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dien et pour les dynasties égyptiennes, nous la trouverons encore dans la cabale astrologique. Confucius s'étend beaucoup sur les vertus du quatre-vingt-un, parce qu'il est le carré du carré du trois mystique. Or si l'on multiplie par quatre-vingt-un la période de dix-neuf ans (chang), il en résulte une période de quinze cent trente-neuf, dite tong; trois de ces périodes, c'est-àdire, quatre mille six cent dix-sept ans, forment l'yuen, c'est-àdire, origine ou principe; en multipliant cette dernière période par trente-et-un, nombre exalté par Confucius, on obtient précisément les cent quarante-trois mille cent vingt-sept ans attribués à l'âge fabuleux.

Nous pourrions suivre le père Gaubil dans d'autres rapprochements de ce genre; mais ce que nous avons déjà dit à ce sujet suffit pour montrer, et c'est notre seul but, que cette multitude de siècles doit être reléguée au rang des songes ou des cabales. Le surplus, en admettant même la mesure la plus large, ne s'écarte pas des saintes Écritures, qui, selon la version samaritaine, placent le déluge trente-cinq siècles avant J. C.

CHAPITRE XXIV.

PREMIÈRE, SECONDE ET TROISIÈME DYNASTIES.

La première dynastie, dite des Hia, commence au moment où You régna seul. Il avait déjà accompli des travaux beaucoup plus grands que ceux de l'Hercule grec. Des forêts abattues, des marais desséchés, des fleuves réglés dans leurs cours, des montagnes mesurées, des barbares ramenés au devoir, la navigation encouragée, les impôts répartis avec justice, tels avaient été ses exploits. Devenu empereur, il tenait sa cour dans le Chan-si, où se lit la copie d'une inscription qu'il avait placée sur le mont Eng-chan, au sommet duquel les empereurs avaient coutume d'offrir un sacrifice annuel au Monarque suprême. Pour peu qu'on admette son authenticité, c'est le monument le plus ancien de l'écriture chinoise. Elle est conçue en ces termes :

« Le vénérable empereur dit : O toi, mon aide et mon conseil, qui

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cinq princes.

« me soulages dans l'administration des affaires! les grandes fles « et les petites, jusqu'à leur sommité, tous les nids des oiseaux et « les repaires des quadrupèdes, tous les êtres inanimés, sont inon« dés au loin. Pourvoyez au mal, repoussez les eaux élevées.

« Il y a bien longtemps que j'ai oublié ma famille; je me reposé << sur la cime de la montagne Io-lou. J'ai mis mes esprits en action « par la prudence et par les fatigues. Mon cœur ne connaissait pas << les heures ; le travail continuel était mon repos. Les montagnes Oa, * Io, Taï, Eng, ont été le commencement et la fin de mes entrepri «< ses. Les travaux achevés, j'ai offert, au milieu de l'été, un sa«< crifice d'actions de grâces. L'affliction a cessé; la confusion de la « nature s'est évanouie; les grands courants qui venaient du midi se «< sont précipités dans la mer. Ils pourront se faire des habits dé

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a toile, préparer leur nourriture; les dix mille royaumes seront en paix, et pourront se livrer à l'allégresse (1). »

On lui donna pour successeur son fils Chi. A partir de ce prince, le titre de Ti (empereur) fut changé en celui de Uang. Il régna peu de temps; son successeur Taï-cang ne s'occupait que de ses plaisirs, et passait des mois entiers à la chasse. Affligés de cette manière d'agir, ses fils se rappelaient les vertus de leur aïeul, et, assis à l'emÉlégie des bouchure du Lo, ils disaient : « Voici ce qu'on lit dans les documents d'You, notre aïeul impérial : « Aimez le peuple, ne le méprisez pas. « Il est le fondement de l'État. Si la base est solide l'empire de<< meure en paix. Les plus humbles même peuvent m'être supérieurs. « Si un homme tombe souvent, en faute attendra-t-il pour se cor<< riger que retentissent les doléances publiques? Avant que cela arrive, il faut se tenir sur ses gardes; quand les peuples m'accusent, ils tremblent comme à la vue de six coursiers fougueux, guidés avec des rênes usées. Celui qui commande à autrui ne doit« il pas toujours être en appréhension? »

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Le second frère répondit à l'aîné : « Selon l'esprit de votre au"guste aïeul, l'amour excessif des femmes, des grandes chasses, des « boissons fermentées, de la musique déshonnête, de la construc

(1) Le jésuite Amiot envoya à la Bibliothèque royale une copie fidèle de cette inscription, en gros caractères de six pouces de hauteur, avec la traduction en français. Elle a été publiée en 1802 à Paris par T. Hager, et en 1811 par Klaproth à Halle. Elle est écrite en vieux caractères chinois, appelés co-téou, c'està-dire, en forme de truelle.

