine profitèrent de l'affaiblisement qui suivit cette lutte pour se liguer contre l'Égypte, dont ils se partageaient déjà les dépouilles dans leur pensée. Mais les deux régents eurent recours à Rome, et confièrent la tutelle de leur royal pupille au sénat, qui jusqu'alors s'était montré l'ami des Ptolémées, et qui de ce moment devint l'arbitre de l'Égypte.

203 202.

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CHAPITRE IV.

MACÉDOINE ET GRÈCE (1).

Le troisième des royaumes formés des débris de l'empire d'Alexandre, quoique inférieur aux deux autres pour l'étendue, la population et la richesse, était pourtant considéré d'abord comme le cœur de la monarchie; c'était de là qu'émanait, du moins en apparence, toute autorité administrative. Mais quand la famille royale fut anéantie, la Macédoine forma un État distinct, dans lequel les rois avaient à lutter encore avec le caractère indépendant et les franchises des habitants; tandis que les souverains de l'Asie et de l'Égypte se posaient en tyrans au milieu d'hommes efféminés et sans courage, accoutumés à obéir. La Macédoine excite en outre l'intérêt en ce qu'elle est liée à la fortune de la Grèce; il ne s'agit plus pour celle-ci de conduire l'Europe contre toute l'Asie, de vivre libre ou de tomber dans l'esclavage: elle est absorbée entièrement par les querelles qui divisent quelques ambitieux ou par des folies populaires. Ses glorieux souvenirs la sauvent seuls du mépris ; et si quelque rameau vigoureux s'élance encore du vieux tronc, les fruits qu'il peut porter ne sauraient plus mûrir pour la patrie.

Les Thraces occupaient jadis une vaste région comprenant une partie de la Macédoine et tout le pays entre le fleuve Strymon, le Pont-Euxin et le mont Hémus; ils s'étendaient même au delà du Danube et du Borysthène. Les diverses tribus de cette nation avaient leurs coutumes particulières et leur gouvernement distinct. Homère nous offre dans Rhésus un roi des Thraces; ils en eurent beaucoup d'autres, mais on n'en trouve pas une série non interrompue jusqu'aux rois des Odryses, nation dont le terri

(1) Diodore de Sicile nous sert de guide jusqu'à la bataille d'Ipsus; puis, jusqu'en 224, les fragments du même historien, les récits de Justin, quelques vies de Plutarque, sont les seuls documents que nous ayons. Après 224, Polybe, bien qu'incomplet, vient à notre secours; ensuite Tite-Live et les autres historiens de Rome. Il est juste de citer parmi les modernes JOHN GAST, the History of Greece from the accession of Alexander of Macedon till the final subjection to the Roman power; en huit livres, Londres, 1782, in-4°.

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T. III.

4

430.

424.

323?

toire s'étendait du Strymon à l'Euxin et de l'Hémus à la mer Égée. Térée fonda ou affermit leur puissance vers 430 avant J. C. Puis Sitalcès étendit la domination paternelle, et vit son alliance recherchée par les Athéniens, qui en profitèrent pour se venger des Chalcidiens et de Perdiccas, roi de Macédoine.

Seuthès I succéda à son aïeul, puis nous trouvons un Mesade après le règne duquel les villes maritimes se rendirent indépendantes; Médocus gouverna les autres villes des Odryses; mais Seuthès II, parvenu à l'âge d'homme, recouvra, avec l'aide de Xénophon, celles qui s'étaient affranchies. C'était l'usage parmi les Thraces, que ceux qui avaient été conviés au banquet du roi bussent à sa santé et lui fissent un don proportionné à leurs moyens; Xénophon, ne trouvant rien de convenable sous sa main, dit: Je t'offre et moi-même et tous ces Grecs, qui t'aideront, si les dieux nous prétent assistance, à recouvrer les Etats de tes aïeux et à étendre leurs limiles.

