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régna sur l'Inde septentrionale et sur Malabar (1). Ce royaume fut ensuite détruit par les Scythes, selon Strabon, et, selon Justin, par

(1) On ne connaissait jusqu'à nos jours que fort peu de médailles des rois de la Bactriane: mais le général Allard, qui demeura dans les Indes de 1815 à 1835, et y fut chargé de l'organisation militaire du royaume de Lahore, fit présent, lors de son retour en France, à la Bibliothèque royale, de plusieurs médailles qui peuvent se diviser comme il suit :

1o Monnaies grecques des rois macédoniens de la Bactriane et de l'Inde septentrionale.

2o Monnaies des mêmes rois avec la légende grecque d'un côté et bactrienne de l'autre.

3o Monnaies bilingues des conquérants scythes.

dégénéré,

4o Plusieurs autres d'époque incertaine, dans lesquelles l'art offrant un mélange de symboles et d'inscriptions persanes, grecques, indiennes.

On peut, à l'aide de ces médailles, retrouver la série des rois macédoniens dans ce pays; jusque-là le nom même de plusieurs était ignoré.

Voy. RAOUL ROCHETTE, Notice sur quelques médailles grecques inédites de la Bactriane et de l'Inde; journal des savants, 1834-1836.

Les fragments peu nombreux de l'histoire de ce royaume avaient été recueillis par THEOPHILE SIGEFREDE BAYER ( Historia regni Græcorum Bactriani, in qua simul græcarum in India coloniarum vetus memoria explicatur; accedit CHRIST. THEODORI WALKERII doctrina temporum indica cum paralipomenis ; Pétersbourg, 1738). Voici ce qu'il est possible d'en tirer. A Théodole I succéda son fils Théodote II en 243, qui fit la paix avec Arsace, auquel son père avait fait la guerre. Il fut détrôné par Eutidème de Magnésie (221), contre lequel marcha Antiochus le Grand avec des secours fournis par Arsace (209-206); mais, quoi. que réduit à livrer ses propres éléphants, un traité de paix lui permit de conserver la couronne et de marier son fils Démétrius à une fille d'Antiochus. Ce Démétrius, étendant au loin ses conquêtes vers le levant, se rendit maître de l'Inde septentrionale et du Malabar. A la même époque la Bactriane avait pour roi Ménandre, qui poussa ses conquêtes dans la Sérique. Il paraît que de son temps la Bactriane aurait été divisée en plusieurs États grecs, qui se seraient peut-être rendus indépendants lors de l'expédition d'Antiochus III. Sous Eucratidas (181 ?), successeur de Ménandre, le royaume de Bactriane s'agrandit plus que jamais, ce prince y ayant réuni, avec l'aide de Mithridate, roi des Parthes (148), les conquêtes de Démétrius dans l'Inde. Puis il fut assassiné par son fils, peut-être Eucratidas II, qui lui succéda. Ce dernier s'allia avec Démétrius II, roi de Syrie, pour une expédition contre les Parthes (142) : mais il fut ensuite dépouillé par Arsace VI d'une partie de ses États; de sorte qu'il ne tenta plus rien contre les nomades de l'Asie centrale, et son royaume divisé passa aux Parthes avec les pays en deçà de l'Oxus. Bayer a disposé de la manière sui vante cette chronologie des dynasties grecques dans la Bactriane :

255. Théodote fonde la monarchie de la Bactriane.

250. Premiers mouvements des Parthes.

les Parthes. L'empire de Darius resta ainsi divisé entre plusieurs princes jusqu'aux Sassanides, lorsque Ardeschir réunit la Perse en un seul royaume, et que Sapor son fils fit périr les descendants de tous ces petits souverains (1).

On ne sait pas bien qui étaient ni d'où venaient les Parthes, qui figurèrent si souvent depuis dans l'histoire du monde. On ignore s'ils étaient originaires du Curdestan, du pays des Scythes ou de celui des Turcs. Ces terribles cavaliers, aux évolutions rapides, s'établirent dans le voisinage de la mer Caspienne, cinq années environ après la défection de Théodote. Poussant de là leurs excursions dans d'autres parties de la Perse orientale (2), ils s'étendirent de plus en plus vers l'occident, au grand dommage de la Syrie, sans pouvoir toutefois se fixer à demeure sur l'Euphrate, l'Indus et l'Oxus. Ils eurent d'abord pour capitale Hécatompyles, puis Ctésiphon sur le Tigre, et Ecbatane d'Hyrcanie. Sans commerce et sans agriculture, la guerre était leur seule occupation. Le luxe effréné de la cour d'Antiochus, qui, dans ses expéditions contre eux, menait à sa suite plus de courtisans que de guerriers, laissa libre carrière à leurs progrès. Ce prince envoyait d'Égypte à Au