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<< tion des palais, des murailles peintes, sont six vices dont un seul « suffit pour causer la ruine. »

Le troisième ajouta : « A dater de Yao, les rois eurent leur ré« sidence dans Chi: aujourd'hui cette ville est perdue, parce qu'on « a négligé sa loi et sa doctrine. »

Le quatrième reprit : « Notre auguste aïeul, en s'appliquant as→ « sidûment à la vertu devint célèbre et maître des cinq pays : il «< laissa des préceptes de bonne conduite et un modèle à ses succes« seurs. Les poids et mesures, qui doivent être employés partout et « servir à l'égalité, sont laissés dans le trésor. Sa doctrine et ses lois << sont abandonnées. Il n'y a plus de salle pour honorer les ancêtres, « et pour accomplir les cérémonies et les sacrifices. »

Le dernier enfin s'écria : « Hélas! que faire? la mélancolie m'ac« cable, je suis odieux au peuple: à qui donc recourir? J'ai le repen<< tir dans le cœur, la honte sur le visage; je me suis écarté de la « vertu : mais mon repentir peut-il réparer le passé (1)? »

Ce qu'on rapporte des premiers rois consiste précisément en chasses, en excursions contre les Miao-tseu, ou fils des champs incultes, comme ils appellent les tribus sauvages qui ont toujours existé et existent encore au milieu de cet empire policé. Il est question aussi de guerres contre les peuples limitrophes aux quatre points cardinaux du royaume, et qui devaient être principalement les Indiens et les Thibétains. a

Taï-cang, qui se montrait indigne de ses aïeux, fut détrôné, et on lui substitua son frère Chung-cang, celui qui fit mettre à mort ses ministres Hiet Ho, pour ne lui avoir pas prédit une éclipse. Les éclipses étant vulgairement considérées à la Chine comme de sinistre augure, et comme des avertissements du courroux céleste donnés aux rois, elles y ont toujours été observées avec une grande attention. Lorsqu'il doit en arriver une, les mandarins se rendent au palais armés d'arcs et de flèches, comme pour prêter secours au roi, qui sur terre représente le Soleil, et ils lui offrent des pièces d'étoffe en l'honneur de l'Esprit. L'aveugle chargé de la surintendance de la musique frappe sur un tambour, l'empereur et les grands se montrent vêtus simplement, et jeûnent. L'apparition inattendue d'un de ces phénomènes, sans qu'il eût été annoncé par les astro. nomes, pouvait donc troubler cet ordre qui, dans la Chine et ail

(1) Chou King.

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leurs encore, est considéré comme la première condition d'un peuple bien administré. Mais on ne voit plus alors régner entre le souverain et le peuple cette harmonie qui faisait leur bonheur mutuel sous les rois fabuleux; les grands sont continuellement en lutte avec le trône, non pour étendre la liberté des sujets, mais dans des vues d'ambitions privées, ou par suite des déportements du souverain. Les choses allèrent ainsi de mal en pis jusqu'à Ché, que sa cruauté et ses débauches rendirent odieux à tous le sort de cette dynastie fut alors accompli; car les Chinois disent que le destin donne l'empire à certaines races pour la félicité du peuple, puis les renverse quand elles ne peuvent plus le conserver dignement, ou lorsqu'elles ont comblé la mesure de leurs fautes, ou cessent d'exécuter ce à quoi elles étaient destinées.