A défaut d'historiens, nous ne pouvons que recueillir çà et là quelque mention relative aux rois Thraces et aux événements qui les concernent. Ainsi nous voyons dans une lettre de Philippe de Macédoine aux Athéniens que les Odryses eurent pour roi Térée II, à qui Philippe fit la guerre malgré son alliance avec Athènes. Cotys régnait à la même époque sur les villes maritimes. Célèbre par son ingratitude, sa perfidie, ses déportements, et devenu l'ennemi d'Athènes après avoir été son allié, il envoya contre elle son gendre Iphicrate. Il répondit à un ministre qui lui reprochait de gouverner plutôt en fou furieux qu'en roi : Et pourtant ma frénésie maintient mes sujets dans l'obéissance.

Ayant été tué, son fils Chersoblepte lui succéda, non sans peine, et demeura, malgré l'opposition des Athéniens, maître des villes maritimes, jusqu'au moment où Philippe l'obligea de se reconnaître son tributaire.

Sous Alexandre il n'est fait aucune mention des rois thraces. Après sa mort, leur pays étant tombé en partage à Lysimaque, Seuthès se révolta contre lui, et fut vaincu malgré les secours d'Antigone: Lysimaque fonda un royaume dans la Thrace, et mena au combat les vaillants soldats que fournissait le pays dans toutes les guerres qu'il eut à soutenir.

Les Gaulois dominèrent ensuite en Thrace; puis les Odryses, les ayant chassés, se choisirent un roi national, dont les successeurs

continuèrent à régner avec des chances diverses; apportaut un grand poids dans la balance en faveur de ceux du côté desquels ils se rangeaient. Enfin la Thrace fut réduite en province romaine sous Vespasien.

Nous avons vu les discordes survenues entre Pyrrhus et Lysimaque; ce dernier s'étant assuré le royaume de Macédoine, y joignit la Thessalie, et pour un temps l'Asie antérieure: mais lorsqu'il eut fait mettre à mort Agathocle son vaillant fils, à l'instigation d'Arsinoé, marâtre du jeune prince, Lysandra sa veuve se réfugia avec Ptolémée Céraunus son frère, auprès de Séleucus. Ils le déterminèrent à déclarer la guerre à Lysimaque; et celui-ci perdit le trône et la vie dans la bataille de Cyropédion. Un petit chien qu'il aimait, et qui s'était couché sur son cadavre, le fit reconnaître parmi les morts.

Seleucus fut alors proclamé roi de la Macédoine, et sembla appelé à devenir le chef de la monarchie: mais il fut tué bientôt après par Ptolémée Céraunus, qui, maître de ses trésors, se servit des troupes échappées à la défaite de Lysimaque pour s'emparer du trône.

287. 282.

Alors vient tomber sur lui un redoutable fléau, les Gaulois. Nous Les Gaulois. avons vu précédemment (1) les Gaulois et les Cimbres ou Kymris envahir l'Europe (1400 ?) et dans la suite (389) mettre Rome en cendres. Les Tectosages, qui habitaient, ainsi que nous l'avons dit, les montagnes des Cévennes, en sortirent, on ne sait pour quelles causes, dans le troisième siècle avant J. C. Ils gagnèrent par la forêt Hercynienne la vallée du Danube, où étaient auparavant venus d'autres Gaulois sous la conduite de Sigovèse, quand Bellovèse descendit avec les siens en Italie (597). Alexandre, dans son expédition contre les Scythes qui dévastaient les frontières de la Thrace vers l'embouchure du Danube, avait rencontré les Gaulois, et leurs envoyés l'avaient fait sourire quand ils répondirent à la menace qui leur était adressée : Nous ne craignons que la chute du ciel. Alexandre, qui sympathisait avec un courage exalté comme le sien, fit alliance avec eux; et ses successeurs trouvèrent en eux un grand secours. Mais, en servant sous eux, ils apprirent à connaître et la beauté de la Grèce et ce qu'elle avait de faiblesse; aussi le désir leur vint d'en devenir les maîtres. Tandis que Lysimaque continuait la guerre contre les Thraces et les

(1) Voyez tome II, page 518 et suivantes.

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