246. Seconde époque de la domination des Parthes.

244. Arsace occupe l'Hyrcanie.

243. Il prépare la guerre contre Théodote.

242. Théodote II conclut la paix avec les Parthes.

241. Arsace fuit par suite de l'invasion de Séleucus Callinique.

240. Ce dernier est vaincu. Troisième époque de la domination des Parthes.

239. Commencement du règne d'Attalus, roi de Pergame.

220. Eutidème de Magnésie chasse le roi Théodote.

209. Antiochus le Grand fait la guerre aux Parthes.

208. Il la fait à Eutidème.

206. Il conclut la paix avec celui-ci.

196. Ménandre, quatrième roi de la Bactriane.

181. Eucratide, cinquième roi.

152. Mithridate, Parthe, occupe l'Hyrcanie du milieu et l'Élimaïde.

147. Fin de la guerre indienne.

146. Eucratide, sixième roi de la Bactriane.

141. Démétrius Nicator est pris par les Parthes.

136. Mort de Mithridate le Grand, roi des Parthes.

(1) Voy. sur les royaumes formés des débris de l'empire Perse un mémoire du major VANS KENNEDY, dans les Transactions of the literary Society of Bombay, t. III; Londres, 1823.

(2) Voy. MALCOLM, History of Persia, t. I, c. vn. — des Arsacides.

T. III.

LONGUERUE; Annales

3

Parthes.

247.

246

tioche de l'eau du Nil dans des vases d'or à sa chère Bérénice (1) ; il abandonnait l'autorité à Thémison, et à Ariston de Chypre, ministres de ses voluptés. Le peuple leur rendait les honneurs divins, et Hercule Thémison, étendu sur des coussins, enveloppé d'une peau de lion, recevait les offrandes des grands.

Lorsque mourut Ptolémée, Antiochus répudia Bérénice pour reprendre Laodice, et assurer sa succession au fils qu'il avait d'elle; mais celle-ci, craignant l'inconstance de son mari, l'empoisonna et Seleucus II. régna en qualité de tutrice de Séleucus Callinique. Sa cruauté lui fit perdre une grande partie des États de son fils. Sa haine contre Bérénice la poussa à combattre quiconque était favorable à l'Égypte, jusqu'au moment où elle parvint à faire égorger sa rivale et le fils de celle-ci. Le désir de venger ce double assassinat mit en armes les villes de l'Asie antérieure et l'Égypte entière. La Syrie fut dévastée, et le sang de Laodice, les incendies et le pillage suffirent à peine à assouvir ces ressentiments. L'ennemi le plus redoutable de Séleucus II fut son frère Antiochus Hiérax (le vautour), qui se rendit maître de la Lydie et d'une partie de l'Asie Mineure. Secondé par les Gaulois, il mit le trouble dans le royaume de son frère jusqu'au moment où, après s'être délivré de sa captivité en Égypte, il fut tué par des brigands.

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Tandis que Séleucus était occupé à se défendre contre lui et à soumettre les provinces de l'Asie supérieure, Eumène, roi de Pergame, et Arsace, roi des Parthes, augmentaient l'un et l'autre leur puissance. Ce dernier, ligué avec le roi de la Bactriane, vainquit Séleucus, et ce fut là pour les Parthes la véritable époque de la fondation de leur empire. Plus malheureux encore dans une seconde expédition, Séleucus tomba entre les mains de ses ennemis, et l'on dit qu'il resta leur prisonnier durant dix années, c'est-à-dire jusqu'à sa mort; mais il paraît plus vraisemblable qu'il recouvra sa liberté, et finit tranquillement ses jours en fondant plusieurs villes et en agrandissant Antioche.

Séleucus Céraunus (le foudre) fut empoisonné après trois ans de règne, lorsqu'il s'occupait des préparatifs d'une expédition contre Attale, roi de Pergame, qui avait soumis à son autorité toute l'Asie Mineure, depuis le Taurus jusqu'à l'Hellespont. Achéus, oncle maternel du roi défunt, raffermit de nouveau, durant une sage régence, le pouvoir des Séleucides dans l'Asie antérieure ; il refusa la cou(1) Athénée, VII, 12.