Chang, chef d'un des petits États qui s'étaient formés à la suite de la révolte contre le roi, exhortant les siens à marcher contre Ché, leur disait : « Hia s'était souillé de fautes graves; le roi épuise « les sueurs du peuple, ruine la ville capitale. Ses sujets, plongés « dans la misère, ne lui portent plus d'affection, et sont divisés « entre eux. Il dit, en montrant le soleil : Moi et vous nous périrons quand cet astre périra. Présomptueux! Venez le combattre : ou « si vous n'exécutez pas mes ordres, je vous ferai mourir avec vos << enfants. >>

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Après cette proclamation, rédigée dans le style de toutes celles que l'on écrit en Chine et en bien d'autres pays, la guerre éclata ; Ile dynastie Ché fut détrôné, et remplacé par Chang, qui, jugé digne de commencer une nouvelle dynastie, prit le nom de Ching-tang. Il avait fait tracer ces mots au-dessus de sa baignoire : Afin de te rendre meilleur, purifie-toi chaque jour, purifie-toi chaque jour, purifietoi chaque jour. Tous les vases à son usage portaient des maximes semblables. Une longue sécheresse ayant amené la disette, il appela sur lui seul la punition du ciel; il se rendit humblement au pied d'une montagne sainte, et là, prosterné à terre, confessa toutes ses fautes une à une. A peine avait-il fini sa confession, qu'une pluie considérable ramena l'abondance dans le royaume (1).

Après lui les rois bons et mauvais se succèdent alternativement, ainsi que les ministres fidèles et prévaricateurs qui, avec le concours des femmes, gouvernent tour à tour le monarque. Tous ces

(1) Mémoires sur les Chinois, t. III, p. 141.

princes furent surpassés en cruauté par Chéon-sin, railleusement atroce comme Caligula. Il tua une très-belle jeune fille que son indigne père lui avait livrée, parce qu'elle résistait à ses coupables désirs, la mit en morceaux, et la servit ainsi à l'auteur de ses jours. Il ouvrit le ventre d'une autre, pour observer le fruit qu'elle portait. Ta-chi, sa maîtresse, réunissait dans le palais des jeunes gens des deux sexes, qu'elle excitait à des débauches brutales. Le ministre Pi-can ne put s'en taire; et il adressa des reproches au roi, qui repartit: Tu as vraiment parlé en homme sage; on dit que les sages ont sept ouvertures au cœur: voyons si cela est vrai. Et il le fit écarteler.

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Uen-uang, prince de Chéou, se plaignit aussi à lui; mais comme il n'osa pas lui donner la mort à cause de sa puissance, il le jeta en prison. Des amis achetèrent sa liberté, en donnant au roi une immense quantité de joyaux et la jeune fille la plus séduisante; puis ils se mirent à la tête d'une faction, ennemie jurée de la dynastie régnante. Vou-uang réunit une armée de sujets révoltés, et défit Chéou-sin, qui, de même que Sardanapale, se revêtit de ses habillements royaux, s'enferma dans une tour, et s'y brûla avec ses trésors. Vou-uang (le roi guerrier) fut proclamé roi. Quand il fit son entrée dans la métropole, le premier qui s'avança III° dynastie. fut son frère Pi-cung; à son aspect le peuple demanda à l'ancien ministre : Est-ce là Vou-Uang? - Non, répondit-il; celui-ci a l'aspect trop fier: le sage a l'air modeste, et montre de la crainte, quelque chose qu'il entreprenne. Alors parut Taï-cung, premier ministre, sur un beau palefroi, avec un air redoutable; et le peuple demanda : Serait-ce là notre nouveau maître?—Non, dit le ministre; on prendrait celui-ci pour un tigre quand il repose, pour un aigle ou un 'épervier quand il se lève. S'il discute, il se laisse emporter par son caractère impétueux. Tel n'est pas le sage; il sait à propos avancer et se retirer. Le peuple voyant ensuite Chéou-cang, frère cadet de Vou-uang, venir d'un air digne, il pensa que c'était le roi mais l'ancien ministre, Non, celui-ci a toujours le front grave et austère, et ne pense qu'à exterminer le vice. Ce n'est pas le fils du Ciel, mais son premier ministre et gouverneur. Ainsi le sage sait se faire craindre même par les gens de bien.

En ce moment se montra un homme majestueux et pourtant modeste, à la physionomie à la fois sérieuse et affable, entouré

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