223

224-205.

ronne qui lui était offerte, et l'assura à Antiochus III, qui reçut plus Antiochus III. tard le surnom de Grand. Tandis qu'Achéus, nommé par lui gou. verneur de l'Asie Mineure, domptait le roi de Pergame, les satrapes Molus et Alexandre faisaient soulever la Médie et la Perse; son premier ministre, Hermias de Carie, exaspérait les peuples en le trahissant; enfin Achéus lui-même se révolta. Mais Antiochus les vainquit tous: il fit assassiner Hermias, et Achéus tomba entre ses mains. Il chercha alors à enlever aux Ptolémées leurs possessions en Syrie; mais bien que la fortune l'eût favorisé d'abord, elle l'abandonna à Raphia. Il fut aussi malheureux dans son expédition contre Arsace III, qui s'était emparé de la Perse, car il se vit obligé de lui céder entièrement la Parthie et l'Hyrcanie, à la condition qu'il le seconderait dans la guerre qu'il allait entreprendre contre la Bactriane. Cette guerre fut suivie d'une paix qui assura à Eutidème la couronne et la totalité du territoire. Antiochus marcha alors contre l'Inde, mais il ne franchit pas l'Indus, ou ne s'avança guère au delà. Tant de combats n'eurent d'autre résultat que de remettre les Séleucides en possession des provinces de l'Asie supérieure, à l'exception de celles qui s'étaient définitivement séparées de leur empire.

206.

Antiochus avait surtout à cœur d'enlever l'Égypte aux Ptolé- (203-198, mées; il se ligua dans cette intention avec Philippe de Macédoine, les chassa de la Syrie, et s'avança vers le cœur de leurs États; mais les Ptolémées demandèrent secours aux Romains, avec lesquels il eut ainsi la guerre.

CHAPITRE III.

LES LAGIDES EN ÉGYPTE (I).

Le peuple égyptien n'avait jamais pu se plier au joug des Perses, dont l'intolérance avait son idolâtrie en horreur; et de temps

(1) Les historiens particuliers nous manquent également ici, et de plus les livres hébreux et les médailles. Quelques inscriptions alphabétiques et hiéroglyphiques suppléent à cette disette de documents. On peut consulter : VAILLANT, Hist. Ptolemeorum; Amsterdam, 1701, in-fol. - CHAMPOLLION FIGEAC, Annales des Lagides, ou Chronologie des rois d'Égypte, successeurs d'A· lexandre le Grand. Plusieurs de ses erreurs ont été corrigées par : - IDELER, Ueber die reduktion aegyptischer Data aus den Zeiten der Ptolomäer ; Berlin, 1834. LETRONNE, Recherches pour servir à l'histoire de l'Égypte

ter.

$23.

à autre il avait protesté par des révoltes sanglantes contre leur domination; mais il se résigna sans peine à celle des Ptolémées, qui lui firent oublier par la liberté laissée au culte et par le sentiment du bien-être présent, ses grandeurs passées et ses espérances dans l'avenir. Alexandrie, simple colonie militaire dans le principe, acquit bientôt l'importance que lui assurait sa situation. En outre des indigènes et des mercenaires à la solde du roi que l'on y rencontrait, elle était habitée par des gens de toute nation, confondus sous le nom d'Alexandrins, parmi lesquels figuraient principalement des Grecs et des Juifs. Quand il serait si important de connaître l'histoire de cette ville, où convergeaient, comme les rayons au foyer de la lentille, les civilisations diverses de l'Orient et de l'Occident, nous nous trouvons dans les ténèbres pour ce qui la concerne, bien que l'histoire de l'Égypte se résume en elle seule.

Ce pays, dont Alexandre voulait faire un royaume puissant, le principal centre du commerce, le siége de la science et des beauxarts, échut, lors du premier partage de son empire, à Ptolémée SoPtolémée So ter, qui passait pour fils naturel de Philippe, bien qu'il se dît né de Lagus. La dynastie des Lagides, qui finit avec Cléopâtre, prit son nom de ce dernier. Aussi habile dans le conseil que sur le champ de bataille, particulièrement aimé d'Alexandre, Ptolémée fut le seul parmi ses successeurs qui sut se tenir en garde contre la manie des conquêtes. Il se concilia les Égyptiens en les délivrant des concussions de Cléomène, que le héros macédonien leur avait donné pour gouverneur, et considéra toujours l'avantage du pays comme le sien propre. Il favorisa donc le commerce; loin d'opprimer la religion, il l'appela habilement en aide à son système, et la fit concourir à la fusion des vainqueurs avec les vaincus. Il créa une flotte et une armée, en achetant un grand nombre de ces mercenaires dont le courage était au service du plus offrant. Il s'abstint pourtant de faire la guerre par ambition. Contraint de prendre parti dans les dissensions des autres chefs, il se conduisit avec une telle circonspection, qu'il ne hasarda jamais la sûreté de l'Égypte; et quand on vint l'attaquer dans ses États, il sut pro

pendant la domination des Grecs et des Romains, tirées des inscriptions
grecques et latines; Paris, 1823. - HEYNE, De genio sæculi Ptolemæorum,
Op. t. I.
MATTER, Essai historique sur l'École d'Alexandrie; 1820.
1. C. SCHMIDT, Opuscula res maxime Egyptiorum illustrantià; 1765. IL
s'occupe surtout du commerce d'Alexandrie.

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